34% des jeunes de 18 à 24 ans cachent leur origine ethnique ou leur handicap de peur de voir leur candidature rejetée

34% des jeunes de 18 à 24 ans cachent leur origine ethnique ou leur handicap de peur de voir leur candidature rejetée
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Lorsqu’on cherche un emploi, on se pose mille questions : est-ce que c’est fait pour moi ? Que dois-je dire dans ma lettre de motivation ou mon CV ? Dois-je mettre une photo ou pas ? Et mon adresse ? L’institut CSA a posé quelques questions à des jeunes de 18 à 24 ans, et à la lecture des résultats, le constat est unanime : le recrutement est pollué par un ensemble de jugements discriminatoires.

Ainsi, 86 % considèrent qu’avoir des relations peut maximiser les chances de décrocher un poste ; 84% que l’apparence physique peut influencer positivement ou négativement la décision de recrutement et 80% pensent que l’appartenance réelle ou supposée à certains groupes ethniques peut influencer la décision de recrutement. “Les constats faits par ces jeunes sont à la fois une réalité et en même temps une projection : sur la réalité, les entreprises doivent se mobiliser, et sur la projection, c’est le sujet de la confiance en soi qui est important”, explique Florence Cauvet, DRH de Sanofi France : « En tant que recruteurs, nous avons une responsabilité importante de montrer et de démontrer que nous sommes à l’écoute et nous devons leur donner confiance. »

Car la conséquence est importante : 34 % des jeunes de 18 à 24 ans cachent ou ont caché une de leurs singularités (origine ethnique, croyances, handicap…) de peur de voir leur candidature rejetée.

« Lors de l’envoi de CV, on observe qu’il y a une forme d’appréhension », illustre Benjamin Blavier, co-fondateur et co-président d’Article 1, une association engagée pour l’égalité des chances : « Les jeunes issus de milieux défavorisés et ceux issus de l’immigration savent qu’ils doivent envoyer plus de CV que les autres. Certains jeunes n’indiquent pas leur adresse mais vivent avec quelqu’un d’autre dont l’adresse est plus centrale ou ne précisent pas qu’ils sont capables de parler plusieurs langues alors que cela constitue une richesse et une vitalité intellectuelle. »

Cela peut aussi impliquer de ne pas indiquer votre adresse, comme par exemple de ne pas indiquer certaines langues étrangères parlées, mais aussi de ne pas mettre de photos sur votre CV. « Je ne mets plus ma photo sur mon CV. Quand vous postez votre photo, vous donnez moins de chance à vos compétences », explique l’une des jeunes femmes interrogées par l’Institut CSA.

Dans le top 3 des priorités des jeunes en général, la rémunération (65 %) arrive en tête, suivie par le lieu (52 %) et les horaires (45 %). Lorsqu’elles sont issues du QPV, la rémunération pèse dans 71 % des réponses, suivie par la localisation (56 %) puis les tâches (55 %).

“Ils sous-estiment leurs compétences”

Près de 73 % des jeunes s’autocensurent (67 % lorsqu’ils sont issus du QPV) : à une ou plusieurs reprises, ils n’ont pas postulé pour un emploi parce qu’ils pensaient n’avoir aucune chance d’obtenir un emploi. être embauché. Les raisons évoquées sont le manque d’expérience (56% en général ; 48% pour les jeunes des QPV) et le manque de compétences (37% en général ; 43% pour les jeunes des QPV)

Certains secteurs suscitent plus d’autocensure que d’autres. Mais il existe aussi des mécanismes qui dépendent du genre pour les jeunes de 18 à 24 ans : les hommes s’autocensurent donc davantage dans les secteurs de l’éducation et de la petite enfance ; les femmes dans la construction et dans l’armée. Pour les jeunes du QPV, l’autocensure n’est pas la même et c’est la banque, la petite enfance et l’armée pour les femmes, contre l’immobilier, les arts et spectacles et le BTP pour les hommes.

« Aussi, ils sous-estiment leurs compétences », explique Benjamin Blavier : « Un jeune qui a grandi dans un environnement privilégié va mettre ses loisirs, le sport qu’il pratique, et un petit boulot car il est conscient de ses atouts tandis que les jeunes de les quartiers populaires se disent que le sport et les petits boulots n’ont aucune valeur. Pourtant, le football par exemple, qui est un sport populaire, signifie des choses intéressantes, qu’il s’agisse de persévérance ou de discipline. Si un jeune est capitaine d’une équipe de football, il doit raconter ce que cela lui a apporté. »

Article 1, qui imaginait Job ready, une plateforme numérique qui permet aux jeunes de raconter leurs expériences et les soft skills qui leur sont attachées, s’appuie largement sur le mentorat pour « rassurer les jeunes sur leurs compétences et leur valeur » : « C’est une première étape et la 2ème c’est de les former, donc toutes les initiatives qui vont dans le sens de préparer ces jeunes aux oraux, de les mettre en contact avec des recruteurs sont des initiatives importantes. C’est là que l’on retrouve l’importance du mentorat. »

Un constat partagé par Florence Cauvet, qui co-organise avec Mozaïc RH « Place d’avenir », une série de rencontres destinées à recruter des alternants dans les quartiers prioritaires de la ville : « C’est en allant à leur rencontre qu’on donne leur donner ces clés pour intégrer des entreprises comme la nôtre, mais aussi comme d’autres grandes entreprises. Nous leur donnons un complément et cette confiance, des conditions de réussite, pour oser, pousser la porte et se remettre en question. Bien souvent, ils pensent qu’ils n’ont rien à dire, alors qu’en réalité, on leur montre qu’à travers les petits boulots qu’ils ont pu réaliser, à l’école mais pas seulement, ils ont des richesses. à mettre en avant. Nous leur faisons également comprendre que les soft skills leur permettront de faire la différence et qu’ils doivent en prendre conscience et les cultiver. »

 
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