Les groupes sanguins d’Homo Sapiens mettent en lumière les raisons de son succès évolutif

Les groupes sanguins d’Homo Sapiens mettent en lumière les raisons de son succès évolutif
Les groupes sanguins d’Homo Sapiens mettent en lumière les raisons de son succès évolutif

Analyse des groupes sanguins du premier Un homme sage D’Eurasie montre qu’ils ont acquis une nouvelle palette de groupes sanguins juste après leur sortie d’Afrique il y a 60 000 ans, contrastant avec celle des Néandertaliens. Cette diversification se serait produite au Moyen-Orient et pourrait permettre Un homme sage d’un nouvel arsenal adaptatif. C’est ce que révèle l’étude réalisée par notre équipe du laboratoire d’anthropologie bioculturelle, droit, éthique et santé. Cette étude vient de paraître dans la revue Rapports scientifiques.


Le Paléolithique supérieur (environ 45 000 à 10 000 ans avant nos jours), connu pour ses grottes ornées de Chauvet, Cosquer, Niaux et Lascaux, est une période charnière de l’évolution humaine. L’Eurasie, alors occupée par Néandertal et Denisovavoit arriver Un homme sageil y a plus de 45 000 ans. La cohabitation dure jusqu’à la disparition de Denisova en Asie et Néandertal En Europe, il y a quelques 35 000 ans.

Malgré leur ancienneté et leurs restes osseux fragmentaires, des études antérieures ont réussi à obtenir l’ADN de plus de 60 individus issus de ces trois lignées humaines. A partir de ces séquences, notre équipe a souhaité voir comment se déroule le passage de Néandertal a Un homme sage s’est manifestée pour les groupes sanguins.

Que sont les groupes sanguins ?

Les groupes sanguins (comme O+ ou A-) sont des étiquettes à la surface des globules rouges qui définissent un « type » de globules rouges. Lorsqu’un type de globules rouges entre en contact avec une personne qui n’en est pas dotée, comme lors d’une erreur transfusionnelle ou d’une grossesse, cela peut provoquer une réaction parfois mortelle pour le receveur ou le nouveau-né. Pour ces derniers, il s’agit de la maladie hémolytique du nouveau-né. Cela se produit lorsque les groupes sanguins du fœtus diffèrent de ceux de la mère. Cette dernière peut alors créer des anticorps contre ces groupes sanguins qu’elle ne connaît pas. Lors des grossesses suivantes, les anticorps de la mère peuvent détruire les globules rouges de son fœtus.

Les groupes sanguins sont regroupés en familles appelées systèmes. Les groupes A, B, O et AB appartiennent au système ABO. Les « rhésus » positifs et négatifs appartiennent à un autre système, appelé HR. Il existe à ce jour 47 systèmes véritablement cruciaux en transfusion. Dans notre étude, nous nous concentrons sur 10 de ces systèmes.

Pourquoi s’intéresser aux groupes sanguins aujourd’hui, alors qu’ils sont connus depuis près d’un siècle ?

Lorsque la communauté scientifique ne savait pas encore lire la séquence d’ADN, les groupes sanguins permettaient indirectement d’étudier la variabilité génétique humaine. Ainsi, ils ont révélé l’histoire de la population de la terre en Un homme sagele stigmate de l’adaptation aux climats tropicaux et l’inanité du concept de race. Ce sont par exemple les groupes sanguins qui, dans les années 1950, ont démontré l’origine asiatique de toutes les populations amérindiennes du continent américain. Ces éléments sont rassemblés dans les œuvres d’Arthur mourant de 1976 et celle de Luca Cavalli-Sforza de 1994.

Mais à partir des années 1990, l’émergence de la biologie moléculaire leur a préféré l’ADN mitochondrial et le chromosome Y. Ces marqueurs génétiques présentent plus de variation génétique et ne sont transmis que par un seul parent, respectivement la femme et l’homme, ce qui permet d’élever des générations sans perte d’information génétique. Les groupes sanguins sont alors relégués à leur application principale, la transfusion sanguine.

C’est l’avènement de la paléogénétique et du séquençage du génome total qui redonnera l’intérêt anthropologique aux groupes sanguins. En effet, la biologie moléculaire donne accès à une immense diversité. Les groupes sanguins qui semblaient identiques sont en réalité codés par une grande variété de leurs gènes. Par exemple, les groupes A, B, AB et O ne proviennent pas de 4 versions du gène ABO, mais de plus de 350 formes de ce gène ! Et leur géographie est révélatrice de l’histoire deUn homme sage. En lisant les gènes des groupes sanguins, notre équipe a notamment affiné l’histoire du peuplement de l’Amérique, celle de l’Asie centrale par les nomades des steppes mongoles (Gengis Khan) et le contact avec Néandertal.

Enfin, de grandes quantités de données génétiques sont désormais disponibles avec plus de 10 000 génomes anciens. Mais malgré des premiers résultats probants, la lecture génétique et anthropologique des groupes sanguins est récente et concerne encore peu d’équipes de recherche dans le monde.

Comment déterminer les groupes sanguins préhistoriques

Pour les sujets âgés, si les globules rouges ne sont pas préservés, des fragments osseux ou dentaires peuvent contenir de la matière organique avec de l’ADN. Et cet ADN a déjà été séquencé. Ces séquences sont disponibles en ligne sur des plateformes telles que l’European Nucleotide Archive ou le serveur du département de génétique évolutive du Institut Max Planck. Certains de ces ADN sont d’excellente qualité, c’est à dire complets et pour lesquels la communauté est très confiante sur le contenu de la séquence.

