Jacques Demers mérite un meilleur traitement.
Autant de la part des médias québécois que de toute la LNH.
Le temps passe trop vite, emportant avec lui légendes et souvenirs parfois effacés dans la frénésie de l’actualité.
Mais l’histoire de Jacques Demers mérite d’être gravée dans nos mémoires, protégée avec soin et célébrée dignement.
Alors que le Temple de la renommée du hockey tarde à reconnaître son immense contribution, une question déchirante demeure : attendrons-nous qu’il soit trop tard ?
Demers, malgré les épreuves de la vie, conserve toute sa lucidité. Ses gestes, son sourire et son regard pétillant rappellent un homme profondément humain, qui a inspiré et transcendé le hockey.
Pourtant, à 80 ans, confiné dans un fauteuil roulant et réduit au silence par aphasie, il reste en marge de l’hommage qu’il mérite.
De Québec aux Red Wings de Détroit, en passant par les Canadiens de Montréal, Jacques Demers a marqué de son empreinte l’histoire du hockey.
Premier entraîneur des Nordiques dans la LNH, il a fait sortir les Red Wings du bas de la ligue au point de remporter deux trophées Jack Adams de suite en 1987 et 1988 (le seul à réussir cet exploit), et a mené les Canadiens ont remporté la Coupe Stanley en 1993.
Il a entraîné plus de 1 000 matchs (1 007) dans la LNH, un nombre digne de Scotty Bowman.
Et pourtant, malgré ces réalisations exceptionnelles, le Temple l’ignore sans respect.
La force de Demers ne se mesure pas seulement en victoires ou en trophées. Né dans une pauvreté extrême, il a surmonté l’analphabétisme et le ridicule sans fin pour devenir l’un des entraîneurs les plus respectés de la LNH.
« J’étais si pauvre que je ne pouvais même pas acheter une paire de chaussures. Les enfants se moquaient de moi à l’école”» se confiait-il dans une interview déchirante en 2005.
Il a transformé cette douleur en un moteur, une détermination à prouver qu’il peut réaliser l’impossible.
Cette ultime revanche sur la vie arrive en 1993, lorsque, contre toute attente, il mène les Canadiens de Montréal à la conquête de la Coupe Stanley.
“Personne ne croyait en nous, mais Jacques nous faisait croire que tout était possible”dit Patrick Roy.
Ce moment reste gravé dans l’histoire du hockey québécois et dans le cœur de tous les partisans du Tricolore.
Demers était non seulement un entraîneur, mais aussi un mentor. Il a marqué la carrière de plusieurs joueurs vedettes, dont Michel Goulet, Steve Yzerman, Patrick Roy et Vincent Lecavalier.
Toujours à l’écoute, il a su motiver ses troupes et instaurer une force de la nature unique au sein du groupe.
« Jacques trouvait toujours les mots justes. Il a su toucher le cœur de ses joueurs »se souvient Bernie Federko, qui a joué sous ses ordres à Saint-Louis.
Même dans les moments difficiles, il n’a jamais abandonné.
“Il avait cette capacité à transformer l’adversité en force”témoigne Michel Bergeron, son ancien collègue et rival amical de toujours.
En 2005, Demers a choqué le Québec en révélant qu’il était analphabète pendant une grande partie de sa carrière.
« J’avais honte, mais je devais le dire. Je voulais que les jeunes comprennent qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre. »
Cette révélation a profondément touché le public, montrant un homme qui, malgré les obstacles, a su se hisser au sommet de sa profession.
Les années ont apporté leur lot d’épreuves. Après deux accidents vasculaires cérébraux, Demers est maintenant paralysé du côté droit et souffre d’aphasie.
« La première fois, nous pensions qu’il n’y arriverait pas. La deuxième fois, ce fut un coup encore plus dur. »dit son frère Michel.
Son épouse Debbie et ses proches veillent sur lui au quotidien.
