Trente ans après la mort de Kurt Cobain, que reste-t-il du chanteur de Nirvana et de son groupe ? – .

Trente ans après la mort de Kurt Cobain, que reste-t-il du chanteur de Nirvana et de son groupe ? – .
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Icône de toute une génération, sauveur du rock qui commençait déjà à perdre de sa superbe à la fin des années 80, Kurt Cobain reste une légende trente ans après sa mort. À l’image de Che Guevara ou de Bob Marley, les t-shirts à son effigie sont encore légion. Beaucoup d’entre eux restent également à l’affût de la moindre information concernant une réédition des albums de Nirvana ou la sortie de morceaux inédits du groupe, une vague sur laquelle surfent allègrement les maisons de disques.

Le triste club des 27

Ce 5 avril, cela fera trente ans que le chanteur et guitariste s’est suicidé. C’était le 5 avril, chez lui à Seattle. Il s’est tiré une balle dans la tête après un dernier concert à Munich le 1er mars 1994, une overdose dans les jours qui ont suivi et une évasion du centre de rééducation dans lequel il avait finalement accepté de suivre un traitement.

Kurt Cobain, dix ans déjà…

Son corps n’a été retrouvé que trois jours plus tard par un électricien venu faire une installation. Kurt Cobain n’avait que 27 ans. Il rejoint ce club désastreux dans lequel on retrouve Jimi Hendrix, Brian Jones, Jim Morrison, Janis Joplin, Ian Curtis et Amy Winehouse.

Le Club des 27, un cercle aussi légendaire que sinistre

Eminem, Jay-Z… : les stars du rap lui rendent hommage

Trois décennies plus tard, que reste-t-il de Kurt Cobain ? L’image d’une icône, c’est sûr. Mais pas seulement. Il n’est cependant pas nécessaire de chercher un descendant direct du Nirvana sur le plan musical. Le grunge s’est éteint avec son instigateur, ou presque. Il ne reste plus que Pearl Jam pour porter le standard. Et encore… Pour sa nouvelle tournée, le groupe est pointé du doigt par les fans pour le prix excessif des billets mis en vente. Le côté antisystème a disparu depuis longtemps.

À l’exception notable du métal qui se porte mieux que jamais, les guitares ont longtemps été reléguées au second plan au profit de l’électro, de la pop et du rap (pour faire simple). Effacé, l’héritage de Nirvana et de Kurt Cobain ? Pas vraiment. Mais il faut le chercher là où on ne l’attend pas forcément. Dans le rap justement.

De nombreux rappeurs citent le nom de Kurt Cobain comme référence. C’était déjà le cas pour Eminem en 1999 avec son titre « ‘Cum on Everybody » : “Ma couleur préférée est le rouge, comme le sang versé sur la tête de Kurt Cobain lorsqu’il s’est suicidé” (« Ma couleur préférée est le rouge comme la mare de sang sortant de la tête de Kurt Cobain lorsqu’il s’est suicidé).

Jay-Z a fait la même chose sur « Most Kingz : “La plupart des rois deviennent tellement fous qu’ils essaient de toucher la même veine que Kurt Cobain” (« La plupart des rois deviennent tellement fous qu’ils cherchent à atteindre la même veine que Kurt Cobain »).

On peut également citer Travis Scott, Lil Nas

Kurt Cobain, messie de la génération Z

Le rap ne se limite pas aux hommages au leader de Nirvana, certains reprennent la recette du groupe, concoctée par Kurt Cobain, mêlant une musique initialement agressive à des éléments plus pop sur lesquels sont le plus souvent des propos sombres, traduisant une grande vulnérabilité émotionnelle ou une profonde dépression. XXXTentacion a par exemple parfaitement intégré ces codes dans sa production, lui qui revendiquait ouvertement l’influence du natif d’Aberdeen (Etat de Washington) avant d’être abattu lors d’une fusillade en 2018.

Dans la même veine que l’emo rap, on peut aussi citer Lil Peep, qui New York Times a décrit Kurt Cobain comme du rap, avec sa musique aussi sombre que mélodique. Lui aussi a assumé cette influence. Il est décédé d’une overdose en 2017, à seulement 21 ans. Il convient également de mentionner Lil Tracy, avec qui Lil Peep a collaboré, qui perpétue l’héritage.

On pourrait encore allonger la liste avec des personnalités comme Kid Cudi, par exemple, qui se produira au Palais 12, à Bruxelles, le 9 mars 2025. Si l’influence de Kurt Conain ne se fait pas sentir dans sa musique, le rappeur de Cleveland lui a rendu hommage. en s’appropriant ce style vestimentaire qui consistait à enfiler des robes à fleurs sur scène. La preuve avec cette prestation du 10 avril 2021 sur le plateau de Saturday Night Live. C’est aussi un héritage persistant de Nirvana et de Kurt Cobain, une sorte de manifeste.

