les thèmes du débat Secafi

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Par Agnès Redon | LE

vendredi 5 avril 2024

| Accords d’entreprise

Dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat, Secafi a débattu de cette nouvelle le 26 mars 2024 aux côtés de Pierre Ferracci, président du groupe Alpha, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, et François Hommeril, président de la CFE-CGC.

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NAO, inflation, travail des seniors : les thèmes du débat Secafi du 26 mars avec la CGT et la CFE-CGC – © DR

Sur l’évolution du pouvoir d’achat (NAO)

Selon un référentiel de 420 accords NAO 2024, les augmentations totales (générales et individuelles) négociées dans les entreprises s’élèvent en moyenne à 3,5% en 2024, contre 4,6% en 2023.

“Le contexte économique explique ce ralentissement”, indique Antoine Rémond, Responsable du Département Etudes & Prospective du Centre d’Etudes & Data du Groupe Alpha. Les facteurs à l’origine de ce ralentissement sont :

  • Retour de l’inflation ;
  • Détérioration des perspectives d’emploi;
  • De sombres perspectives de croissance.

2024 marque la réduction du recours aux augmentations générales :

  • 80,1% des entreprises accordent des augmentations générales pour les ouvriers et 78% pour les TAM (techniciens, agents de maîtrise).
    • Dans près de 8 cas sur 10, les non-cadres bénéficient d’au moins une augmentation générale.
    • Les cadres bénéficient d’au moins une augmentation générale dans 64% des casmoins souvent que les non-cadres.

Pour Sophie Binetil y a 4 points d’avertissement majeurs pour la négociation :

  • « Les salaires en euros constants baissent ;
  • Il y a de plus en plus d’augmentations individuelles par rapport aux augmentations collectives ; L’individualisation des rémunérations est préjudiciable à l’égalité entre les femmes et les hommes car elle accroît la dispersion des salaires.
  • Cette baisse des salaires accentue la baisse des rémunérations et des qualifications ;
  • La désocialisation des rémunérations à travers des mesures gouvernementales, comme la prime de partage de valeur. »

François Hommeril indique que l’augmentation qui maintient le pouvoir d’achat est l’augmentation générale.

  • « L’avancement individuel constitue une promotion dans la carrière.
  • La perte de pouvoir d’achat s’est révélée par une inflation élevée mais c’est un phénomène continu à l’œuvre depuis 30 ans.
  • Il est facile d’objectiver ce phénomène dans la fonction publique, où le point d’indice aurait dû suivre l’inflation. Il a cependant perdu entre 30 et 40 % de pouvoir d’achat.
  • Enfin, il faut souligner que le problème du pouvoir d’achat doit être comparé au coût du logement qui a pratiquement doublé en une vingtaine d’années. »

Sur la question de la productivité dans les entreprises

  • « Le problème de la baisse de productivité, c’est le gouvernement qui la finance ;
  • En finançant des emplois peu qualifiés, le gouvernement en a créé tellement qu’il n’est plus en mesure de les pourvoir.
  • Dans le même temps, les emplois qualifiés diminuent, ce qui est un point très sensible avec l’expatriation. Mais la question de la productivité est posée d’en haut par les emplois hautement qualifiés », affirme François Hommeril.

« Il faut un vrai débat économique sur la productivité », selon Sophie Binet.

  • « Un tiers de cette baisse de productivité pourrait s’expliquer par l’apprentissage qui a considérablement augmenté.
    • la productivité peut conduire à une détérioration des conditions de travail ;
    • De plus en plus, grâce au Lean Management, nous éliminons les temps d’arrêt. Comment est évaluée la productivité ?
    • Dans les métiers du soin par exemple, il faut remettre en question l’objectif d’avoir un travail toujours plus productif pour les actionnaires, alors qu’être productif pour la société passe par les qualifications », poursuit-elle.
  • « Les réformes de la formation professionnelle ont fait chuter les investissements dans ce domaine. Auparavant, cela représentait 1,6% de la masse salariale contre 1% aujourd’hui. Il s’agit d’une aberration dans un contexte de rupture majeure à comprendre avec :
    • Intelligence artificielle;
    • La transition de la transformation environnementale de notre tissu productif pour laquelle nous devons être formés », indique Sophie Binet.

