Qui est Steven McRae, héros du documentaire Resilient Man ? – .

Qui est Steven McRae, héros du documentaire Resilient Man ? – .
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Parlez-nous de Steven McRae… Qui est-il ?

Steven McRae est danseur principal au Royal Ballet de Londres. Il est d’origine australienne. Il a grandi dans la banlieue de Sydney. Ses parents, aujourd’hui à la retraite, étaient mécaniciens et son père, passionné de courses automobiles, était pilote de courses de dragsters. Chaque week-end, Steven accompagnait son père dans ses courses de dragsters. Il rêvait de devenir pilote de course. Et puis, à l’âge de 7 ans, en accompagnant sa mère chercher sa sœur à un cours de danse, il découvre la danse. Le soir, il dit à ses parents : « Je veux danser. » Steven vient de se découvrir une passion qui ne le quittera plus jamais au point de vouloir devenir danseur professionnel. A 17 ans, il passe le grand concours de Lausanne. Il remporte le premier prix et est immédiatement engagé par la compagnie Royal Ballet.
Comment avez-vous entendu parler de lui ?

Il y a quelques années, j’ai réalisé un documentaire sur le créateur de mode anglais Paul Smith. Ce dernier, passionné de photographie, réalise une série de portraits des principaux danseurs du Royal Ballet. Parmi eux, Steven McRae. Lors du vernissage de l’exposition que je filmais, Paul Smith m’a parlé de Steven et de son histoire. Je me suis tout de suite dit qu’il y aurait un super film à faire… L’idée m’est restée en tête. Puis la blessure de Steven est arrivée et je me suis dit que c’était le bon moment pour faire mon film pour raconter son histoire à travers le prisme de la blessure, dans le monde de la danse. Un sujet rarement abordé tant il reste tabou.

Un thème très universel

Qu’y a-t-il de cinématographique dans cette histoire ?

Je me suis dit très vite, quand j’ai commencé à réfléchir à ce film, qu’il fallait porter cette histoire au cinéma. Tous les ingrédients étaient réunis pour construire une dramaturgie forte et digne du cinéma. Les doutes, les peurs, la blessure, la danse, l’histoire personnelle de Steven mais aussi celle d’un homme qui tombe et se bat pour se relever. Un thème très universel dans lequel chacun peut s’identifier, qu’il soit danseur ou non.
À quel moment cela devient-il une histoire de résilience ?

Dès le départ, c’est une histoire de résilience. Et la décision de se battre pour danser à nouveau aussi. Peu de gens pensaient que Steven reviendrait un jour sur scène. Ce qu’il a réussi à faire est exceptionnel. Pour lui, arrêter de danser n’était pas une option.
Le processus de production était-il spécial ?

Il y a eu la distance, le covid, parfois l’attente du financement. Ce film m’a demandé 4 ans de travail acharné. Mais il n’est pas non plus question pour moi de lâcher prise sur cette histoire, ni sur Steven. Il y avait de la résilience des deux côtés de la caméra. Si Steven se battait pour remonter sur scène, je me battais de l’autre côté pour faire exister ce film. Cette résilience partagée nous a portés tous les deux, je pense. Le Covid a été très bénéfique. Comme je ne pouvais pas me rendre à Londres pour tourner, Steven et moi avons beaucoup parlé par zoom. On a fait connaissance en se parlant tous les vendredis à 17h. J’étais un peu son rendez-vous psychiatre de la semaine. Il me disait souvent : « Je pense que tu me connaîtras mieux que ma femme » ! (Des rires). Tout ce travail était nécessaire. À tel point que dès le premier jour de tournage, tout était évident. Il n’y a eu aucune gêne devant la caméra et j’ai réussi à me faire oublier très vite. Pour me permettre de réaliser ce film jusqu’au bout, mes producteurs et moi avons mis en place un financement participatif. Sans le soutien de plus de 800 donateurs à travers le monde, ce film n’aurait jamais vu le jour. Je les remercie encore. Tous leurs noms apparaissent au générique de fin du film. Faire un documentaire au cinéma est un défi. C’est beaucoup de travail, de sacrifices, une forme d’abnégation et il faut avoir la foi. Je n’ai jamais abandonné quoi que ce soit.

Protéger les futures générations de danseurs

Comment ne rien manquer dans votre propre processus de reconstruction ?

Comme je ne pouvais pas venir filmer tout de suite à cause du Covid, j’ai demandé à Steven de se filmer régulièrement. Cela ne lui a pas posé de problème puisqu’il est très actif sur les réseaux sociaux et il a eu dès le départ cette envie de témoigner de sa blessure et de toute la démarche exceptionnelle mise en place par l’équipe médicale du Royal Ballet pour se sortir du pétrin. Ils prennent très au sérieux les blessures de leurs danseurs et font tout ce qu’ils peuvent pour les soigner. Le film est aussi là pour en témoigner. Nous devons protéger les générations futures et garantir que les danseurs mettent fin à leur carrière par choix et non à cause d’une blessure.

Comment filmer un danseur qui ne sait plus danser ?

Quand j’ai commencé à filmer Steven, il n’était pas encore revenu sur scène, après deux ans d’absence. Je dirais que le plus difficile a été de se demander : va-t-il réussir ? Fera-t-il le soir de son grand retour ? Qu’est-ce qui va se passer ? Même si toutes les répétitions que j’avais filmées avant ce moment se déroulaient plutôt bien, le doute restait en lui, et dans son équipe…. Tout le monde craignait le pire. J’avais aussi très peur derrière mon appareil photo…

Vous suivez également ses proches. Quel rôle ont-ils joué dans son parcours ?

Sa femme et ses trois enfants constituent sa base. Sans eux, il ne serait pas là. Il s’est également battu pour eux. Ce qui l’a le plus affecté pendant ces deux années, c’est de ne pas pouvoir jouer avec ses enfants. Pour courir avec eux. Il était donc essentiel pour moi que sa famille soit présente tout au long du film. Notamment son épouse, qui a abandonné sa carrière de soliste au sein de la compagnie après la naissance de leur troisième enfant. Elle savait également que la blessure de Steven devait être soignée. Je voulais aussi montrer cette intimité, montrer aussi l’homme qui se cache derrière tout cela. L’homme « normal », qui prend le métro tous les jours, cuisine, s’occupe de ses enfants. C’est assez rare de voir un danseur comme ça…

Steven avait-il besoin d’apprendre une danse différente ?

Oui. Il y a des démarches aujourd’hui qu’il ne peut plus faire. Les plis surélevés sont toujours difficiles. Il lui faut désormais y faire face et trouver des solutions pour ne rien montrer au public. Toute la difficulté du danseur est là. Il est à la fois artiste et athlète.

Quelle leçon pouvons-nous tirer de son histoire, selon vous ?

Il faut beaucoup de courage pour faire ce qu’il a fait. Rien n’est impossible. Nous devons croire. Il faut croire en ses rêves et ne jamais les perdre de vue.

Qu’avez-vous ressenti la première fois qu’il est revenu sur scène ?

J’ai ressenti de la peur. Et je voulais qu’on ait peur avec lui. Pendant le film. J’ai travaillé sur le film dans ce sens. Être au plus près de lui, le sentir respirer, douter, être dans son corps, dans sa tête et l’accompagner jusqu’au bout de ce voyage.

Où est-il aujourd’hui ?

Steven s’est blessé au genou. Sa saison a été annulée. Il termine actuellement sa rééducation et prépare la saison prochaine. Il est déterminé à danser encore longtemps.

 
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