Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : l’activité webtoon n’est pas compromise. « Miroir aux alouettes » concluent rapidement certains, estimant que le webtoon était un secteur spéculatif sans avenir.
La réalité est en réalité plus complexe : comme toute technologie ou activité commerciale en général, il y a une phase d’émergence. Celui du secteur du webtoon en Corée remonte à une quinzaine d’années et est aujourd’hui en pleine maturité, avec des marges de progrès solides et significatives en Asie. Dans notre pays, ce secteur de la bande dessinée numérique en est encore à ses balbutiements, même si une étude récente du Centre National du Livre confirme que 44% des jeunes ont déjà lu une bande dessinée sur leur smartphone. Certains estiment qu’il y a deux millions de lecteurs qui consomment numériquement des bandes dessinées, des mangas et des webtoons en France. Plusieurs opérateurs, Webtoon/Naver, le n°1 coréen Kakao/Piccoma, la plateforme Media-Participations ONO et la plateforme dynamique Mangas.io opèrent sur notre marché.
Il y a aussi Piccoma, sponsor récemment de Japan Expo et du Festival d’Angoulême. D’où viennent ses difficultés ?
Les inquiétudes du groupe Kakao/Piccoma
La principale holding de Piccoma est le groupe Kakao, société spécialisée dans les services mobiles et Internet, composée de près de 200 filiales dans les domaines de la messagerie instantanée, des médias, de l’industrie de la musique et du jeu vidéo et de la production TV. et Cinéma, mode, finance, transports, etc. Sa valorisation au plus haut, en juin 2021, était de plus de 60 milliards de dollars.
En septembre 2021, le groupe ouvre la société Piccoma Europe à Paris en la dotant d’un capital de 40 millions EUR. En avril 2023, la plateforme française proposait pas moins de 700 références de bonne qualité.
Deuxième opérateur de webtoons en Corée, via sa filiale Kakao Piccoma, ce label s’est hissé au rang de n°1 de ce secteur au Japon, et avait acquis aux USA en août 2022, via sa filiale Kakao Entertainment, Tapas Media et Radish Media , deux sociétés proposant des services de lecture en ligne ont fusionné pour former Tapas Entertainment.
En janvier 2023, le groupe a levé pas moins d’un milliard de dollars, notamment auprès d’un fonds d’investissement souverain saoudien. Par la suite, en mars 2023, le groupe acquiert 40 % du capital de l’agence K-pop SM Entertainment, concurrente de HYBE (qui gère le célèbre groupe BTS), et en devient son premier actionnaire. C’est là où se trouve le problème. Apparemment, l’acquisition n’a pas été réalisée selon les règles.
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Selon le média coréen JoogAang Daily, un dirigeant a été arrêté car soupçonné de manipulation boursière pour évincer son concurrent. Le cours boursier de l’action Kakao, déjà attaqué par les spéculateurs, s’est effondré à moins de 30% de sa valorisation maximale en 2021.
Ce que l’on fait donc généralement dans ce cas, c’est rationaliser l’activité en supprimant les branches déficitaires. C’est objectivement le cas de Piccoma Europe qui affiche une perte de 13,3 millions EUR en 2022 pour un chiffre d’affaires de 1,65 million EUR.
Est-ce que cela signifie la fin du jeu ? Que se passera-t-il alors ? L’activité se poursuivrait-elle depuis la Corée ou le Japon ? Ses dirigeants ne communiquent pas pour le moment.
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