Le nombre de satellites en orbite terrestre a explosé ces dernières années. Avec l’essor des mégaconstellations, comme Starlink de SpaceX, leur désintégration dans l’atmosphère pourrait avoir des conséquences majeures sur le climat terrestre. Une étude publiée le 3 octobre 2024 dans la revue Scientific Data, à laquelle ont participé des chercheurs de l’University College London (UCL), met en avant les effets potentiels de ce phénomène.
Le processus de désintégration des satellites, notamment lorsqu’ils brûlent à haute altitude, génère des particules métalliques qui pénètrent dans la stratosphère et la mésosphère, expliquent les experts. Ces particules peuvent avoir un impact direct sur la composition chimique de l’air, notamment en contribuant à la dégradation de la couche d’ozone.
Réactions chimiques (en partie) responsables de la dégradation de la couche d’ozone
Les conclusions de cette étude nous apprennent que les particules issues de la combustion, principalement l’alumine (oxyde d’aluminium), peuvent altérer le bilan thermique de l’atmosphère. En effet, l’alumine réfléchit la lumière du soleil, ce qui pourrait à terme provoquer un réchauffement des couches supérieures de l’atmosphère.
“Nous avons observé un réchauffement progressif dans les couches supérieures, avec des effets en cascade qui modifient la composition chimique de l’air.explique Connor Barker, chercheur en modélisation chimique à l’UCL et auteur de l’étude, cité dans un article de la MIT Technology Review. Ces particules peuvent également interagir avec l’ozone et les gaz de la stratosphère, augmentant ainsi le risque d’appauvrissement de la couche d’ozone à long terme. Ces particules restent dans l’atmosphère pendant des décennies, voire des siècles.
Les scientifiques préviennent que le réchauffement des couches supérieures de l’atmosphère pourrait entraîner une modification de la répartition de l’humidité, un autre facteur susceptible de compromettre l’intégrité de la couche d’ozone.
Ils nous informent également que les réactions chimiques déclenchées par le retour des satellites dans l’atmosphère produisent des oxydes d’azote, responsables d’une partie de la dégradation de la couche d’ozone. Environ 50 % de la perte d’ozone associée à la désintégration des satellites et des lancements de fusées provient des oxydes d’azote.
Des changements climatiques majeurs sont à craindre
L’impact environnemental des satellites ne se limite pas à la seule couche d’ozone. Les simulations réalisées dans le cadre de l’étude ont montré que ces phénomènes pourraient contribuer à long terme à des changements climatiques majeurs. Les chercheurs craignent que la quantité de résidus métalliques rejetés dans l’atmosphère augmente considérablement à mesure que les mégaconstellations se multiplient. D’ici 2033, le nombre de débris spatiaux vaporisés pourrait atteindre 4 000 tonnes par an, soit dix fois plus qu’aujourd’hui.
« Le véritable défi réside dans l’incertitude qui entoure l’ampleur de ces effets »poursuit Connor Barker. Bien que la contribution des satellites à la pollution atmosphérique soit encore faible (environ 0,1 % de l’appauvrissement actuel de la couche d’ozone), leur impact pourrait s’accroître considérablement dans les décennies à venir, en fonction de l’augmentation du nombre de satellites. et la fréquence de leurs retours dans l’atmosphère.
Cette étude met en lumière l’urgence d’une gestion plus rigoureuse des satellites en fin de vie. Si la désintégration contrôlée dans l’atmosphère reste le moyen privilégié pour éviter l’accumulation de débris dans l’espace, les conséquences environnementales de cette pratique devront être prises en compte de manière plus systématique.