Une maison patrimoniale apporte un bien-être et un confort uniques, au service de ceux qui l’habitent. Témoignages de trois femmes qui ont choisi de vivre dans ces lieux qui leur font du bien.
Une maison qui se soucie
Au lendemain de son diagnostic de cancer du sein, Élise Bertrand ressentait au fond d’elle-même le besoin de vivre dans une maison qui l’aiderait à traverser cette épreuve de la vie. Visiblement, elle avait besoin d’un havre de paix rassurant. « À cette époque, je vivais dans la maison relativement neuve de mon partenaire. Je ne voulais pas vivre ma maladie dans un environnement qui ne me convenait pas», raconte cette dentiste de Sainte-Geneviève-de-Batiscan, en Mauricie.
Dans son esprit, seule une maison patrimoniale pouvait lui apporter la paix nécessaire et lui offrir un refuge dans la tourmente. « J’ai toujours vécu dans des maisons ancestrales. Mes parents en ont restauré plusieurs. Cela fait partie de moi, de mes racines », confie-t-elle.
Avec son partenaire Pierre-Luc Denis, Mmoi Bertrand achète et rénove une jolie maison construite en 1878, avec un toit mansardé. Au-dessus de la porte d’entrée, une baie en saillie lui donne l’apparence d’une petite école. Une grande galerie couverte, sur le côté, permet de se reposer en admirant la rivière Batiscan qui coule juste en face.
Je me sens plus calme ici. La lumière pénètre de tous les côtés par les fenêtres et le bois rend la lumière chaleureuse, plus encore que n’importe quel nouveau matériau. J’éprouve ici les mêmes sensations de plénitude que lorsque je suis au chalet ou lorsque je me promène en forêt.
Élise Bertrand
Le charme réconfortant d’une telle maison réside dans les détails, ajoute-t-elle. Les vitres imparfaites et déformantes des anciennes fenêtres, les petites portes de placards triangulaires ou encore la cachette sous la première marche de l’escalier sont autant de marques d’amour laissées par tous ceux qui les ont précédés.
Ce réconfort est contagieux, réalise la compagne de Mmoi Bertrand. « Il trouve que les dîners de nos amis sont ici plus fédérateurs. Les gens se sentent bien dès qu’ils franchissent la porte. Certains nous ont dit qu’ils seraient prêts à dormir sur le canapé, ce qu’ils ne feraient pas ailleurs. »
Et elle ? A-t-elle trouvé le bien-être qu’elle recherchait pour affronter sa maladie ? « Oui », répond joyeusement celui qui a pu reprendre le travail en septembre dernier.
Une maison de douceur
Dès leur arrivée dans leur maison datant de l’époque de la Nouvelle-France, Isabelle Rodrigue et Martin Tardif se sentent envahis par un grand sentiment de douceur. C’était il y a huit ans, mais le souvenir de ce moment de grâce est encore vivace.
« C’est une question d’émotions très difficiles à décrire, encore plus difficiles à expliquer, car la maison est vraiment mal située. Le bâtiment résidentiel voisin se trouve presque dans notre cuisine. Nous n’avions plus envie de le visiter quand nous avons vu ça. Mais une fois entrés dans la maison, nous avons été conquis. Cela a été résolu au bout de 10 minutes », raconte ce passionné d’histoire et de patrimoine.
« C’était comme une douce énergie qui nous a saisis. C’était presque ésotérique, notre affaire», poursuit-elle en riant timidement.
Construite vers 1730, cette maison fait partie de l’histoire de Varennes, sur la Rive-Sud. L’un de ses anciens propriétaires, Paul Lussier, possédait au début du 19ee siècle une grande partie des terres de ce qui allait devenir Sainte-Julie.
Malgré sa grande ancienneté, la maison a conservé plusieurs éléments architecturaux d’origine, qui lui confèrent une partie de son charme, souligne M.moi Rodrigue.
Ses trois cheminées en pierre sont toujours là. Il n’y a pratiquement pas de murs intérieurs, hormis quelques cloisons en bois. Quelqu’un qui préfère une décoration moderne ne l’aimera pas ici.
Isabelle Rodrigue
Mais rares sont ceux qui ne tombent pas sous le charme. « Nous avons organisé une visite de la maison l’automne dernier. Une soixantaine de personnes sont venues. Tout le monde nous a dit ressentir cette même belle énergie. Les enfants nous disent qu’ils se sentent aussi calmes ici qu’au chalet », raconte M.moi Rodrigue.
Une maison pleine de vie
La maison de Monique Ménard est pleine de vie. Il y a d’abord celle de la maison elle-même, puis celles de tous ceux qui y ont laissé des traces de leur passage depuis un siècle et quart. Tout ce mélange de vies crée une longue histoire qui se distille dans toute la maison. “Elle a une âme”, résume Mmoi Ménard, qui a longtemps mis entre parenthèses sa passion des « vieilles choses » le temps d’élever ses enfants.
« J’ai toujours aimé les antiquités, particulièrement les vieilles maisons », avoue la résidente de Grenville-sur-la-Rouge, à une vingtaine de kilomètres de Lachute.
Ces maisons ont une belle histoire à raconter, mais qui a été oubliée au fil du temps. Actuellement, j’y vis. Mais avant moi, il y a eu des familles, des enfants, des gens qui ont mis tout leur temps et leur talent à construire ce qui nous entoure.
Monique Menard
Avec patience, cette comptable est allée frapper aux portes de son quartier dans l’espoir de remonter le temps. Sa quête lui a notamment permis de retrouver des photos de la toute première famille qui a occupé sa maison. Sur l’un d’eux, on peut voir trois adultes et deux enfants posant devant la porte de la cave, située au fond. « C’est la première famille à venir s’installer ici. Ils sont devant chez nous ! Ce sont eux qui l’ont construit ! », s’exclame M.moi Ménard, encore ému de voir les noms de ces premiers occupants inscrits au dos de la photo.
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« J’ai toujours trouvé belles les choses du passé. Il est important de les préserver et de les restaurer. L’histoire est ce qui nous permet de nous rappeler d’où nous venons, estime-t-elle. C’est essentiel. »