T Coronae Borealis, l’étoile qui va exploser pour la énième fois

Illustration du nouveau système récurrent T Corona Borealis (T CrB). PATERNOSTRO, BIBLIOTHÈQUE DE PHOTOS MARK/SCIENCE

La constellation de la Couronne Boréale, de taille modeste, est reconnaissable à la forme caractéristique en demi-cercle dont elle tire son nom – pensez à la couronne de laurier décernée aux vainqueurs des Jeux Olympiques antiques. On le repère assez facilement dans le ciel, quelque part entre les deux étoiles brillantes Vega et Arcturus.

Soyons réalistes, la couronne boréale n’est pas le plus connu des astérismes. Pourtant, l’une de ses étoiles fera l’objet de l’attention de nombreux astronomes amateurs et professionnels, car, dans les semaines ou mois à venir, elle sera le théâtre d’une explosion spectaculaire. Actuellement invisible à l’œil nu, T Coronae Borealis (c’est son nom scientifique dont l’abréviation est T CrB) va, pendant quelques jours, briller subitement au firmament, comme si une nouvelle étoile était née – le phénomène est d ailleurs désigné par le terme latin « nova ». T CrB brillera peut-être aussi fort que l’étoile polaire. Le meilleur de l’histoire est que cette apparition spectaculaire a déjà été observée à plusieurs reprises dans le passé. En effet, contrairement à certaines étoiles qui ne dégagent qu’un seul feu d’artifice, le T de la Couronne Boréale est un fusil à répétition.

Le secret de cette Winchester réside dans sa composition : comme l’explique Florentin Millour, astrophysicien à l’Observatoire de la Côte d’Azur, « c’est une paire d’étoiles qui gravitent l’une autour de l’autre, mais qui ne sont pas au même stade de leur évolution. L’une est une naine blanche, une étoile morte dont il ne reste que le cœur. L’autre est une géante rouge – c’est le stade d’évolution juste avant la mort – et il lui reste encore du carburant..

Une gigantesque boule de feu

Le duo s’avère suffisamment proche pour que la naine blanche arrache un peu de chair de sa voisine. Cette matière, essentiellement de l’hydrogène, finit par se déposer à sa surface. “Il s’accumule et, au bout d’un certain temps, la quantité d’hydrogène est suffisante pour qu’une explosion thermonucléaire se déclenche, éjectant dans l’espace une gigantesque boule de feu qui crée la nova”conclut Florentin Millour.

L’explosion ne détruit ni la naine blanche ni sa voisine, et le processus peut recommencer, d’où le nom de « nova récurrente » donné à des systèmes comme le T CrB. Cette dernière s’illumine tous les huit décennies. La science moderne a observé deux des novae qu’elle a produites, en 1866 et 1946. Dans un article publié en 2023, l’astronome américain Bradley Schaefer a trouvé et analysé deux autres occurrences dans des documents anciens : l’une en 1787 dans un catalogue d’étoiles et l’autre en 1217 dans une chronique médiévale.

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