Sur l’approche syndicale du pouvoir d’achat

  • « L’accord national interprofessionnel relatif au partage de la valeur au sein de l’entreprise (que la CGT n’a pas signé) se concentre sur les primes et l’intéressement sans aborder la question des salaires.
  • L’intéressement, la participation et ces mesures généralement désocialisées ne permettent pas l’acquisition de droits sociaux alors que le sujet est la question des salaires. Cet accord est hors sujet pour la CGT», indique Sophie Binet.

“La CFE-CGC a signé cet accord qui a donné quelques avancées comme la généralisation de l’intéressement”, souligne François Hommeril.

  • « Cependant, je reconnais que la prime de partage de la valeur finit par bloquer le système.
    • Un bonus crée par définition un effet de report négatif. Elle est totalement désocialisée, ce qui n’est pas bien. »

Sur l’orientation politique du Gouvernement

Les accusations portées contre le gouvernement pèsent lourd dans les deux camps.

“Il n’y a qu’une phrase pour décrire l’orientation politique du Gouvernement, c’est appauvrir les Français”, estime François Hommeril.

  • « On appauvrit les chômeurs, on réduit les allocations de ces chômeurs qui se retrouvent privés d’emploi à 55 ans.
  • On supprime tout pour les obliger à retourner à un travail moins valorisant que les qualifications acquises tout au long de leur carrière », poursuit-il.

« La politique du gouvernement est un Robin des Bois à l’envers : on prend aux pauvres pour donner aux riches », estime Sophie Binet.

  • « Pour ce faire, nous réduisons les services publics, la protection sociale et les droits sociaux en général.
  • Dans le même temps, les aides publiques aux entreprises explosent, atteignant un tiers du budget de l’État. Cela représente quand même 200 milliards d’euros par an, ce qui est énorme. »

Sur le travail des seniors

Pour François Hommerilles dispositions doivent être adaptées pour 2 publics :

  • « Ceux qui doivent s’arrêter parce qu’ils ne peuvent plus supporter physiquement leur travail : il faut les renvoyer dans de bonnes conditions ;
  • Ceux qui souhaitent continuer à travailler : il faut leur offrir des conditions suffisamment incitatives pour que leur travail soit pris en compte, valorisé, qu’ils suscitent l’intérêt et que l’entreprise bénéficie de leur présence. »

Pour Sophie Binetle gouvernement mène une guerre contre les seniors :

  • « D’un côté, les seniors sont obligés de travailler deux ans de plus ;
  • En revanche, le gouvernement ne fait rien contre les entreprises qui licencient des seniors ;
  • Enfin, il y a une remise en cause des allocations de chômage pour les seniors. »

« Ces 3 ingrédients n’augmenteront pas l’emploi des seniors. C’est une attaque généralisée contre notre modèle social, notre modèle de protection sociale hérité du Conseil national de la Résistance », dit-elle.

Sur les moyens des instances représentatives du personnel

  • « Parmi les 80 propositions pour mettre fin à la complexité administrative » publiées par la CPME le 15 janvier 2024, il y a certainement une problématique particulière pour les petites entreprises dans la gestion des tâches administratives. Le Gouvernement pourrait aider les chefs d’entreprise à cet égard.
  • Comme nous l’avons vu lors de la crise du Covid-19, l’économie avait quelque peu recommencé à fonctionner grâce à la responsabilité assumée et partagée des chefs d’entreprise et des représentants du personnel.
  • En ressuscitant le CHSCT, ils ont déployé leur expertise pour donner confiance aux salariés. Toutefois, le gouvernement met en œuvre des politiques visant à affaiblir davantage les syndicats dans les entreprises. Cela n’a aucun sens », analyse François Hommeril.

“Toutes les organisations syndicales pensent qu’il faut revenir sur les ordonnances Macron pour donner plus de pouvoirs aux représentants du personnel”, indique Sophie Binet.

Cliquez ICI pour revoir le replay du débat

Concepts et définitions clés : #NAO ou négociation annuelle obligatoire

 
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