A Brest, qui est réellement le « berger du quartier » ? – .

A Brest, qui est réellement le « berger du quartier » ? – .
A Brest, qui est réellement le « berger du quartier » ? – .
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Mme Le Lirzin est la fille de l’octogénaire de Pontanézen tué en mars 2023 par deux adolescents circulant à moto. Le fait divers avait secoué la ville en proie aux rodéos urbains. Un an plus tard, une famille en deuil demeure. Elle affirme avoir été abandonnée par les pouvoirs publics (« faux » dit la mairie), avec Nazim le berger comme quasiment son seul soutien. Ce qui laisse penser que les auteurs présumés restent dans le quartier, en attendant leur procès.

Une tentative de récupération ?

Mais qui est ce berger autoproclamé qui fait le buzz sur internet depuis trois ans ? “Il faut aller voir ses vidéos”, a murmuré le maire, en conseil municipal, partageant l’avis de son adjointe Karine Coz-Elleouet, qui le classe dans cette faschosphère prompte “à exploiter la pauvreté à des fins politiques”.

Accompagné vers la sortie, Nazim Yenier ne reste pas, ce mercredi 7 février 2024, sans broncher. Agé de 43 ans, ce diplômé de Télécom Bretagne, né à Izmir en Turquie (il est naturalisé français depuis 2014), souhaite porter plainte contre le maire pour diffamation et injure raciste. Interrogé, il s’est identifié comme « pleinement Français et Brestois ». Il estime que son collectif de « bergers » serait « le seul moyen d’apporter du secours aux victimes » d’un drame comme celui vécu par la famille Le Lirzin.

Facho, lui ? « Le véritable fascisme établit l’ordre par la peur. Dans les quartiers, les dealers font taire les habitants ou brûlent leurs voitures. Ce sont les fascistes», répond-il. Quant à la récupération politique, « à ma connaissance, je ne me suis jamais présenté nulle part », ironise celui qui est aussi professeur de danse.

Dans les quartiers, les dealers font taire les habitants ou brûlent leurs voitures. Ce sont les fascistes

« Le contrat social est rompu »

A Brest, ce n’est pas la première fois que « les bergers du quartier » font du bruit. La première fois, c’était à Kérourien en 2021, pour une demi-heure d’immersion vidéo dans un climat présenté comme délétère. 25 000 vues sur YouTube. Les luttes des Bergers et notamment de Nazim Yenier se poursuivent dans le temps. Exemples? Le 18 avril 2023, il recueille le témoignage d’un homme battu par des fauteurs de troubles. Le 30 juin 2023, il diffuse l’aide apportée dans la nuit à la femme d’affaires victime des émeutiers. Les vidéos fonctionnent. « Je ne suis pas là pour rendre justice mais pour la saisir. J’essaie de sensibiliser car le contrat social de notre République n’est plus respecté”, explique celui qui jure de ne faire “partie d’aucun mouvement politique”.

Une vidéo sulfureuse

Pas de politique, vraiment ? Les élus de la majorité municipale n’y croient pas un instant. En privé, ils évoquent sa collaboration, à l’automne 2023, avec Vincent Lapierre de « Média pour tous ». Un journaliste proche du « national-socialiste » Alain Soral. Nazim Yenier lui a servi de guide à Brest pour une vidéo incriminante sur l’insécurité des quartiers brestois. Résultat : 1,1 million de vues sur YouTube en huit semaines. « Soral le déteste aujourd’hui. Je voulais montrer le calvaire des habitants des HLM et des femmes du centre-ville. Je prône la défense contre les trafiquants de drogue, les gars qui brûlent et contrôlent. La guerre est un devoir quand elle est inévitable », justifie le berger. Il ajoute que les seuls élus locaux qui ne lui ont pas parlé à ce sujet sont ceux de la Reconquête et du Rassemblement national. « Ils ont le même logiciel que le maire. Je reste turc… ».

Rapport contre plainte

Alors, le berger du quartier est-il ce dangereux fasciste présenté lors du conseil municipal ? “Nous n’avons rien à dire en matière de justice et nous ne trouvons aucun lien avec un quelconque Etat ou mouvement politique”, réagissent les autorités.

Nous n’avons rien à dire en matière de justice et nous n’avons aucun lien avec aucun État ou mouvement politique.

Comme plusieurs élus de tous bords, ils soulèvent en revanche la question de la motivation profonde de Nazim Yenier, prompt à se poser en chevalier blanc. « Là où on est mal à l’aise avec lui, c’est qu’on a le sentiment qu’il cherche de l’influence. Son entreprise est-elle moins philanthropique qu’il ne veut le laisser croire ? », témoigne un élu de premier plan. François Cuillandre, maire de Brest et président de la métropole, a tranché. Après l’incident du conseil, il passe à l’offensive en le signalant au procureur de la République. Nazim Yenier n’est pas dupe. Il s’attend à des « excuses publiques ». A défaut, il promet « de lui donner rendez-vous en correctionnelle ».

 
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