« Coupés de la réalité », « mesures réactionnaires »… Ce que pensent les syndicats des annonces d’Attal sur les écoles

« Coupés de la réalité », « mesures réactionnaires »… Ce que pensent les syndicats des annonces d’Attal sur les écoles
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Présence accrue au collège, sanctions possibles sur les diplômes… Ce jeudi, le Premier ministre Gabriel Attal a lancé une série de propositions pour lutter contre les violences chez les jeunes, dont une partie concerne le monde de l’éducation. Ces dernières sont dénoncées avec force par deux syndicats enseignants bretons, qui parlent d’« effets d’annonce ».

« Nous annonçons les choses sans prévenir ni rencontrer le personnel. »

Gabriel Attal « nous rejoue ce qu’il a fait comme ministre de l’Éducation nationale : une avalanche de mesures dont certaines existent déjà et d’autres sont difficiles à appliquer », résume Matthieu Mahéo, secrétaire académique du Snes Bretagne. Et ce, « sans se poser la question de leur pertinence, ni de leur faisabilité, ni des moyens ».

8h-18h : « Avec quels moyens ? »

Dans le viseur, l’annonce des collégiens « allant à l’école tous les jours de la semaine, entre 8 heures et 18 heures, à commencer par les quartiers prioritaires et les réseaux d’éducation prioritaire », selon le Premier ministre. « Avec quels moyens ? Quelle organisation ? Qui l’a fait ? Rien n’est dit», fustige Luc Grimonprez, secrétaire général du Sgen Bretagne. « On annonce des choses sans prévenir ni rencontrer le staff, c’est typiquement le genre de choses qui sont extrêmement violentes pour eux. » Il dénonce « faire pression sur le système éducatif » et illustre : « Les parents lisent ça, se tournent vers le personnel, qui ne sait pas comment c’est mis en œuvre ».

« On est dans quelque chose de coupé de la réalité. »

Selon Matthieu Mahéo, de 8h à 18h, «c’est en test en Rep+ cette année. Il faudrait déjà faire le point sur cette expérience avant de voir si elle peut être généralisée.» Il illustre par un exemple concret : « Si tous les collèges ferment à 18 heures en même temps, nous n’aurons jamais assez de bus scolaires et les élèves rentreront chez eux à 19 heures, 19h30 pour certains. Quand feront-ils leurs devoirs ? « . Pour lui, il n’y a aucun doute : « Concrètement, ce n’est pas réalisable. On est dans quelque chose de coupé de la réalité.»

Sanction des diplômes : « Comment mesurer ? »

Quant à la sanction sur les diplômes des étudiants perturbateurs, « comment va-t-on mesurer cela ? », interroge Luc Grimonprez. « Je trouve cela une vision terrible de la jeunesse. Nous ne sommes pas dans une vision éducative mais coercitive et répressive. Nous ne parions pas sur l’éducabilité des enfants. On considère qu’il y a des enfants perdus d’avance”, affirme celui qui tient à souligner qu'”il y a un problème de violence et des difficultés dans certains établissements, on ne le nie pas. Mais ici, l’entrée n’est pas la bonne. On confond autorité et coercition.

« Ces annonces sont faites dans un contexte de gestion des violences, ce n’est pas la réalité de l’accueil des collégiens partout en France. »

« Les diplômes sont des compétences. Nous ne constatons aucun comportement”, ajoute Matthieu Mahéo, pour qui “ces annonces sont faites dans un cadre de gestion des violences. Ce n’est pas la réalité de l’accueil des collégiens partout en France. Le syndicaliste va plus loin et évoque des « mesures réactionnaires » et « une démarche très sécuritaire qui s’adresse à un électorat qui ne connaît pas la réalité des établissements scolaires ».

« Fantastique », « agitation » et « recyclage »

Côté national aussi, les syndicats ont réagi. Pour Guislaine David, secrétaire générale du FSU-SNUipp, « il n’y a rien de nouveau. À aucun moment nous n’avons discuté des moyens spécifiques dont nous pourrions faire notre travail. “C’est un fantasme, un retour au temps des “Choristes”, avec la blouse blanche et l’autoritarisme, mais les temps ont changé”, a-t-elle déclaré à l’AFP, affirmant qu’il n’y avait que quatre incidents graves pour 1 000 élèves du primaire. “Cas rares.

« C’est une vision complètement obsolète de l’école. Mais c’est une façon de ne pas parler de ce qui dérange, de la question des moyens. »

“Je trouve que c’est léger”, a ajouté Jean-Rémi Girard, président du Snalc (collèges et lycées), sur BFMTV. La « mention que l’élève est perturbateur » peut déjà figurer « dans ses bulletins scolaires » et « dans le dossier Parcoursup », selon lui. Et les parents « signent déjà le règlement intérieur, les chartes, tout un tas de choses » : « Cela n’a jamais réduit les agressions ni les violences ». Faisant ainsi écho aux propos de Matthieu Mahéo, qui évoque « beaucoup d’agitation et le recyclage de mesures qui existent déjà ».

Élisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa, a regretté « qu’il n’y ait pas grand-chose, au-delà des mots, pour réparer les problèmes ». “Nous sommes purement sûrs de la sanction: M. Attal n’a pas parlé de démarche de prévention et d’accompagnement, cela nous offense”, a-t-elle déclaré à l’AFP. Et Luc Grimonprez recentre : « C’est une vision complètement obsolète de l’école, on est coincé dans des images des écoles d’antan. Ce n’est pas ce que nous demandons. Mais c’est une façon de ne pas parler de ce qui dérange, de la question des moyens. L’État ne consacre pas de ressources à l’éducation.

 
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