un brûlage dirigé pour entretenir les pâturages d’été et établir un coupe-feu

L’été approche, la sécheresse menace et les risques d’incendie deviennent de plus en plus menaçants. Alors pour s’y préparer, les opérations de brûlage contrôlé se multiplient en Corse. Avec un double objectif : entretenir les estives des bergers et favoriser la prévention des incendies.

Séance d’incendie dirigé, ce lundi 15 avril, à Punta di Cavaddali, commune d’Arghjusta. Toute la matinée, cette montagne qui sépare le Taravu de l’Alta Rocca a été investie par les sapeurs forestiers. Bien gardé, le feu remplissait son ancienne mission de purificateur. Et pour accomplir la tâche, 25 hommes sur le terrain.

Très réglementé, ce type de brûlage a été facilité par un vote de l’Assemblée de Corse en décembre dernier. Sur les terrains qu’elles contrôlent, les communes peuvent désormais signer une convention avec la communauté corse. Ensuite, les services d’incendie et de secours travaillent main dans la main avec le bureau du développement agricole et rural ainsi qu’avec la chambre régionale d’agriculture. L’objectif est double : dégager une zone pour les troupeaux estivaux et établir un coupe-feu.

“Il y a une dimension de prévention des incendies. Cela nous permet d’avoir une coupure carburant, ici, entre ces deux vallées. Ce qui veut dire que si on a un incendie, comme celui d’Aullène en 2009, qui frappe ces zones d’estive, forcément, il diminuera dans ces endroits à la fois aménagés et pâturés. explique Marion Valenti, responsable du développement pastoral à la Chambre d’Agriculture de Corse.

Au-dessous de la Punta di Cavaddali se trouvent les bergeries de Pian’di Selva. L’été, Pierre Istria, berger, y fait paître ses moutons. Pour le maire, Paul-Jo Caitucoli, l’entretien des estives est une priorité. La commune mène un projet d’aménagement en partenariat avec le lycée agricole.

« L’idée est vraiment de créer un espace atelier-formation, que nous développerons tout au long de l’année avec des collèges, des lycées et autres. Et puis surtout avec le lycée agricole, pour que leur troupeau puisse avoir des estives adaptées, c’est ce que nous avons testé il y a deux ans, et que nous avons aujourd’hui amélioré », se félicite Paul-Jo Caitucoli.

« Ces brûlages permettront d’accueillir les troupeaux du lycée et de Pierre Istria, mais aussi peut-être d’avoir un troupeau de chèvres et un troupeau de moutons. Il y aura un appel à candidatures pour pouvoir avoir sur ce territoire une présence animale.»

Un bâtiment en bois et un atelier de fabrication de fromage et brocciu ont été construits en 2021. Une nouvelle phase de travaux va bientôt démarrer pour un coût de 300 000 euros : deux maisons de 45 m2 qui abriteront «une ou deux familles, voire trois», explique le maire.

La livraison est prévue pour l’été 2025. D’ici là, l’herbe aura repoussé à Punta di Cavaddali. Par la suite, l’idéal sera de pouvoir l’entretenir avec un brûlage contrôlé tous les 7 ans.