à La Rochelle, O’Gara est-il trop dur avec ses joueurs ?

à La Rochelle, O’Gara est-il trop dur avec ses joueurs ?
à La Rochelle, O’Gara est-il trop dur avec ses joueurs ?

Connu pour son caractère volcanique, le manager irlandais du Stade Rochelais n’hésite pas à égratigner sévèrement ses joueurs après chaque revers. Sa marque de fabrique.

En quelques années seulement, Ronan O’Gara s’est rapidement fait un nom sur la planète ovale. L’ancien demi d’ouverture à succès du Munster et du XV du Trèfle est passé au rôle de technicien de renom, faisant du Stade Rochelais l’une des places fortes du rugby français et européen, soulevant à deux reprises la Coupe des Champions. Perfectionniste à l’extrême, l’Irlandais est aussi connu pour son caractère entier, fougueux et sans compromis.

S’il a réussi à décontracter les Maritimes en les faisant entrer dans la ligue des (très) grands, il ne les épargne pas lorsqu’il ne ressent pas un investissement total. À chaque coup de mou coupable, à chaque contre-performance, le manager rochelais grimpe dans les tours et se retourne contre ses joueurs.

Nouvelle illustration, le week-end dernier, après la défaite concédée sur la pelouse d’Aimé-Giral face à Perpignan (21-13), avec une équipe certes remaniée. « Beaucoup de joueurs moyens sont internationaux, je l’ai toujours dit, depuis dix ans. S’ils jouent au Stade Rochelais, il y a certains standards à avoir. Pour le moment, certains ne sont pas à la hauteur. Il y en a d’autres – comme « Judi » (Judicaël Cancoriet ), « Lep » (Bouteille Levani ), «Jo» (Jonathan Danty ) – qui ont tout donné pour le club et je suis très fier d’eux. Mais l’écart dans le groupe est trop grand. Certains répondent mais les grands joueurs ne sont capables de performer qu’au Stade de ou à l’entraînement. » a-t-il lancé après le match.

Dans ma culture, la motivation vient de soi. Mais avec certains, je dois crier plus en semaine

Ronan O’Gara

Avant de recevoir l’ogre toulousain samedi (21h05) à Marcel-Deflandre, rien d’alarmant mathématiquement, les Maritimes sont sixièmes, mais c’est leur incohérence qui inquiète. Après trois saisons remarquables avec cinq finales disputées sur six possibles, La Rochelle a marqué le pas l’an dernier, ne parvenant pas à atteindre les dernières marches du Top 14 et de la Champions Cup.

De nombreux entraîneurs (Christophe Urios ou Pierre Mignoni notamment) n’hésitent pas à piquer la fierté de leurs troupes pour les relancer. Ronan O’Gara – connu pour protéger ses joueurs, comme il l’a fait récemment avec Oscar Jégou – n’hésite pas à utiliser régulièrement ce levier devant la presse.

Après le revers concédé à domicile face au promu Vannes (14-23), « ROG » a confié : « Dans ma culture, la motivation vient de soi. Mais avec certains, je dois crier davantage pendant la semaine. Tout en faisant régulièrement son propre mea culpa. « Ce qui me déçoit le plus, c’est le contenu, c’est un manque total de précision. Nous n’avons rien montré devant nos fidèles supporters. Le principal coupable, c’est moi. C’est une grosse gifle.» Après le revers contre l’Usap, il a également évoqué son “responsabilité” : “Je dois accepter d’être critiqué.”

Ronan O’Gara avait déjà un fort caractère lorsqu’il était joueur (meilleur réalisateur de l’histoire de la Coupe d’Europe (1 365 points) et deuxième du Tournoi des Six Nations avec 557 points), il n’a pas changé. Ça bout constamment. Il n’y a qu’à le voir dans les tribunes lorsqu’il suit le match de son équipe : il crie, vocifère, s’emporte, dans la langue de Shakespeare. Il vit les choses avec rage et détermination. En expliquant comment il a réussi à désinhiber ses joueurs, il a expliqué : « Je ne sais pas si « libérer » les joueurs est le bon mot. Je dirais plus de concentration ou de détermination.» Transmettez vos exigences extrêmes.

En mai dernier, le Stade Rochelais s’était incliné à Chaban-Delmas face à l’UBB (34-14). Là encore, il avait distribué les bons points : « Beaucoup de joueurs ont fait un bon match ce soir. Nous sommes satisfaits de certains joueurs. Avant de pointer du doigt les mauvais élèves. « Nous sommes pénalisés ce soir par certains joueurs qui portent des responsabilités cruciales dans cette équipe, je ne vais pas donner leurs noms »» cracha-t-il.

C’était peut-être une façon de nous piquer. Il l’a lâché comme ça, parce que ça lui frappe au ventre

Judicaël Cancoriet

Cette méthode est-elle la bonne ? Cela a en tout cas permis au Stade Rochelais de s’imposer parmi les clubs qui comptent. Laurent Labit, qui connaît bien « ROG » pour avoir mis le pied à l’étrier en tant qu’adjoint au Racing 92, nous a confié que l’Irlandais a mis de l’eau dans son vin, a appris à adoucir ses méthodes. Et de dire en souriant : « Sur la gestion humaine, c’était un peu difficile pour lui au début. Parfois, il était un peu « cash » avec les joueurs lors des matchs… »

La saison dernière, une de ses sorties médiatiques avait fait grand bruit. Suite à une défaite contre Lyon, il a déclaré : « Je pense qu’ils se sont davantage tournés vers l’immobilier à La Rochelle et à l’Île de Ré que vers la formation. Quand vous faites cela, pourquoi être déçu. Cela remet en question ce que nous voulons dans la vie : être riche en appartements, en maisons ou riche en médailles ? Comment ont alors réagi ses joueurs ?

« Nous ne nous sommes pas concentrés sur ses déclarations, nous n’en avons plus reparlé. C’était peut-être une façon de nous piquer, avait lu entre les lignes Judicaël Cancoriet. Il l’a relâché comme ça, parce que ça le frappe au ventre. C’est une façon de dire qu’il n’a pas reconnu son équipe. Et le Sud-Africain Raymond Rhule a plaisanté à ce sujet : « Je n’ai pas d’argent pour l’Île de Ré, c’est trop cher ! Des Maritimes qui ont vite compris que les exigences extrêmes de leur entraîneur sont là pour les transcender.

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