SSi vous avez croisé des Bretons joyeux dans la nuit bordelaise, c’était peut-être eux. Après s’être serré la ceinture pour la nouvelle année, les joueurs de Saint-Co Locminé avaient carte blanche ce samedi et près de la moitié de l’effectif a choisi de rester auprès des quelque 80 supporters, bénévoles et familles venus en voiture pour l’occasion. Ils ont pu célébrer “une grande page de l’histoire de notre club, dans un stade mythique, avec un public magique”, s’est réjoui l’entraîneur Jacques Pichard.
Battus ce samedi (1-2) par le petit poucet de poule, ses 4 700 habitants, 750 000 euros de budget – soit 10 fois moins que le club bordelais – et des entraînements du soir faute de contrats fédéraux, les Girondins ne les ont pas cette fois-ci aucune excuse. Eh bien oui, tout de même, des décisions litigieuses toutes à leur encontre qui ont fini par les priver à la dernière seconde d’un match nul qui aurait été logique au vu de la physionomie du match. Mais alors que l’objectif de ce match en retard était une réussite pour revenir à huit points du leader Saint-Malo, le constat est là : « Quand on voit ce qu’on a fait ce soir, ne me parlez pas de la première place, » a déclaré l’entraîneur Bruno Irles, dont l’équipe, désormais cinquième, a même perdu une place.
Après Saint-Brieuc (0-0) le 7 décembre, son équipe a perdu trois nouveaux points dans un Matmut Atlantique où elle s’imaginait bien faire, poussée par ses supporters à se présenter dès le coup d’envoi avec deux tifos rendant hommage à Pierrot. Labat. Mêmes causes, mêmes effets. « Nous nous sommes inspirés de Saint-Brieuc. Il ne faut pas être trop bas car ils abusent du jeu long d’Andy (Carroll) et développent le jeu après ses touches, avec des centres. Après, on savait qu’on aurait des opportunités», souligne Jacques Pichard.
Irles élève la voix
Ce n’était pas tout à fait suffisant pour priver les Bordelais d’opportunités. Mais les déboires offensifs ont été symbolisés dès le coup d’envoi par le choix de titulariser l’ailier droit Nathanael Bai, recruté pour jouer l’arrière gauche en N3. Carroll s’est encore battu et a frappé beaucoup, cadré. Mais, sans but depuis près de six matches, il a perdu son feu sacré. L’Anglais ne devrait pas se lasser car autour de lui, ses coéquipiers ont été trop souvent dominés dans les duels, techniquement imprécis ou trop lents à l’image du duo Depussay – Trazié au milieu, ou Diaw derrière.
« Nous étions indignes de ce maillot. J’ai dit aux joueurs ce que je pensais”, a déclaré Bruno Irles. « Nous avons échoué dans les quatre domaines. L’état d’esprit, la base : l’adversaire était sur le ballon avant nous, il n’y a pas eu de réaction après son but. L’aspect technique : on ne peut pas blâmer le terrain. L’aspect tactique : on a préparé des choses que je n’ai pas vues. Et l’aspect physique : on a mieux fini qu’eux, mais on aurait dû grimper dessus en premier. »
L’entrée de l’ailier Mutyaba, apportant un peu de précision… au milieu de terrain, et la baisse de puissance bretonne leur ont permis de revenir sur une faute de main du gardien adverse. Leur puissance aurait pu, dû, leur permettre d’inverser le score en finale. Mais ils ont eu la preuve que cela ne suffit pas toujours.