les boucliers et les contrôles énergétiques coûtent cher à l’Etat

les boucliers et les contrôles énergétiques coûtent cher à l’Etat
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Les magistrats de la Cour des comptes n’ont généralement pas peur de la complexité des chiffres. Aussi, quand Inès-Claire Mercereau, présidente de la deuxième chambre, constate que les vingt-cinq mesures exceptionnelles mises en place par le gouvernement pour lutter contre la hausse des prix de l’énergie sont « horriblement complexe »c’est que la barre a été placée très haut.

Dès 2021, face à la hausse des prix de gros de l’énergie (notamment + 700 % pour le gaz, + 1 000 % pour l’électricité), le gouvernement n’a pas lésiné : boucliers tarifaires, rabais à la pompe et allocation carburant, aides aux grandes entreprises consommatrices, chèques. pour le bois ou le fioul, etc.

“Concentrées aux deux tiers sur l’électricité, (les aides) sont, en masse financière, à plus de 60% destinées aux ménages et près de 90% non ciblées en fonction des revenus des bénéficiaires”souligne surtout la Cour qui constate qu’une grande partie des appareils étaient exploités par les fournisseurs d’énergie ou les distributeurs de carburant eux-mêmes.

Des échecs dans la régulation du marché de l’électricité

Ce qui pose pour elle la question de « pleine répercussion » chez les clients finaux, « et n’est pas exempt du risque d’effets d’aubaine ». La Cour suggère par exemple que la Commission de régulation de l’énergie vérifie a posteriori « l’absence de cumul entre le bouclier gaz individuel et l’aide gaz pour l’habitat collectif » et renforcer ses contrôles sur les fournisseurs d’énergie.

Les défaillances dans la régulation du marché de l’électricité constituent un autre problème relevé par la Cour des comptes. Au cœur de la crise, et en raison de l’indisponibilité d’une partie importante de son parc nucléaire, EDF a été contraint de racheter une électricité très chère que les règles du marché l’obligeaient à vendre à bas prix. quelques mois plus tôt… Montant de ce surcoût : 37 milliards d’euros, compensés par l’Etat au final, dont seulement un peu plus de 6 milliards sont rentrés dans les caisses de l’Etat via la cotisation sur la rente inframarginale, la « taxe sur les excédents » profits » des énergéticiens, finalement non rentables, ou encore les redevances dues par les producteurs d’énergies renouvelables.

Coût budgétaire et écologique

Les 31 milliards restants sont des marges réparties entre les nombreux acteurs du marché (fournisseurs, producteurs et intermédiaires). Les mesures gouvernementales consistaient, selon la Cour, « répartir entre le consommateur et le contribuable la charge de la rémunération des acteurs du secteur bien au-delà de leurs propres coûts ».

Mais toutes ces dépenses n’ont pas été vaines et la Cour des comptes constate que les ménages français étaient globalement mieux protégés que leurs voisins européens. Ainsi, l’électricité n’a connu qu’une augmentation de 34 % (80 % dans l’Union européenne). Même constat pour le gaz, où la hausse a été de 46% en France, contre 70% en moyenne dans l’UE (+ 190% en Belgique !). Toutefois, les entreprises ont connu des prix de l’électricité plus élevés que chez nos voisins.

Outre le coût écologique d’avoir subventionné des énergies polluantes comme le gaz ou les énergies fossiles, cette protection contre l’inflation aura eu un prix, en creusant les déficits de 36 milliards d’euros supplémentaires.

« Quel que soit le coût supplémentaire, cela aurait pu être évité »

« Nous avons fait plus que nos voisins, cela explique pourquoi nous sommes si endettés »rappelle le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, réitérant son inquiétude sur la dette exprimée mardi lors de la présentation de son rapport annuel.

« Quel que soit le coût supplémentaire, il aurait pu être évité car, contrairement au Covid, l’inflation n’a pas été un problème auquel nous n’avons jamais été confrontés. »assure celui à qui le Premier ministre a commandé, d’ici fin juin, un rapport sur « sortie des systèmes de crise ».

 
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