Les fervents fans du Canadien diront que l’équipe n’a pas de chance et saura rebondir après cette horrible saison. Je serais très heureux pour eux, mais la réalité est qu’il n’y a presque rien, factuellement, qui permette d’y croire. En plus de flirter avec la dernière place du classement général, plusieurs statistiques révèlent à quel point le Canadien est empochable dans à peu près tout.
Pour marquer, il faut lancer
Le CH réalise en moyenne 24 tirs par match. Ce n’est pas ordinaire. C’est historiquement mauvais. Montréal est au dernier rang de la LNH. Les Sharks, avec leur terrible saison l’an dernier, ont été meilleurs. En fait, depuis 20 ans, aucune équipe n’a été aussi mauvaise. Il faut remonter aux Capitals de Washington en 2003-2004 pour battre ce record de médiocrité. L’équipe a réalisé en moyenne 23,7 tirs par match. Les Sénateurs et les Penguins obtiennent en moyenne six tirs de plus que le CH à chaque match cette saison. C’est énorme. Montréal a lancé 576 fois. La moyenne est supérieure à 700 dans la LNH. Parmi les 50 joueurs qui obtiennent le plus de tirs au but par 60 minutes de - de jeu, on n’en retrouve aucun du côté du Canadien. Cole Caufield (55e) et Brendon Gallagher (99e) sont les seuls à figurer dans le top 100 parmi les 422 joueurs de la LNH ayant joué plus de 300 minutes. La majorité des joueurs canadiens arrivent après le 300e rang. Si autant de joueurs ne lancent pas souvent au CH, ce n’est pas parce que toute l’équipe décide de trop passer. C’est plutôt parce que la plupart des joueurs ne sont pas capables d’avoir autant d’occasions de lancer.
3 buts par match, le CH est loin d’être là
Photo Martin Chevalier
Montréal marque en moyenne 2,83 fois par match. C’est bien pour une respectable 21e place dans la LNH. On peut dire qu’il y a au moins plusieurs équipes moins bonnes que le CH dans cette catégorie… mais pas tant que ça. Car en effet, selon des statistiques avancées, le Canadien aurait dû marquer 2 buts de plus depuis le début de l’année. Les Predators de Nashville, par exemple, marquent 2,32 buts par match en moyenne, mais auraient dû en marquer 17 de plus compte tenu de la qualité de leurs chances de marquer. C’est la même chose pour les Bruins, les Flames et les Penguins. Ce sont donc des anomalies. Ces équipes devraient et commenceront à marquer plus souvent, contrairement à Montréal où l’équipe devrait être statistiquement. Rappelons qu’à 2,83 buts par match, Montréal est exactement au même endroit que l’an dernier et 0,06 but de plus qu’il y a deux ans.
Le CH n’est pas malchanceux en attaque, bien au contraire
Getty Images via AFP
11,8 % des tirs des joueurs canadiens trouvent le fond des filets. La moyenne de la LNH est de 10,6 %. Autrement dit, Montréal est l’une des équipes les plus opportunistes de la LNH. Il serait donc utopique de croire que l’équipe peut marquer bien plus. Les Bruins sont à 8,9% par exemple. Les Predators sont à 7,9%. Ces clubs risquent donc de revenir dans la moyenne. A l’inverse, les Capitals sont à 14,5%. Ils risquent donc de marquer moins… comme le CH. Notons également que le Canadien affronte en moyenne plus souvent les seconds gardiens des équipes adverses. Cela s’est produit 8 fois cette saison, ce qui devrait aider l’équipe à marquer plus souvent statistiquement.
Le CH n’est pas malchanceux en défense non plus
Ben Pelosse / GoM
Montréal accorde en moyenne 3,83 buts par match. C’est la pire performance de la LNH. Si l’on regarde le nombre de buts que l’équipe méritait de céder cette année, on arrive à 3,43 buts accordés. Donc c’est quand même horrible. Seuls les Ducks sont pires. Concernant les gardiens, Cayden Primeau a effectivement accordé plus de buts qu’il n’aurait dû en analysant les tirs qu’il a reçus. Mais ce n’est pas le cas de Samuel Montembeault qui a inscrit autant de buts qu’on aurait pu s’y attendre.
Des gars qui ne sont pas près de marquer
Photo Martin Chevalier
240 attaquants ont joué plus de 300 minutes dans la LNH cette année. Le Canadien en possède dix. Au niveau des buts attendus, Montréal en compte cinq parmi les 50 pires. Il s’agit de Joel Armia avec deux buts attendus, ainsi que de Jake Evans, Juraj Slafkovsky, Josh Anderson et Christian Dvorak, avec 4 buts attendus. Tout cela en 24 matches. Considérant que certains d’entre eux jouent en avantage numérique et sur les deux premiers trios, c’est clairement préoccupant. Nick Suzuki est également loin du sommet avec 172ème sur 240 avec seulement cinq buts attendus depuis le début de l’année. À l’inverse, Cole Caufield est 14e meilleur de la ligue.
La tendance est à ce qu’on lui enlève la rondelle
MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL
Cette statistique contribue aux malheurs de l’équipe. À l’exception de Mike Matheson, tous les joueurs des Canadiens se font retirer la rondelle plus souvent qu’ils ne la prennent aux joueurs adverses. Ce n’est pas si anormal. Mais quand c’est généralisé et si déséquilibré, c’est très problématique. Voici quelques exemples.
- David Savard : 6 (voler la rondelle à l’adversaire) -18 (donner la rondelle à l’adversaire).
- Lane Hutson : 13-27
- Nick Suzuki : 9-21
- Cole Caufield 6-20
- Jake Evans : 2-16
- Joël Armia : 3-15
- Brandon Gallagher : 4-18
- Josh Anderson 4-12
- Christian Dvorák : 5-19
- Kaiden Guhle : 5-14
- Jurak Slavkovsky : 5-16
- Kirby Dach : 5-5
- Mike Mathson : 23-21
Y a-t-il une lumière au bout du tunnel ?
Getty Images via AFP
Revenons aux fervents fans du Canadien. Il n’y a pas lieu de s’alarmer. Oui, nous pouvons commencer à nous inquiéter, mais il y a de la lumière au bout du tunnel. Remplacez Joel Armia, Christian Dvorak par Ivan Demodiov et Michael Hage. Ajoutez David Reinbacher. Imaginez Kaiden Guhle et Lane Hutson avec plus d’expérience. Pensez à Jacob Fowler. Pensez à Caufield et Suzuki mieux entourés. Pensez à Jake Evans dans le bon fauteuil. Il n’y a que Juraj Slafkovsky et Kirby Dach qui sont difficiles à projeter. Quant à Alex Newhook, je n’y crois plus vraiment. Bref, c’est encore beaucoup de conjectures. Mais tant qu’on vit d’espoir depuis plusieurs années, on peut toujours se dire qu’on peut au moins continuer à le faire.
-Avec les données de la LNH et Moneypuck