La session nationale du mouvement ACTES s’est déroulée les 11 et 12 avril sur le thème « Un monde numérique, risques et opportunités ». Plus d’une centaine de membres de partout au Québec se sont réunis sur le campus de l’Université de Sherbrooke à Longueuil pour en apprendre davantage sur la façon dont le numérique devrait transformer – et transforme déjà – leur pratique professionnelle et leur engagement militant. .
Par Dominique Bernier, conseillère CSQ
En ouverture, une table ronde composée de quatre spécialistes a permis de se familiariser avec les concepts clés liés au numérique et d’explorer en profondeur les opportunités et les risques induits par ce profond changement de société.
Les multiples impacts du numérique
Premier orateur à prendre la parole, Daria Marchenko, fondateur du Club Ecoiste, a abordé d’emblée les impacts socio-environnementaux de l’industrie numérique : la pollution invisible (CO2, déchets électroniques, etc.) ainsi que les risques sociaux comme le temps d’écran et la fracture numérique qui divise la société entre ceux qui ont accès à la technologie – qu’ils soient en termes de ressources financières ou de culture numérique – et ceux qui n’en ont pas. Pour ces derniers, il est de plus en plus difficile d’avoir accès à certains services essentiels. Pour Mme Marchenko, la solution passe entre autres par la sobriété numérique et l’éco-conception du web.
Questions spécifiques à l’éducation
L’anthropologue et conseiller en pédagogie numérique à Collectif, Florence Sedaminou Muratet, a traité plus particulièrement des enjeux du numérique en éducation. Pour elle, les fractures numériques dans le système éducatif sont un enjeu de justice sociale qui doit être abordé en misant sur une plus grande équité en éducation, notamment en comprenant mieux les biais algorithmiques d’un point de vue technologique et en prenant en compte les facteurs humains, institutionnels et sociétaux. Selon elle, il est plus important que jamais de réfléchir aux impacts des environnements numériques sur la construction de l’identité, notamment en termes de diversité et d’inclusion.
Le poids écologique du numérique
Alexandre Thèves, responsable numérique chez Davidson et membre de l’organisation environnementale LE Manettesa ensuite permis aux participants d’approfondir leur compréhension des impacts environnementaux actuels et futurs du numérique en résumant le dernier rapport de Projet de changement sur les perspectives d’évolution des impacts du système numérique, notamment l’empreinte environnementale concernant l’adoption massive de l’IA générative. Ce fut l’occasion de réfléchir sur la technocritique, les choix démocratiques et les arbitrages à imaginer par rapport à l’acceptation d’une nouvelle technologie.
Capitalisme numérique
Enfin, Jonathan Durand Folco, philosophe et professeur associé à l’École d’innovation sociale Élisabeth-Bruyère de l’Université Saint-Paul, à Ottawa, jettent un éclairage important sur la manière dont le capitalisme façonne le développement numérique antisocial et écocide. L’impact écologique, mais aussi l’effondrement des démocraties, l’exploitation accrue des travailleurs des pays du Sud à travers le travail numérique font partie des impacts identifiés. Un rappel important de l’importance de mettre le développement de ces technologies au service du bien commun plutôt que de l’enrichissement des actionnaires.
Comment éviter les pièges du numérique
Dans le cadre de la session nationale, les membres présents ont pu participer à un atelier–parler intitulé Éduquer à la citoyenneté éthique à l’ère numérique visant à les amener à réfléchir aux moyens de saisir les opportunités et d’éviter les pièges liés au numérique dans leur pratique professionnelle et dans le déploiement du Mouvement ACTES dans leurs communautés. Animé par Alexandra Fortin, journaliste et spécialiste des technologies numériques, cet atelier a permis de dresser un portrait des opportunités offertes par le numérique dans l’éducation, mais aussi dans l’action militante.
Par la suite, trois blocs de présentation ont nourri les échanges sur les risques liés au numérique, à savoir une vision technocratique et économiciste de l’éducation, les impacts des technologies sur l’environnement et le cas de l’Afrique de l’Ouest. , où différentes initiatives tentent de développer l’éducation numérique alors que la population peine à satisfaire ses besoins fondamentaux.
Au fil des années, le numérique s’est infiltré dans tous les domaines de nos vies, pour le meilleur et pour le pire. Et cela n’est pas prêt de changer ! Cette session nationale permettra, sans l’ombre d’un doute,, d‘explorereeuh les opportunités offertes par les technologies de l’information, ainsi que les risques qui y sont associés, notamment en matière d’écologie, de solidarité, de démocratie et de pacifisme, afin de faire des choix plus éclairés.
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