Nous connaissons les gènes des groupes sanguins, les chromosomes qui les portent, leurs coordonnées et les mutations derrière les groupes sanguins. Nous avons donc téléchargé chaque génome et demandé à voir la séquence d’ADN pour chaque position d’intérêt. Ensuite, nous avons comparé chaque séquence préhistorique avec la séquence humaine actuelle utilisée comme référence internationale. Pour ce faire, nous avons utilisé des commandes bioinformatiques spéciales et des outils d’alignement ou un comparateur de séquences. Nous avons ensuite retranscrit la séquence d’intérêt, le nombre de fois qu’elle a été séquencée et des indices statistiques pour garantir la vraisemblance du résultat.

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Au final, nous avons pu obtenir des résultats exploitables pour 22 Un homme sage Et 14 Néandertaliens, âgés de 20 000 à 120 000 ans, et situés en Europe occidentale, Europe centrale, Sibérie et Asie de l’Est.

En Eurasie, la répartition actuelle des groupes sanguins provient des premiers sapiens du continent

L’étude montre queUn homme sage a connu une intense diversification après sa libération d’Afrique, il y a 60 000 ans, avec des groupes sanguins que les Néandertaliens ne possèdent pas. Ces derniers ont notamment conservé les mêmes groupes sanguins ancestraux depuis 80 000 ans ! Les deux lignées ont donc des profils sanguins complètement distincts.

Cette diversification génétique se serait produite entre 60 000 et 45 000 ans. Une étude récente a montré que le plateau perse serait la région d’incubation des cultures archéologiques et des lignées génétiques des premiers Un homme sage. Avant de conquérir l’Eurasie, Un homme sage aurait alors marqué une étape sur le plateau persan, le temps de développer de nouvelles technologies et des mutations génétiques. Groupes sanguins du premier Un homme sage aurait donc connu cette phase de diversification.

Ces nouveaux groupes sanguins, comme un groupe O particulier et certains rhésus, sont désormais répandus en Eurasie à plus de 40 % alors qu’ils sont absents en Afrique. La géographie actuelle des groupes sanguins en Eurasie n’est pas récente, mais remonte donc à « Out of Africa ».

Ces groupes sanguins sont-ils avantageux pour les premiers sapiens ?

Si l’apparition d’une mutation est le fruit du hasard, sa destinée est alors double : la dérive et la sélection naturelle. La dérive est encore une fois le hasard. La mutation n’a aucun effet et sa présence dans la population fluctue de manière aléatoire au fil des générations. La sélection naturelle est l’impact de l’environnement tel que l’altitude ou les agents pathogènes sur la génétique.

De nos jours, certains groupes sanguins donnent un avantage face à des pathogènes comme le choléra, le paludisme, un des virus de la gastro-entérite et on l’a vu récemment, le COVVID. On imagine alors que les groupes sanguins retrouvés dans le premier Sapiens ont su leur fournir un nouvel arsenal pour faire face aux nouveaux environnements rencontrés lors de son expansion à travers le monde. En revanche, il est trop tôt pour décider du ou des pathogènes responsables.

L’histoire fascinante du « rhésus » de Néandertal

Les Néandertaliens partagent le même gène « rhésus ». Parent d’un des « rhésus » africains, il est aujourd’hui quasiment inédit dans le monde à l’exception de deux cas en Australie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. L’Océanie est aussi la région dont les populations possèdent le patrimoine génétique néandertalien et dénisovien le plus important, jusqu’à 6 %. Grâce à ce « rhésus » néandertalien, nous avons mis à jour le schéma évolutif de ce groupe sanguin : le gène néandertalien s’est en réalité incrusté dans le génome en se mélangeant, probablement après l’Afrique avantUn homme sage Ne migrez pas vers l’Océanie il y a plus de 50 000 ans.

Modèle de règlement en Eurasie par Un homme sagevu par les groupes sanguins.
Stéphane Mazières

En pratique, les « rhésus », comme celui de Néandertal, sont impliqués dans la maladie hémolytique du nouveau-né. Notre étude montre que le premier Sapiens L’Eurasie ne l’a pas. En cas de mélange entre un homme sapien et une femme néandertalienne, il y aurait donc un risque de perdre l’enfant. Les « rhésus » néandertaliens auraient donc pu contribuer à leur déclin lorsque les Un homme sage.

Lignées génétiques perdues

L’individu sibérien d’Ust’-Ishim, daté d’environ 45 000 ans, est connu pour être porteur d’une lignée génétique disparue, et cela se voit dans notre étude. Il possède des groupes sanguins uniques, introuvables parmi les populations préhistoriques plus récentes. À l’image des résultats publiés en décembre 2024 dans les magazines Science et Naturenotre étude confirme que la population de l’Eurasie n’a pas été un processus continu, mais plutôt une série de vagues entrecoupées de remplacements et d’extinctions locales.

Les globules rouges présentent de nombreuses variations en réponse au paludisme. Mais l’origine et les dates de ces adaptations biologiques restent discutées. L’accès aux génomes anciens offre l’opportunité d’explorer une autre histoire : les relations entre les humains préhistoriques et les maladies infectieuses.

 
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