LLa saison dernière, le Stade Toulousain s’est présenté à Marcel-Deflandre avec une équipe très remaniée et le match était quasiment terminé à la mi-temps (24-3, pour 29-8 au final). Cette fois, Ugo Mola et son staff, soucieux de préserver leurs joueurs majeurs avant le déplacement chez les Sharks en Champions Cup, avaient poussé les limites encore plus loin : quatre éléments, dont deux titulaires (le centre Lucas Vignières et l’arrière Thomas Alary) n’avait jamais joué professionnellement.
Dans l’équipe de départ, d’autres éléments n’ont fait qu’une seule apparition à ce niveau (le demi de mêlée Simon Daroque et l’ailier Célian Pouzelgues) ou deux (l’ouvreur Valentin Delpy et le deuxième ligne Efrain Elias). Parlons d’âge : huit joueurs toulousains inscrits sur la feuille avaient 20 ans ou moins, et seulement trois avaient plus de 25 ans (Anthony Jelonch, Julien Marchand et le revenant Cyril Baille). Cela représente un âge moyen de seulement 22,4 ans pour suivre une formation maritime beaucoup plus expérimentée.
« État d’esprit incroyable »
Les différents sites de paris ne misaient pas gros sur cette équipe qui comptait neuf champions de France Espoirs la saison dernière. Et peu de gens s’attendaient à ce qu’ils ne soient menés que de trois points à la mi-temps (12-9), après avoir encaissé un essai trois minutes avant la pause. Car les jeunes Toulousains regardaient leur adversaire du regard. Et a accepté de relever le défi.
A l’image de Delpy, qui s’est montré assuré face aux poteaux et dans l’animation, ou de Vignières, qui a mis Uini Atonio sur les fesses (28e), les jeunes pousses rouges et noires ont eu du cran. Ils ont multiplié les tacles à ras de terre pour faire tomber rapidement les gros joueurs rochelais et se sont même offerts un enchaînement conforme à l’ADN maison en se passant le ballon de main en main. Sous les encouragements bruyants de Jack Willis, présent dans les tribunes pour accompagner ses partenaires.
L’entraîneur des avants, Jean Bouilhou, a rappelé “le cœur, l’abnégation, l’engagement physique” de ses joueurs qui “ont répondu plus que présents” et “qui sont venus chercher ici avec un état d’esprit incroyable”. Certes, cette équipe a parfois semblé manquer de repères collectifs et n’a pas été brillante dans son utilisation du ballon. Bien sûr, même avec le retour constant de Baille après plus de six mois d’absence, la mêlée a souffert. Et difficile de ne pas déceler le poids de l’expérience sur les premier et troisième essais encaissés, avec un coup de pied bloqué et une défense attentiste face à Kerr-Barlow.
Goût de la défaite
Mais comment ne pas imaginer dès maintenant un avenir brillant pour cette jeune génération, qui a su relever la tête et mettre la main sur le rythme du match durant les vingt dernières minutes ? Soutenus par les entrées des plus expérimentés Jelonch, Marchand et Ange Capuozzo, ils ont mis les Rochelais sous pression, notamment aux chandelles. Cela a fini par payer avec un essai musclé de Sialevailea Tolofua (19 ans) pour son premier match et un cool drop de Delpy pour égaliser. “Nous avons essayé de faire des choses simples”, a déclaré le jeune ouvreur.
Le tirage au sort qui se dessinait était cent fois mérité. L’ironie reste que l’erreur qui a donné le penalty de la victoire à La Rochelle a été commise par Paul Costes, déjà 37 matches professionnels sous le compteur et qui n’a vraiment pas eu besoin de porter ce coup d’épaule à Jules Favre sur la sirène. Pour les joueurs, effondrés sur le terrain, ce bonus défensif semblait avoir le goût d’une défaite. Mais c’est prometteur pour l’avenir.