Les grottes sportives, que les anglophones appellent affectueusement « man caves », sont de plus en plus populaires. Les amateurs de sport sont prêts à tout pour faire de leur sous-sol une salle d’anthologie où ils pourront se rassembler pour montrer leur amour envers leur équipe favorite, quelle que soit la discipline.
Le Journal J’ai parcouru quelques villes de la province, à la recherche de trésors cachés et découvert de véritables joyaux que vous aurez plaisir à découvrir.
Des gants en or remportés par Andre Dawson et Gary Carter, le maillot porté par The Kid lors du dernier succès de sa carrière et une tonne de produits dérivés de son joueur préféré de tous les temps, Vladimir Guerrero.
C’est un véritable musée que l’on retrouve dans le sous-sol de la maison de Perry Giannias à Laval. Non seulement il est sans conteste le plus grand collectionneur au monde d’objets provenant des défuntes Expos de Montréal, mais l’homme de 57 ans a la particularité de posséder une multitude d’objets ayant déjà appartenu à « Nos Z’Amours ». Il a même un vieux caleçon déchiré que le lanceur Steve Rogers portait autrefois.
Gant d’or remporté par Andre Dawson en 1980. L’objet fait partie de la collection d’objets de Perry Giannias liés aux Expos de Montréal.
Photo Agence QMI, Joël LEMAY
Nous ne parlons pas ici de tasses, figurines ou autres objets promotionnels que l’on peut trouver dans les brocantes ou les bazars. Ce sont des pièces uniques de grande valeur, sauf peut-être… les caleçons.
“Steve Rogers n’arrivait pas à y croire quand je lui ai dit que j’avais ça”, a déclaré Giannias en riant. Il a quand même accepté de les dédicacer.
Documents authentifiés
Face à la multiplication des logos de l’Expo, un vent de nostalgie vous frappe dès que vous descendez les escaliers menant à sa grotte. Mais ne croyez pas que Giannias perd le sommeil chaque nuit en imaginant un possible retour du baseball majeur à Montréal. Il entretient secrètement un léger espoir, mais reste très réaliste. Le collectionneur aura au moins vécu les belles années des Expos et, on peut le dire, en a gardé de précieux souvenirs.
“J’ai acheté ce maillot lors d’une vente aux enchères de la famille Carter quelques années après le décès de Gary”, explique Giannias en se dirigeant vers une exposition dédiée à l’ancien receveur. Je savais qu’il l’avait utilisé lors d’un match en 1992, mais ce n’est qu’en comparant les petites lignes verticales au dos du maillot que l’on a pu établir que c’était celui qu’il portait lors de son fameux doublé au-dessus de la tête d’André. Dawson… »
Cette exposition est dédiée à Gary Carter. On y retrouve le maillot qu’il portait lors de son dernier match avec les Expos de Montréal, le 27 septembre 1992, au Stade olympique.
Photo Agence QMI, Joël LEMAY
Pour preuve, le maillot a bien été porté par Carter lors du dernier match de sa carrière, le 27 septembre 1992, au Stade olympique.
“Nous avons demandé à une entreprise spécialisée, qui a fait un photo-match, de le prouver, et j’ai une lettre qui le confirme”, explique Giannias. Il s’agit bien du maillot que Carter portait lors de son dernier match, sa dernière apparition, son dernier coup sûr et son dernier point produit.
Pour ajouter à l’anecdote, le Temple de la renommée du baseball de Cooperstown croyait détenir ce fameux maillot Carter, jusqu’à ce que le collectionneur lavallois réussisse à prouver le contraire.
“J’ai aussi mis la main sur un ballon qui appartenait à Gary Carter et que Ted Williams lui avait dédicacé, c’est vraiment une pièce unique”, poursuit-il en montrant le trésor.
De Souki à Youppi !
Plus imposant, Giannias cache également dans son sous-sol la statue de cire de Gary Carter, récupérée suite à la fermeture du Musée Grévin de Montréal en 2021. Il lui trouverait volontiers une autre demeure, où la population pourrait lui rendre hommage, mais ses efforts ont été en vain jusqu’à présent.
Giannias se fait également un devoir de partager sa collection lorsque cela contribue à perpétuer la mémoire des Expos. Ce fut le cas avec un costume Youppi ! qu’il a prêté au musée Pointe-à-Callière, dans le Vieux-Montréal, pour une exposition-clip marquant le 30e anniversaire de la saison 1994.
Parmi les objets de la collection, des costumes de mascottes, dont Youppi !.
Photo Agence QMI, Joël LEMAY
Il garde un deuxième Youppi! dans son sous-sol – « c’est celui qui a été expulsé après une plainte du manager Tommy Lasorda en 1989 » – ainsi qu’un costume de la précédente et affreuse mascotte, Souki.
