La majorité lance un simulateur bancal, LFI l’accuse de désinformation

La majorité lance un simulateur bancal, LFI l’accuse de désinformation
La majorité lance un simulateur bancal, LFI l’accuse de désinformation

A trois jours du scrutin, lors du débat du jeudi 27 juin, Gabriel Attal s’en est pris à la politique fiscale de la coalition de gauche en faisant la promotion d’un site Internet censé calculer les retraites. Pour LFI, il s’agit d’une fake news.

C’est le Premier ministre lui-même qui a fait la promotion de cet outil, lors du débat télévisé sur France 2 avec Jordan Bardella (RN) et Olivier Faure (PS). Photo Adrien Fillon/Hans Lucas

Par Olivier Tesquet

Publié le 28 juin 2024 à 16h34

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J.Jusqu’où ira cette campagne ? Ce jeudi sur France 2, lors du débat final avant le premier tour des élections législatives, le Premier ministre Gabriel Attal s’en est pris au socialiste Olivier Faure sur la contribution sociale généralisée (CSG) progressiste, soutenue par le Nouveau Front populaire. Jusqu’à présent, il n’y a rien d’inhabituel à voir un dirigeant politique en affronter un autre sur un point programmatique. Mais le locataire de Matignon ne s’est pas arrêté là : il a incité les téléspectateurs à se faire un avis en allant calculer le montant de leur retraite sur un site baptisé maretraitenupes.fr. Il l’a également rendu public sur X, anciennement Twitter.

C’est là où se trouve le problème. Le simulateur s’appuie sur un amendement déposé par le Parti socialiste en février 2023, rejeté dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qui ne correspond plus aux chiffres du Nouveau Front populaire. Pire, le site, codé à la hâte, propose des résultats fantaisistes, et ne prend pas en compte les parts fiscales d’un foyer. Pour couronner le tout, à aucun moment le premier ministre ne précise explicitement que c’est son parti, Renaissance, qui a mis en place ce simulateur, enregistrant le nom de domaine le jour même du débat. Jusqu’à vendredi matin, elle ne contenait aucune mention légale, un délit passible d’un an de prison et de 75 000 euros d’amende.

« Référence à de fausses nouvelles »

Trump dans le texte, ce qui n’a pas manqué de provoquer des réactions. Dans un communiqué publié sur X, Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, a annoncé « engager une procédure d’urgence pour diffusion de fausses informations contre Renaissance »dénonçant « une campagne de désinformation tout simplement inacceptable”Ironie de l’histoire : ceci « référence à de fausses nouvelles » a été introduite par la loi du 22 décembre 2018 relative à la lutte contre la manipulation de l’information, un texte ardemment souhaité par… la majorité présidentielle. À l’époque, l’opposition s’inquiétait d’une formulation vague qui menacerait les libertés publiques, notamment la liberté d’expression.

En 2019, deux élus communistes avaient déjà saisi la justice suite à un tweet trompeur de Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur. Le tribunal a débouté leur dossier, rappelant que pour être supprimé en période électorale, un contenu doit colporter « des allégations ou des imputations inexactes ou trompeuses sur un fait susceptible d’affecter la sincérité du vote à venir [et] diffusés délibérément, artificiellement ou de manière automatisée et massive via un service de communication publique en ligne »Les réserves interprétatives drastiques du Conseil constitutionnel devraient empêcher le parti de Macron d’inaugurer la loi qu’il a lui-même votée, mais un motif récurrent apparaît depuis la dissolution : celui du retournement de situation.

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