La Fef, la Fédération des étudiants francophones, est-elle trop puissante ? – .

La Fef, la Fédération des étudiants francophones, est-elle trop puissante ? – .
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Elle est présente sur toutes les matinales de radio, sur toutes les émissions de télévision, son nom est sur toutes les lèvres ces dernières semaines. La Fef, la Fédération des étudiants francophones, a déjà atteint un de ses objectifs : faire parler d’elle et semer le chaos sur la réforme du décret Paysage qui déchire la majorité PS-MR-Ecolo en Communauté française. . Un vote doit également avoir lieu ce mardi en commission parlementaire. Tout l’enjeu de ce débat consiste à déterminer combien d’étudiants (des centaines ou des milliers ?), coincés entre deux versions de ce décret qui organise notamment les conditions de réussite dans l’enseignement supérieur, ne seront plus finançables à la fin de l’année universitaire. Des chiffres ont été dévoilés mais en réalité, personne ne le sait exactement. La Fef avance de son côté le chiffre de 70 000 étudiants en danger, sans que le calcul conduisant à ce résultat puisse être démontré.

Cette séquence, qui n’est pas terminée, atteste en tout cas du poids significatif, important »,considérable», décrivent certains en coulisses, ce que représente le syndicat étudiant avec ses 165 000 affiliés dans le microcosme de la Communauté française. D’où cette question : la Fef est-elle trop puissante ? Essayez de répondre en huit étapes :

1. Pas de compétition

Ce qui est prouvé, tout d’abord, c’est que la Fef en tant qu’organisme communautaire représentatif (ORC) bénéficiant des subventions que confère ce statut, se trouve aujourd’hui en situation de monopole. Cycliquement dans l’histoire, notamment au début des années 2000, elle a été contestée par son rival l’Unécof (Union des étudiants de la Communauté française) jusqu’à ce que cette dernière, en manque d’adhérents, jette l’éponge. Cette compétition entre la Fef et l’Unécof, la seconde étant jugée plus à droite que la première, a généré une émulation positive entre les deux syndicats étudiants. “Aujourd’hui, en l’absence de concurrence, la Fef a davantage tendance à s’isoler dans ses certitudes, ce n’est pas bien »regrette un ancien membre de la Fef.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le MR, par la voix des ministres de tutelle successifs Glatigny et Bertieaux, souhaite revoir les critères de reconnaissance d’autres organisations étudiantes comme la jeunesse politique – dont les Jeunes MR – qui n’ont jamais été en grande difficulté financière. forme. Cela leur permettrait d’accéder aux financements associés à la reconnaissance et, dans une logique gouvernementale, de recueillir l’avis d’autres organisations étudiantes que celui de la seule Fef.

2. Un modèle d’adhésion qui lui donne du poids

Contrairement à ce qui prévaut en où chaque étudiant fait le choix individuel et conscient d’adhérer ou non à un syndicat étudiant, l’adhésion à la Fef se fait au début des conseils étudiants qui, eux-mêmes, sont élus par les étudiants (au moins, par ceux qui prennent la peine de voter). Autrement dit, le modèle d’adhésion à la Fef est un choix collectif mais finalement « moins conscient » dans la mesure où les étudiants qui ont élu leur conseil étudiant n’approuvent pas forcément le choix de ce dernier de s’affilier à la Fef.

Quand la Fef déclare représenter 165 000 étudiants, c’est donc très théorique : elle rassemble en réalité les conseils étudiants et considère que tous les étudiants adhèrent de facto à cette représentation. Cependant, certains d’entre eux ne se sentent pas en phase avec la Fef », observe une Source proche du dossier. Une critique qu’Emila Hoxhaj, l’actuelle présidente de la Fef, entend, mais qu’elle conteste : «Ce n’est pas juste de dire que toutes les décisions de la Fef viennent d’en haut, nous consultons très régulièrement notre base. Sur la réforme du décret Paysage, nous avons interrogé les conseils étudiants mais aussi les étudiants eux-mêmes. Notre modèle d’adhésion est peut-être critiquable, mais il est en tout cas démocratique ».

3. Un décret « ad hoc » qui lui est favorable

C’est une obligation de décret : la Fef doit être consultée et concertée sur tout ce qui touche à l’enseignement supérieur, ce qui n’est pas le cas des syndicats ou des Pouvoirs organisateurs (PO) qui ne sont consultés que sur les questions qui les concernent.

Il s’agit d’une réalisation majeure qui date en fait de l’époque de la ministre Françoise Dupuis (PS) et de son décret « Participation ». A l’époque, la Fef avait négocié directement avec le Centre d’études du PS, l’IEV, pour garantir son accès à tous les textes juridiques. Il s’agit d’un levier majeur pour le syndicat étudiant puisque cela lui permet d’accéder automatiquement aux textes gouvernementaux après la première lecture… alors qu’il n’est pas directement associé à la rédaction préalable des textes. Ainsi, on ne sera qu’à moitié surpris d’entendre récemment sur le plateau de LN24 la députée PTB Amandine Pavet déclarer que son parti «allait relayer et voter le contre-décret de la Fef» (sic) au Parlement…

