« Pensez-vous qu’il soit simple de poursuivre votre ministre responsable ? – .

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Marianne : Avec vos mémoires, nous découvrons une vie de justice et une tournée des tribunaux de France : Montbrison, Corse, Lyon, Paris, Carcassonne… Cela commence en 1977 lorsque vous entrez à l’École nationale de la magistrature (ENM). La justice était, écrivez-vous, un « idéal ». Pourquoi avez-vous choisi d’être magistrat plutôt qu’avocat ? Vous avez cette drôle de phrase dans votre livre : être avocat, c’est « faire des compromis avec la vérité »…

François Molins :Je ne veux certainement pas dire que les avocats ne disent pas la vérité ! Mais l’objectif premier de l’avocat n’est pas forcément d’arriver à la vérité : il s’agit de défendre son client. Montrer la vérité sous un jour qui n’est peut-être pas celui qui est habituellement le contenu du dossier judiciaire. Cela consiste à faire la lumière sur autre chose pour mieux défendre. Pourquoi étais-je magistrat ? Ce n’est pas une vocation. C’est un choix raisonné. Je n’étais pas un scientifique. J’ai un baccalauréat littéraire. J’ai réalisé que j’aimais beaucoup le droit, notamment le droit civil et le droit commercial d’ailleurs. Le droit pénal n’était pas ma matière préférée. J’ai compris que c’était la justice qui m’attirait, donc un métier d’avocat.

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Des choses m’auraient dérangé dans la profession juridique. Je n’aurais pas été à l’aise dans la relation avec le client, notamment pour traduire le temps passé en honoraires… C’est peut-être bête, mais c’est comme ça. Et je ne me voyais pas non plus – les avocats ne voyageaient pas beaucoup à l’époque – coller ma plaque au pied d’un immeuble et ne plus bouger. J’avais besoin de déménager. Je crois fermement à l’enrichissement dû à la mobilité. J’ai compris que c’était le magistrat qui m’attirait. Et c’est un choix que je n’ai jamais regretté. Il faudrait refaire, je ferais la même chose.

On vous connaît pour avoir été le visage de l’antiterrorisme, mais avant cela, en 1986, jeune procureur, vous êtes arrivé à Montbrison. Un tout petit tribunal de la Loire, aujourd’hui disparu, dont vous racontez la misère, les méthodes curieuses du président qui boit, qui se fiche des procédures… En a-t-on fini avec cette justice à deux vitesses ?

Il s’agissait moins d’une justice à deux vitesses que d’une vision de la justice qui n’est pas correcte, dans la réalité. J’aurais pu ne pas en parler, je ne voulais blesser personne. Mais ce président est mort depuis longtemps. Et c’est justement une manière de montrer à quel point la formation des magistrats – Dieu sait si elle est critiquée – mais combien elle a progressé…

 
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