Red Team “L’Éclaireur” predictions for 2025

Red Team “L’Éclaireur” predictions for 2025
Red Team “L’Éclaireur” predictions for 2025

2025 sera-t-elle catastrophique ? Ou au contraire, marquera-t-il un nouveau départ pour l’humanité ? Allons-nous enfin trouver l’amour ? Plutôt que de poser ces questions aux astrologues qui prédisent l’avenir des lions, troisième décan, ascendant truite de feu, nous avons préféré nous appuyer sur des auteurs de science-fiction, dont l’imagination débordante permet de dresser le scénario des futurs possibles. C’est à cet effet que l’armée française emploie, depuis 2019, une équipe d’auteurs dans le cadre du programme Red Team Defense, qui lui permet de se préparer aux potentiels conflits envisagés par les artistes. Dans la même idée, L’Éclaireur a mis en place sa propre Red Team pour préparer 2025.

L’armée française prend les auteurs de science-fiction au sérieux et s’appuie sur les capacités d’analyse prédictive de leur imagination pour se préparer aux défis de demain.

Le début de la fin pour l’IA ?

Alex Nikolavitch est scénariste, traducteur et auteur spécialisé en littérature imaginative. Ces dernières années, il s’intéresse aux différentes fictions entourant la fin du monde et à son essai, Toute l’imagination des Apocalypsessort dans une version enrichie en février 2025. Et bonne nouvelle, la fin du monde n’est pas cette année, selon l’expert. En revanche, celle de l’intelligence artificielle pointe le bout de son nez.

« Ma prédiction pour 2025 ? Je pense que l’IA générative atteindra la fin de son cycle, comme les NFT avant elle. Les signes sont déjà là : les opérateurs sont contraints de restreindre les ressources allouées ; chaque incrément de qualité nécessitant une puissance exponentiellement plus grande, une limite devait être fixée. Ou facturez le plein tarif. Pire encore, alors que le Net tout entier est inondé de contenus générés par l’IA, dont d’autres IA se nourrissent pour générer d’autres contenus, dans une boucle de feedback qui ferait passer le feedback pour le summum de la mélodie, les résultats sont de plus en plus curieux, chaotiques… André Breton ne les nierait pas, ou pas toujours. Le rapport signal/bruit s’effondre, comme on disait à l’époque où le sens des mots comptait encore. Alors, fin de la bulle IA ? Cela ressemble à un vœu pieux, mais après tout, les vœux de fin d’année sont une tradition. Hey, Chat-Journey, tu peux me faire une jolie carte de voeux ? »

Alors que le remplacement de l’humain par l’IA était annoncé, celle-ci pourrait bien voir sa carrière brutalement interrompue en 2025. Une bonne nouvelle pour tous ceux qui avaient peur de voir Chat-GPT et compagnie leur voler le job de leurs rêves.©Space Wind/Shutterstock

L’auteur américain Ken Liu fait une entrée remarquée dans les librairies françaises avec la publication par Le Bélial’ de son recueil La ménagerie du papier, en 2015, puis son roman L’homme qui a mis fin à l’histoireen 2016. En 2025, la fin de l’histoire concernera plutôt l’IA, selon lui, mais une fin bien plus dramatique que celle envisagée par Alex Nikolavitch :

« Ma prédiction pour 2025 est que nous aurons le premier grand scandale impliquant l’IA prenant des décisions alors qu’elle n’est pas obligée. Jusqu’à présent, les erreurs d’IA sont restées largement hors de portée du public : un modèle médiocre accusé d’avoir mis fin prématurément à la couverture des soins médicaux, quelques voitures autonomes qui ont tué leurs passagers, un programme de reproduction de cibles militaires critiqué pour sa sous-évaluation des vies civiles. Des excuses ont été trouvées, certaines personnes se sont fait tirer la ceinture, puis nous sommes passés à autre chose, distraits par le prochain scandale sexuel des célébrités. Mais cela ne peut pas durer éternellement. L’heure des comptes approche. D’ici 2025, un système de prise de décision basé sur l’IA causera tellement de morts et de destructions que le monde sera obligé d’admettre à quel point nous avons déjà abandonné le contrôle. Et ce serait le résultat le plus optimiste. »

Objectif lunaire… reporté

La base Artemis imaginée par la NASA restera pour le moment au stade du concept art…©NASA

Grand nom de la littérature imaginative et auteure multi-primée, Catherine Dufour s’est intéressée à l’exploration lunaire dans son dernier roman, Les champs de la Lunepublié en septembre chez Robert Laffont. Si elle imagine la future terraformation de notre satellite naturel, elle craint que ce futur ne soit pas près de se réaliser. Certainement pas en 2025, en tout cas…

