Ne vous inquiétez pas, personne ne dira mot contre les buts de Patrik Laine ou contre l’équilibre au sein des trios offensifs. Et on ne prétendra pas que Jakub Dobes n’a pas simplement connu les deux meilleurs premiers matchs d’un gardien recrue dans l’histoire du Canadien.
Cependant, la petite révolution qui a secoué l’organisation lors de la récente série de succès du club s’est surtout observée sur le plan défensif. Et il est impossible de dissocier ce bouleversement de l’arrivée d’Alexandre Carrier.
Un premier changement de dynamique s’est opéré à ce poste en début de campagne. Dans une analyse scientifique publiée à la mi-octobre, La presse s’était concentré sur trois changements majeurs au sein de la brigade : la séparation du duo composé de Kaiden Guhle et Mike Matheson, l’arrivée de Lane Hutson ainsi que la chute de David Savard de la top 3.
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Malgré tout, une certaine instabilité persistait, principalement due aux déboires du droitier Justin Barron. La perte évidente de confiance des entraîneurs envers lui a forcé l’utilisation de deux gauchers sur le flanc droit pendant plusieurs semaines – le seul autre droitier disponible à ce moment-là étant Savard.
Guhle revint donc à la droite de Matheson. Pourtant, même s’il avait connu du succès chez son adversaire la saison dernière, le jeune homme semblait cette fois-ci chercher ses repères, à tel point que les deux se sont inversés. Hutson a ensuite été déplacé à la gauche de Matheson.
Cependant, il restait une faiblesse évidente au poste de sixième défenseur. Jayden Struble a eu toutes sortes de problèmes, surtout à droite. Et Barron ne s’en est jamais remis. C’est ce qui a poussé la direction à échanger ce dernier aux Predators de Nashville en échange d’Alexandre Carrier, également droitier, le 17 décembre. Soudain, les pièces du casse-tête se sont mises en place.
Chacun a sa place
L’ajout du Québécois à l’alignement n’a pas nécessairement fait du Canadien un club d’élite défensivement. Mais depuis huit matchs, chaque membre de cet effectif semble avoir trouvé dans l’organigramme une place adaptée à son profil et à ses compétences.
Ainsi, Kaiden Guhle a pu s’installer définitivement sur le flanc gauche, où il est bien plus à l’aise. Et avec son nouveau partenaire Carrier, il forme un duo dont le mandat n’a rien de mystérieux. Les deux arrières sont tout à fait capables de soutenir l’attaque, mais ils effectuent d’abord des missions défensives difficiles.
Matheson et Hutson font également face à une forte opposition, mais un examen de l’évolution de leurs affectations pour les mises au jeu en territoire défensif révèle un changement dans leur utilisation.
Au cours des deux premiers mois de la saison, la moitié des mises au jeu à cinq contre cinq impliquant Lane Hutson ont eu lieu en zone défensive. Cette proportion avait déjà diminué de manière significative lors des huit matchs précédant l’arrivée de Carrier en décembre, et la tendance à la baisse s’est poursuivie depuis. Le changement est bien plus soudain pour Mike Matheson.
Le même Alexandre Carrier permet donc à Martin St-Louis de consolider son top 4mais aussi de réduire les responsabilités du duo composé de David Savard et Arber Xhekaj.
«C’est une très bonne acquisition», a encore déclaré l’entraîneur-chef, samedi soir, après la victoire du CH au Colorado. Il apporte beaucoup de stabilité à notre jeune brigade défensive. Il est capable de jouer contre la vitesse, il est très intelligent et très prévisible ; depuis le banc, je sais toujours ce qu’il va faire. C’est un gars qui joue un jeu solide et gère bien les risques. »
Kaiden Guhle a ajouté sa voix aux éloges. « Nous jouons avec beaucoup de maturité en ce moment, et il en est en grande partie responsable. C’est vraiment sympa de l’avoir, et j’espère continuer avec lui, surtout sachant qu’il sera là pour quelques années. » Carrier, en effet, est sous contrat avec le CH jusqu’en 2026-2027.
Le principal concerné a rendu les fleurs à sa compagne. A ses yeux, leur succès vient du fait que les deux sont des défenseurs « calmes » qui communiquent beaucoup entre eux.
«C’est un excellent patineur», a poursuivi Carrier. C’est ce qui lui permet d’enlever de l’espace aux joueurs [devant lui]. Il vient de faire un match incroyable [contre l’Avalanche]il a bien utilisé son bâton. Il ne panique jamais, il garde le contrôle et il est bien positionné. »
Équilibre
On ne peut pas attribuer la séquence de sept victoires en neuf matchs du Tricolore à la seule arrivée de Carrier, puisqu’elle avait déjà commencé avant qu’il ne dispute son premier match.
Les chiffres démontrent cependant un équilibre sans précédent.
Afin de mesurer cet équilibre sans que le début de saison catastrophique du club ne fausse les données, nous avons passé en revue la performance à cinq contre cinq du CH au cours des 16 derniers matchs – les huit avant l’arrivée de Carrier et les huit plus tard.
Le réveil offensif est évident, alors que le nombre de buts par 60 minutes a explosé. Cependant, l’écart important avec le nombre de buts anticipés, ainsi que le taux élevé de conversion des tirs en buts (10,95%, soit plus de deux points de pourcentage au-dessus de la moyenne de la ligue) nous laissent croire à un excédent qui devrait se corriger avec le temps. .
Défensivement, la révolution que nous évoquions dès le début saute aux yeux. Le nombre de buts attendus toutes les 60 minutes a diminué d’un quart. L’exploit est d’autant plus digne de mention que le Tricolore a affronté entre-temps quatre grands clubs.
Enfin, Martin St-Louis a parlé de « stabilité », mais on pourrait ajouter de la flexibilité à la liste des outils qu’il a acquis auprès d’Alexandre Carrier. Contre l’Avalanche, il a jonglé avec ses paires défensives pour que Kaiden Guhle et Mike Matheson, individuellement ou ensemble, affrontent constamment Nathan MacKinnon. Carrier n’a pas été en reste puisqu’il a passé un peu plus de 7 minutes sur la glace face au plus récent vainqueur du Trophée Hart. Contre moins d’une minute chacun pour Hutson, Xhekaj et Struble.
Cela commence à faire beaucoup de mots pour parler d’un défenseur défensif. Soit. Mais cela en dit probablement long sur le trou béant dont souffrait le deuxième duo avant son acquisition.