Lorde et Billie Eilish surnommées héritières

Il y a les héritiers autoproclamés puis ceux adoubés par les ex-membres de Nirvana. Lorde est l’un d’entre eux. En 2014, lorsque le groupe a été intronisé au Rock and Roll Hall of Fame, c’est elle qui a « remplacé » Kurt Cobain sur scène pour l’interprétation par le groupe de la chanson « All Apologize ». À l’époque, Dave Grohl disait d’elle : «Il y a quelque chose en elle qui représente ou ressemble à l’esthétique du Nirvana. ».

La performance a été validée par Courtney Love, la veuve du chanteur, avec ces mots : «Moment le plus magique de la soirée”.

Cinq ans plus tard, c’est encore Dave Grohl qui faisait l’éloge de Billie Eilish après le triomphe de son premier album multi-primé Quand nous nous endormons tous, où allons-nous ? « Mes filles sont obsédées par Billie Eilish. Ce qui lui est arrivé est ce qui est arrivé à Nirvana en 1991. Les gens se demandent si le rock est mort. Quand je regarde Billie Eilish, je me dis que le rock’n’roll est loin d’être mort !il a dit.

Confirmation de Benjamin Manaut, chef de projet chez Polydor/Universal, cité par l’AFP : «Billie Eilish s’adresse à la jeune génération, répond à ses problématiques : à une époque où les femmes dans la musique ont été très sexualisées, elle est arrivée avec un look singulier, des reflets verts, des vêtements amples.

Féministe et défenseure des minorités

Car oui, l’héritage de Kurt Cobain ne s’arrête pas à la musique, a rappelé Les Inrockuptibles dans un dossier consacré au sujet publié il y a trois ans. Dans ses chansons, le leader de Nirvana chantait ses faiblesses, ses blessures, son mal-être. Sur In uterodernier album du groupe avant le suicide de son chanteur, c’est de cette notoriété qui l’a complètement bouleversé et dégoûté qui était au cœur du sujet.

Au-delà de cela, on retient encore que le chanteur – et c’est sans doute l’héritage le plus significatif à ce jour – s’est engagé dans des causes qui, aujourd’hui, sont au premier plan. On pense à la défense des minorités comme la communauté homosexuelle, ou à son engagement en faveur des femmes. Dans le dossier susmentionné de Inrockson pouvait lire : «Outre ses gimmicks de travestissement, il faut surtout retenir son amitié de longue date avec Kathleen Hanna, leader des Bikini Kill, le groupe phare du mouvement Riot grrrl né en 1990 à Olympia (la ville, également, où Gossip est né) pour revendiquer les bonnes filles pour embrasser le punk, créer des fanzines et se réapproprier la culture du do it yourself, c’est à dire : n’attendez pas d’avoir les moyens (financiers) pour faire ce que vous voulez, faites-le ».

Et l’hebdomadaire ajoute des extraits d’entretiens pour étayer l’analyse. En 1993, Kurt Cobain déclarait Blanc sur blanc : “Parce que je ne trouvais aucun ami masculin avec lequel je me sentais compatible, j’ai fini par traîner avec des filles. Et j’ai toujours vu qu’elles n’étaient pas traitées avec respect, tout simplement parce que les femmes sont totalement opprimées. Le terme de salope était complètement banal.

Avec son clip parodique, “In Bloom”, extrait de Nevermindévoque ce thème du sexisme et se moque des machos avec ces mots : «C’est lui qui aime toutes nos jolies chansons, et il aime chanter avec nous, mais il ne sait pas ce que cela signifie. (« C’est lui qui aime toutes nos jolies chansons, et il aime les chanter en chœur mais il ne sait pas ce qu’elles veulent dire »). C’est loin d’être la seule chanson du répertoire de Nirvana à aborder le sujet.

Pour se convaincre de cet engagement, il suffit aussi de parcourir son journal personnel publié après sa mort. On y lit : « Que les femmes gouvernent un jour le monde ». Et quelques pages plus tard : «J’aime savoir que les femmes sont généralement supérieures aux hommes et moins violentes qu’eux. ». Il mentionne également les mâles »nourris de sexisme de génération en génération » ce qui est presque impossible à déprogrammer.

Dans la lettre d’adieu qu’il a laissée lorsqu’il s’est tiré une balle dans la tête, Kurt Cobain a terminé par ces mots tirés d’une chanson de Neil Young : “Il vaut mieux s’épuiser que disparaître». En français : “Mieux vaut brûler que brûler lentement». Non seulement l’icône qu’il n’est pas a brûlé lentement, mais elle n’a pas brûlé non plus. La personnalité du leader de Nirvana est toujours très présente 30 ans plus tard. Et ses propos sont plus que jamais d’actualité.

 
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