En 2022, retour en force des grèves sur fond d’inflation – Libération

En 2022, retour en force des grèves sur fond d’inflation – Libération
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Au sortir de la crise sanitaire, qui avait étouffé les mouvements sociaux, l’inflation et plusieurs mobilisations interprofessionnelles ont poussé les salariés à se mobiliser davantage en 2022. Notamment dans les services comme l’éducation et la santé.

Des grèves plus nombreuses, plus intenses et en grande majorité liées aux rémunérations en 2022, année marquée par l’inflation : tel est le bilan dressé par la direction des recherches du ministère du Travail, la Dares, dans un document publié ce mercredi. L’année 2020, année de la crise sanitaire du Covid-19 et du placement de plusieurs millions de salariés au chômage partiel, avait été quasiment atone sur le front de la mobilisation sociale. Après un redémarrage en 2021, l’année 2022 s’avère être l’une des plus mouvementées de la dernière décennie : 2,4% des entreprises de 10 salariés ou plus du secteur privé (hors agriculture) ont connu une ou plusieurs fermetures collectives. travail dans l’année, selon l’auteur de l’étude, Maxime Lescurieux. Qui note ça « leur proportion augmente considérablement » avec +0,8 point sur un an, de sorte qu’un quart des salariés de terrain travaillaient dans l’une des entreprises touchées par un mouvement de grève. Contre un sur cinq en 2021. Même si ces taux peuvent être supérieurs à la normale, ils montrent que la « culture de la grève » parfois dénoncée par les dirigeants politiques (dont celui devenu Premier ministre) selon laquelle les syndicats recourent abusivement à la grève est loin d’être d’actualité. une pratique répandue.

Les mobilisations sont liées, dans quatre entreprises sur cinq ayant connu au moins une grève, à la question des rémunérations, une proportion qui est également en augmentation. Il faut dire que l’inflation a atteint un niveau rarement vu en 2022, à 5,2 %, et qu’en dehors du SMIC, les salaires n’ont généralement pas suivi le rythme cette année-là. “Les entreprises du secteur de la fabrication de matériel de transport (7,8%) ainsi que celles de l’enseignement privé, de la santé humaine et de l’action sociale (6,8%) sont les plus touchées”, note Dares. La taille compte également, puisque la proportion d’entreprises touchées par au moins une grève atteint 35 % dans celles de plus de 500 salariés. Ce qui ne devrait surprendre personne puisque ces entreprises sont aussi, globalement, mieux équipées en syndicats.

L’intensité des mobilisations s’accroît également, depuis le “le nombre de jours individuels non travaillés pour cause de grève augmente de 71% par rapport à l’année précédente, pour atteindre 99 jours pour 1 000 salariés”, selon la Dares. Enfin, les problématiques internes aux entreprises ne sont pas forcément le principal moteur des mobilisations : dans quatre entreprises concernées sur cinq, « les revendications portuaires[ai]ent pour des raisons au moins en partie externes à l’entreprise, c’est-à-dire sectorielles ou interprofessionnelles, contre 64% en 2021. L’automne 2022 a été marqué par une intense mobilisation pour les salaires dans le secteur de l’énergie, avec une journée d’action interprofessionnelle à l’initiative de la CGT, FO, Solidaires et la FSU le 18 octobre.

On est encore très loin de l’année 2010, durant laquelle quatorze jours de mobilisations ont été organisés contre le report de l’âge légal de la retraite de 60 à 62 ans : dans les graphiques de la Dares, celle-ci apparaît encore exceptionnelle avec 3,5% d’entreprises concernées. par au moins un jour de grève et 300 jours de grève pour 1 000 salariés. Que va-t-il se passer pour 2023, dont la première moitié a été occupée par quatorze journées interprofessionnelles contre la réforme des retraites, certaines atteignant des records absolus en nombre de manifestants ? Il faudra attendre encore un an pour le savoir.

 
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