« En 2025, nous ne marcherons pas sur la Lune.
2025 devait être une année lunaire. Lunaire et américaine, au moins. La NASA l’avait promis pour 2025 : la mission
Artémis II a dû marcher sur le régolithe. Nous avons parlé« exploration durable »de « missions régulières » et même “l’installation d’une station permanente sur la Lune”. Tout cela avec l’intention déclarée de construire un port spatial avec la planète Mars comme destination. Eh bien, c’est Trump qui l’a promis en 2019, ce qui explique peut-être certaines choses. Et notamment que le lanceur Space Launch System (SLS) est tombé si tard que cela ressemble à un abandon.
2025 ne sera pas l’année lunaire tant promise et il suffira de garder les yeux baissés vers la surface de la Terre, ses drames incessants et son usure qui semble inéluctable. Tout et tout ? Non. Une poignée d’hommes et de femmes passeront l’année 2025 dans les terres les plus rudes d’Islande, s’entraînant dans des « conditions presque lunaires ». Courage à eux, et à eux ! Et rendez-vous en 2026. »

Se préparer au monde d’après

Kitty Steward explore les futurs possibles depuis plus de 20 ans, sans aucune frontière. Qu’il s’agisse des relations sociales dans la société effondrée de Foodistanoù les régimes alimentaires remodèlent les relations humaines, ou l’avenir de nos modes de vie dans les zones urbaines de Quartiers libreselle s’intéresse à l’avenir au pluriel. C’est aussi le titre de son essai qui sera prochainement réédité chez Inframonde. Pour Le éclaireurelle a décidé de laisser la parole au collectif pour imaginer ce que sera 2025, année qui pourrait marquer l’année I de l’effondrement.

La mini-série L’effondrement avait dressé, en 2019, le scénario de la fin de notre monde. Ce qui intéresse Ketty Steward et les participants à ses ateliers d’écriture, ce sont les modèles que les mondes futurs adopteront.

« Personnellement, je n’ai aucun lien avec l’avenir et je n’ai pas particulièrement envie que les spéculations auxquelles je me livre dans ma fiction se réalisent. Cependant, si les histoires créées lors de mes ateliers d’écriture disaient quelque chose sur les intentions et les désirs des participants, alors Noisy-le-Sec devrait se préparer à voir des animaux tropicaux circuler dans ses rues et Bruxelles devrait s’organiser pour une alternance de vie. à la surface et à la vie souterraine. Si l’on en croit les témoignages des étudiants lyonnais, il est temps d’investir massivement dans les verres. Les Parisiens, réorganisés en quartiers, se verraient contraints de se former à diverses techniques médicales pour faire face à l’abandon des services de santé par l’État. Quant à Toulouse, outre les expérimentations de démocratie participative, il faut s’attendre à circuler sur la Garonne et ses nouveaux canaux lors d’épisodes de crues, de plus en plus fréquents. Ce que j’espère pour ces lieux et pour le monde, c’est une prise de conscience massive de la possibilité d’agir collectivement pour rendre possibles des sociétés plus justes et plus inclusives, et pour limiter les effets de la destruction déjà bien entamée. la planète. »

Fondée par le duo mythique Moebius, Druillet et Dionnet, la revue Humanoides Associés explore les futurs possibles de 1974 à demain.

Producteur et animateur de C’est plus que de la science-fictionLloyd Chéry est tombé dedans très jeune. Devenu rédacteur en chef adjoint de Métal hurlant et scénariste de Vertigeoil prépare actuellement l’ambitieuse exposition Plus loin. La nouvelle science-fiction qui sera dévoilée à la Cité de la BD lors du Festival d’Angoulême. Autant dire qu’il connaît bien son domaine et, fort de son expérience en la matière, voici ce qu’il craint pour l’année à venir :

« Deux thèmes reviendront en 2025. Les débuts de la guerre de l’eau devraient surgir. L’accessibilité à l’eau deviendra un sujet de plus en plus pressant, tout comme les problèmes liés à sa pollution. L’autre thème viendra de la baisse de la natalité. Alors que la nouvelle vague de science-fiction prédisait les désastres de la surpopulation avec des auteurs comme John Brunner, on se rend compte qu’il y aura progressivement moins d’hommes et de femmes sur la planète, mais plus de personnes âgées. Bref, nous allons vivre de nouveaux défis qui s’annoncent passionnants. Le seul bémol c’est qu’on a parfois l’impression que Les fils de l’homme se rapproche. »

Bonnes nouvelles! Nous échapperons aux horreurs de la surpopulation. Mauvaise nouvelle… Notre avenir risque de ressembler à celui du film d’Alfonso Cuaron.

 
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