l’essentiel
Le 52e Plum Day fait le point sur la toute nouvelle campagne. Entre morosité et espoir pour l’avenir de la filière pruneau, producteurs et transformateurs sont divisés.
Le traditionnel rendez-vous annuel des producteurs et transformateurs de prunes vient de se dérouler au sein du parc des expositions de Villeneuve-sur-Lot pour faire le point sur la dernière campagne et se projeter vers la suite.
Mais avant les premiers bilans exprimés par Christophe de Hautefeuille, président du Bureau interprofessionnel du pruneau (BIP) et Thierry Albertini, président du Comité économique du pruneau, un détour par les allées, chez les producteurs, s’impose. « S’il y a moins de monde cette année, c’est que tout va bien », ironise l’un d’eux. « De toute façon, il me reste quelques années avant ma retraite. Les contraintes administratives sont de plus en plus lourdes et on y consacre vraiment trop de temps. Cela devient insupportable. Cette année a été très moyenne, même si le calibre est plus gros. Il faut vraiment tout. » Et son collègue d’ajouter. « Le vrai problème, comme dans de nombreuses professions, c’est le manque de main d’œuvre. Dès juin, j’y pensais la nuit ; mes chauffeurs seront-ils là quand j’en aurai besoin. Vous savez, en 3 semaines, on fait 80% du chiffre de l’année. Il faut aussi penser à la période de taille.
« Un peu déçu par les retombées du Tour de France, mais il fallait être présent »
« Si l’année dernière l’ambiance était morose, elle ne s’est pas vraiment améliorée cette année » commence Christophe de Hautefeuille, le président du BIP. « Un an plus tard, peu de choses ont changé pour les agriculteurs en général et pour notre secteur en particulier. » Puis de rappeler les promesses faites au monde agricole il y a un an, lors des manifestations, mais de déplorer « le contexte politique avec une réelle instabilité des gouvernements qui fait que de nombreux dossiers sont bloqués. Et nous n’en voyons toujours pas de résultat.» Les aléas climatiques sont également cités, « avec beaucoup de pluies et des épisodes de grêle qui ont touché la zone IGP. « Le dossier de reconnaissance de calamité agricole est en cours de traitement pour l’ensemble des 6 départements concernés par le PGI ». Être également très vigilant sur d’éventuelles interdictions de produits phytosanitaires. « Si cela se confirme, nous serons aussi impactés que la filière noisette. Nous défendons l’idée qu’il ne devrait pas y avoir d’interdiction sans solution alternative.»
Thierry Albertini revient sur la filière économique du pruneau. « Encore une saison atypique avec son excès d’eau qui a fait que la quantité est moindre, et surtout qu’une bonne partie de la production est impropre à la consommation. Seule petite satisfaction, les tailles sont plus grandes que les années précédentes. Mais à part ça. Avant, on marquait les mauvaises années sur les calendriers. Désormais, ce sont les belles années qu’il va falloir retenir.
-Toujours sur le plan économique, l’événement de l’année a été la présence du pruneau lors du Tour de France les 11 et 12 juillet. « Nous avions peut-être des attentes trop élevées en termes de retombées économiques. Mais nous sommes ici, notamment à Villeneuve, dans le berceau du pruneau. Il fallait être présent lors de cet événement.
« Des investissements pour une IGP de qualité »
La Maison Roucadil, représentée par Sébastien Larroque, est évidemment présente pour cette journée, comme les autres grands transformateurs du coin. Mais Roucadil a encore une nouveauté en ce début d’année 2025. Une aide à l’investissement des fonds européens à hauteur de 875 740 € vient d’être annoncée par la région Nouvelle-Aquitaine. « Cette aide nous sera délivrée sur une durée de 4 ans » précise Sébastien Larroque. “Cela correspond à une part de 20 à 25% des investissements qui seront réalisés sur cette période”.
C’est un investissement dans le matériel que Roucadil a lancé. « L’objectif est d’améliorer les capacités de dénoyautage, de calibrage et d’ensachage des pruneaux, d’augmenter les capacités de production, d’améliorer la qualité des produits, d’en développer de nouveaux, ainsi que d’améliorer les conditions de travail. Les récoltes ne sont pas au top depuis plusieurs années, et des marchés ont été perdus. Si l’on veut les reconquérir et en gagner de nouveaux, il faut se fixer une IGP de haute qualité. C’est le sens de ces investissements. Nous devons augmenter la qualité. de nos produits dans le cadre du GIE Pruna. C’est en ce sens que nous investissons beaucoup dans la modernisation de nos équipements d’étalonnage et trieurs optiques.
Quelques chiffres sur la filière pruneau
Avec 800 producteurs, dont 775 en IGP, et 10 750 hectares de vergers, 177 hectares de nouveaux pruniers ont été plantés en 2024. Un chiffre le plus élevé depuis 2019. Sur l’ensemble des vergers, près de 21 % sont bio. Un chiffre stable depuis 3 ans déjà. « Il semble que nous ayons atteint le maximum » constatent ceux qui connaissent ces chiffres. Les vergers sont également devenus plus denses, avec une moyenne de 319 arbres par hectare.
Même si les résultats ne sont pas encore consolidés, le bilan de la dernière campagne s’élève à 32 tonnes de pruneaux. Cela place la France au 3ème rang des producteurs mondiaux, derrière le Chili et les USA, mais devant l’Argentine. La France reste cependant un exportateur net de pruneaux, avec l’Algérie comme principal débouché.
La consommation des ménages reste stable, avec près de kilos achetés par an et par foyer consommateur pour un coût moyen de 9,74 € le kilo.