A chacun sa propre énigme ! Si « Enigma » désigne une machine utilisée par les nazis pour coder leurs messages, c’est aussi le nom d’un lac situé au pied de la Terre Victoria, à l’est de l’Antarctique.
Avec des températures moyennes dans la région ne dépassant pas -14 degrés Celsius, plongeant même jusqu’à -40,7°C en hiver, ce bassin niché entre deux glaciers ne pouvait être que gelé. Du moins, nous le pensions jusqu’à aujourd’hui…
Durant deux étés consécutifs (2019 et 2020), une équipe internationale dirigée par des chercheurs de l’Institut italien des sciences polaires s’est aventurée au cœur de cette région réputée inhospitalière. Publiée dans la revue Communications Earth & Environment le 3 décembre 2024, leur étude révèle la présence d’une couche d’eau liquide près du fond du lac.
Une Source d’eau inconnue ?
En menant des expériences à l’aide d’un géoradar (radar à pénétration du sol), les auteurs ont détecté de l’eau liquide à environ 11 mètres sous la surface, la profondeur maximale de l’eau atteignant une douzaine de mètres, rapporte un communiqué de presse (Phys.org).
« Intrigué par cette découverte »l’équipe a ensuite prélevé des échantillons en utilisant des techniques de forage pour extraire l’eau sans la contaminer. De retour au laboratoire, les chercheurs ont repéré une vie microbienne insoupçonnée, notamment des bactéries telles que Pseudomonadota (protéobactéries), Actinobacteriota (actinobactéries) et Bacteroidota.
Parmi ces organismes microscopiques, il s’est avéré qu’un groupe dominait tous les autres en nombre : les Patescibactéries. Plus petites que leurs pairs, ces bactéries ont un génome très simple, et ne peuvent réaliser qu’un nombre limité de processus cellulaires, note le communiqué.
Pour les auteurs de l’étude, le lac Enigma était probablement peuplé d’êtres vivants avant que sa surface ne gèle définitivement. Les espèces qui vivent aujourd’hui au fond sont donc probablement les “descendance” de ceux qui ont réussi à survivre.
De là à renommer Lake Enigma ? Pas si vite ! Les chercheurs italiens et leurs collègues estiment qu’il aurait dû sécher depuis longtemps, compte tenu des conditions ambiantes. Le fait que cela ne se soit pas produit suggère qu’il a un “Source d’eau inconnue”. Le « Alan Turings » des biologistes va donc devoir poursuivre sa quête…