4. Méthodes de lobbying

A partir du moment où elle se retrouve directement sous la plume d’un texte susceptible de passer sur les bancs des parlementaires, il n’est pas excessif d’écrire que la Fef se comporte comme un lobby. A bien y regarder, il utilise aussi les méthodes d’un lobby classique : sensibilisation, information, manifestations, coups d’éclat et lobbying politique. Lorsqu’elle monte au créneau en communiquant le chiffre de « 70 000 étudiants non finançables », elle veille en réalité à dévoiler un chiffre suffisamment important pour affoler les acteurs du terrain et, surtout, capter l’attention des médias. Si elle reconnaît que son mouvement utilise ces techniques, Emila Hoxhaj, la présidente de la Fef, reste dubitative quant à l’opportunité d’en parler «hall d’entrée» et il préfère le terme plus doux «syndicat”.

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5. Un réseau d’anciens élèves toujours dynamique

C’est l’un des atouts majeurs de la Fef : son réseau d’anciens élèves. Nombre d’entre eux ont occupé ou occupent encore des postes politiques clés : Jean-Marc Nollet (Ecolo), Philippe Henry (Ecolo), Emily Hoyos (Ecolo), Jean Leblond (Ecolo), Mathias El Berhoumi (Ecolo), Grégor Chapelle (PS) , Fabrizio Bucella (PS), Renaud Maes (PS), Michael Verbauwhede (PTB)… Il ne faut pas minimiser la puissance de ce réseau toujours aussi dynamique. “Toutes les proportions gardéesconstate un fin observateur de la vie étudiante belge francophone, c’est un peu notre ENA (École nationale d’administration de France, NDLR) les notres. La Fef est le réseau de personnes qui sont finalement placées à des postes politiques importants. Ils entretiennent de la sympathie pour la Fef car ils considèrent qu’elle reste un petit obstacle au tour en rond ce qui, finalement, n’est pas mauvais pour la démocratie, notamment dans le secteur de l’enseignement supérieur où la logique reste très corporatiste. ».

Conscients de cette réalité, la plupart des hommes politiques qui ont un jour remporté le portefeuille ministériel de l’Enseignement supérieur en Communauté française ont ainsi veillé à composer une partie de leur équipe proche d’anciens « Féfiens », comme on les surnomme. . Une stratégie efficace et bien connue de la part des cabinets ministériels visant à maximiser leurs chances d’entretenir de bonnes relations avec le syndicat étudiant.

6. Un relais politique supplémentaire : le PTB via Comac

Historiquement liée aux écologistes et aux socialistes via son réseau d’anciens élèves, la Fef connaît depuis plus de dix ans un rapprochement important avec le PTB via les militants de la Comac, le mouvement de jeunesse du parti marxiste. Ce fut notamment le cas à la fin du mandat de Michael Verbauwhede – président de la Fef de 2010 à 2012 et qui a également rejoint les rangs du PTB en 2012 – où Comac était solidement implanté au sein de la Fef. Un peu trop au goût de certains qui avaient fait le ménage à l’époque pour débarrasser l’organisation étudiante de ses éléments au radicalisme de gauche trop visible.

En pratique, force est de constater que le PTB relaie à son tour les revendications du syndicat étudiant, au point de relayer mot pour mot les « contre-arrêté de la Fef » au Parlement (lire le point 3). Pour la présidente de la Fef, Emila Hoxhaj, qui rappelle au passage que les affiliés du syndicat étudiant ne sont pas statutairement autorisés à détenir une carte de parti, «l’important c’est que les revendications de la Fef soient relayées par le plus grand nombre »quel que soit le parti politique en question.

7. Une réputation de « révolutionnaire » à honorer

Ce n’est pas un secret : la Fef a toujours supposé vouloir défendre des revendications fortes, y compris sur les grands sujets de société (par exemple le conflit israélo-palestinien), quitte à prendre des positions dogmatiques. Plus révolutionnaire que sa (feu) petite sœur Unécof, la Fef a souvent réclamé «démissions » pour tenter de peser de tout son poids dans le débat politique.

Dans l’histoire du syndicat étudiant, la pression a également été forte sur les épaules de certains présidents parfois considérés comme des “trop ​​mou” ou même “trop consensuel» avec le pouvoir en place. Ne pas être le maillon faible de la succession présidentielle a donc souvent été un souci pour les acteurs soucieux d’honorer la réputation de l’organisation étudiante.

8. Sympathie historique des médias

C’est le dernier point mais il est loin d’être négligeable : la Fef est typiquement ce qu’on appelle dans le jargon journalistique »un bon client ». Sans trop forcer, les médias obtiennent d’elle la petite phrase, le bon mot, l’affirmation qui va faire le buzz et donc potentiellement aussi vendre des journaux. Cela arrange également le syndicat étudiant qui essaie de faire parler de lui. C’est “gagnant-gagnant”. La Fef se retrouve donc facilement et régulièrement à la Une des médias, ce qui constitue un atout majeur.

Enfin, de fins observateurs de l’enseignement supérieur belge francophone vous diront qu’il existe une forme de sympathie historique des journalistes envers les étudiants, surtout lorsque ces derniers maltraitent le pouvoir et… entretiennent le débat démocratique.

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