Un an après une découverte discrète du rallye-raid afin de mieux comprendre les vicissitudes de cette discipline qu’elle n’avait jamais connue auparavant, M-Sport revient avec une force de frappe intimidante. Quatre Raptor T1+ d’usine, soit un de plus que chez Dacia et le double du quota de Toyota engagés par Gazoo Racing (les autres Hilux étant engagés par Overdrive ou TGR South Africa). Le barnum nécessite une soixantaine de personnes, mais certaines d’entre elles risquent de se retrouver au chômage d’ici l’arrivée définitive à Shubaytah, vendredi 17 janvier. La raison ? Les belles et mélodieuses machines bleues sont déficientes !
Star de l’arène de la marque à l’Ovale, Carlos Sainz a déjà gâché toutes ses chances de victoire lors de la spéciale 48 Heures Chrono dimanche. Le Madrilène a effectué un soleil de face au sommet d’une dune, dans une manœuvre similaire à l’accident qui l’a contraint à abandonner chez Audi en 2023. Le tenant du titre a été remis sur “roues” par son coéquipier américain Mitch Guthrie, un produit du Red Bull Off-Road Junior Team, avant de s’arrêter sept fois. Le lendemain, fatigué d’un léger repos, il eut du mal à se repérer dans le désert et se perdit. L’image de la Ford lancée à 180 km/h (vitesse limitée par la réglementation), avec son conducteur obligé de conduire d’une main et de se protéger du soleil de l’autre, en dit cependant long sur la détermination du Matador. « Tout s’est mal passé. Je veux récupérer émotionnellement et physiquement, j’ai mal à une épaule”, » murmure celui qui fêtera ses 63 ans en avril. Le fougueux Sainz hors-jeu (26e à 1h30), les espoirs reposaient alors sur son compatriote Nani Roma.
Drôle de configuration pour Carlos Sainz… © Frédéric Le Floc’h / DPPI
Ekström est un optimiste
L’un des trois athlètes vainqueurs du Dakar sur deux (2004) et quatre (2014) roues s’est chargé du développement du véhicule, et sa réputation de pilote mécanique prudent n’est plus à faire. Mais lui aussi s’est retrouvé empêtré lors des 48 Heures Chrono. A mi-étape, dimanche soir, le grand Catalan (1,90 mètre) anticipait déjà l’épreuve du lendemain. « On a eu deux crevaisons, le cric pneumatique (vérin pneumatique. NDLR) ne fonctionne plus, j’ai dû soulever la voiture manuellement (elle pèse 2 010 kg) et le moteur V8 a des ratés (lorsqu’il est allumé. NDLR)Je ne sais pas pourquoi. Je savais qu’en m’engageant dans un nouveau programme et avec une voiture participant à son premier Dakar, il y aurait des problèmes de démarrage. Mais autant… »
La Roma avait raison de s’inquiéter. Lundi matin, un nouveau problème mécanique l’a contraint à regagner directement le bivouac en étant tiré par une corde par son camion d’assistance, ce qui l’a automatiquement pénalisé de plusieurs heures. L’Américain Mitch Guthrie (8e à 23 minutes), qui découvre la catégorie reine, n’a d’autre objectif que d’acquérir de l’expérience et de jouer au porteur d’eau pour le seul homme quasiment indemne, Mattias Ekström. Le Suédois, piloté par Emil Bergkvist depuis ses débuts en rallye-raid en 2021, n’a commis aucune erreur de pilotage, et sa Ford a tenu le coup à l’issue de ces trois difficiles spéciales d’ouverture. Il est arrivé lundi soir à 16 heurese place au classement général, à seulement 13 minutes du leader Henk Lategan (Toyota, voir par ailleurs). « Nous avons perdu du temps à trouver notre chemin, ce qui a permis à un groupe de 4×4 de nous doubler. Rejetés dans la poussière, nous atterrissons au sommet d’une dune et nous accordons quelques minutes supplémentaires. » Des petits écarts qui n’entament pas le moral du double champion DTM. « L’objectif cette année reste la victoire. » Tout reste possible.
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