Le pantalon de Santovenia
Parmi les objets des plus grandes légendes des Expos émergent les noms de plusieurs autres joueurs plus marginaux. Cela donne l’impression de voyager à travers les époques, de 1969 à 2004, et de rejoindre les différentes générations.
Photo Agence QMI, Joël LEMAY
« Il y a quelque chose de drôle dans la statue de cire de Gary Carter », dit soudain Giannias en souriant. Elle ne porte pas un pantalon ayant appartenu à Gary Carter, mais bien celui d’un autre ancien receveur des Expos : Nelson Santovenia.
En évoquant simplement le nom de Santovenia, Giannias a transporté comme par magie le visiteur à la fin des années 1980, lorsque le port de la moustache était aussi répandu que spectaculaire.
Bien plus beau qu’une rondelle de hockey…
« Une balle de baseball est tellement belle, avec ses coutures. Personne ne me fera croire qu’une rondelle de hockey est si belle.
Devant un étalage de ses boules les plus précieuses, qui se comptent par dizaines, Perry Giannias parle de l’objet rond avec nostalgie, tendresse et émotion.
Tout a commencé avec un bal dédicacé par Ellis Valentine pour Perry Giannias, un collectionneur d’objets liés aux Expos de Montréal.
Photo Agence QMI, Joël LEMAY
«Ma collection a commencé quand j’étais à l’école primaire, il y avait une camarade de classe, Stacey Deneka, qui disait qu’elle pouvait me faire dédicacer une balle de baseball par n’importe quel joueur des Expos», se souvient-il. Je ne la croyais pas, mais son père, Stan [ancien agent et recruteur, NDLR]était près de l’organisation et Stacey m’a apporté un bal dédicacé par Ellis Valentine.
Giannias possède toujours ce ballon sur lequel, des années plus tard, il a demandé à Valentine d’apposer une seconde signature.
« C’est peut-être l’objet le moins cher de ma collection, mais ce ballon a pour moi une valeur symbolique », dit-il.
Une passion transmise par son père
Rapidement, Perry Giannias vient parler de son père, Peter, pour expliquer sa grande passion pour le baseball.
« Mon père a immigré de Grèce au début des années 1960 et plutôt que d’aimer le hockey où, comme le football, il faut marquer des buts, il a découvert le baseball et il m’a fait aimer ce sport lors de ma tournée », résume-t-il.
Le Lavallois Perry Giannias a déjà eu l’occasion de recevoir la visite de son idole, Vladimir Guerrero, dans son sous-sol. Photo non datée.
PHOTO DE COURTOISIE/Fest Expos
Peter, qui est toujours en vie, a longtemps été restaurateur. Outre quelques crémeries, il était propriétaire de Pierre Sous-marins.
« Il a travaillé si fort, et c’est probablement pour cela que, quand j’étais plus jeune, je me suis inscrit au baseball plutôt qu’au hockey », explique Giannias. Mon père n’avait pas le temps de courir dans les arènes.
Des opinions fortes
Dans ses rares temps libres, Peter emmenait sa famille au stade olympique, d’où l’amour de Perry pour le baseball. En visitant son sous-sol, Giannias parle de sport, et particulièrement des Expos, rappelant de doux souvenirs. Il a également des opinions bien arrêtées, ce qui rend certainement la visite du musée plus agréable.
Photo Agence QMI, Joël LEMAY
«Steve Rogers est le meilleur lanceur de l’histoire des Expos», a-t-il déclaré. Si vous connaissez le ballon, ce n’est même pas un débat. J’ai aimé Pedro Martinez, mais on ne peut pas donner ce titre à un joueur qui n’a lancé que quatre saisons avec l’équipe.
Exposant sa collection, Giannias fait défiler les noms de joueurs de différentes époques.
«J’aimerais, un jour, ajouter un objet qui a appartenu à Mike Marshall, mais c’est très rare», a-t-il déclaré à propos du mystérieux releveur qui a joué avec les Expos de 1970 à 1973. Marshall était un homme étrange, il ne le faisait pas. Je n’ai rien signé et il n’a parlé à personne.
Collectionneur et philanthrope
Au-delà de sa collection personnelle, Perry Giannias a utilisé sa grande passion pour les Expos pour créer la Fondation Kat D DIPG avec d’autres membres de sa famille. Les événements Expos Fest recueillent des fonds pour la recherche sur le cancer, ayant également créé le Pavillon Kat Demes, qui héberge les familles dont les enfants suivent un traitement de longue durée à l’Hôpital de Montréal pour enfants.
Perry Giannias (à gauche) a participé à l’annonce de l’ouverture officielle du Pavillon Kat Demes avec Dina Bourdakos et Peter Demes, le 23 janvier 2024, tout près de l’Hôpital de Montréal pour enfants.
Photo Benoît Rioux