« Même s’il est confiné dans un fauteuil roulant, il garde son sourire et son esprit vif. Mais c’est difficile de le voir comme ça.confie un membre de sa famille.
L’histoire de Jacques Demers est une leçon de vie, un témoignage de persévérance face à l’adversité. Pourtant, l’honneur ultime, son intronisation au Temple de la renommée, lui échappe toujours.
Patrick Roy résume bien le sentiment général :
« Jacques mérite cet hommage. Non pas parce qu’il est malade, mais parce qu’il a changé des vies, parce qu’il a marqué l’histoire. Nous ne devrions pas attendre qu’il soit trop tard. »
Le temps presse. Jacques Demers, confiné dans son fauteuil roulant, mérite de voir de son vivant la reconnaissance de ses pairs et de l’histoire.
Le Temple de la renommée ne doit pas être un lieu où honorer uniquement des trophées et des statistiques, mais aussi des hommes et des femmes qui ont laissé une marque à vie sur leur sport et sur la société.
Jacques Demers n’est pas qu’un simple entraîneur. Il est une Source d’inspiration. Une légende. Et il est temps de lui offrir cette place qu’il mérite tant, avec dignité, respect et gratitude.
Parce que l’héritage de Jacques Demers transcende les chiffres et les victoires. Cela touche l’âme. Et personne ne peut l’oublier.
Chaque étape de sa carrière a été un témoignage de son courage et de sa détermination.
Mais aujourd’hui, la vie l’a frappé durement. Les deux accidents vasculaires cérébraux ont réduit sa mobilité et sa parole. Pourtant, son esprit reste également allumé et sa passion pour le hockey demeure intacte.
Jacques Demers mène une bataille acharnée contre les séquelles laissées par ces accidents vasculaires cérébraux. L’aphasie, la condition qui affecte sa capacité à parler, est devenue son plus grand défi.
Paralysé du côté droit, il vit désormais dans un centre spécialisé, entouré de l’amour de ses proches, mais emprisonné dans un corps qui ne lui obéit plus.
Malgré son état, Demers demeure lucide.
« Ses yeux pétillent quand il nous reconnaît. Il a toujours ce sourire chaleureux qui transperce le cœur”dit son frère Michel.
Cependant, communiquer reste un défi de taille.
« Jacques comprend tout ce qui se passe autour de lui, mais il est souvent incapable de trouver les mots pour s’exprimer. Parfois, il se met en colère, surtout lorsqu’il essaie de parler et n’y parvient pas.confie Debbie, sa femme.
Ses proches décrivent une routine marquée par des gestes simples mais pleins de dignité.
« Il suit toujours le Canadien avec passion. Après une victoire, il hoche la tête avec enthousiasme, mais après une défaite, il grogne.explique Michel avec une pointe de nostalgie.
« Le CH est encore tatoué sur son coeur. »
L’impact de l’aphasie sur la vie de Jacques et de ses proches est dévastateur.
« La première fois qu’il a eu un accident vasculaire cérébral, nous pensions qu’il ne s’en sortirait pas. Debbie était en Floride avec ma sœur. Un voisin l’a trouvé chez lui, en pyjama, et on l’a considéré comme sans vie.se souvient avec émotion de son frère Michel.
Le deuxième coup fut encore plus cruel.
« Celui-là l’a laissé paralysé du côté droit. Il ne peut plus marcher et sa main droite est complètement immobile. Cela a changé sa vie et la nôtre pour toujours. »
Jacques réside dans un centre où il reçoit des soins constants. Chaque dimanche, il rentre chez lui en transport adapté, un moment précieux pour lui et sa famille.
Debbie, son roc, veille sur lui sans relâche.
« Il trouve un certain bonheur dans son monde, mais on voit mal cet homme autrefois dynamique se confiner ainsi »dit-elle tristement.
Pour son frère Michel, l’un des moments les plus déchirants est de voir son frère triste.
« Parfois, il hoche la tête pour nous montrer qu’il est à terre. C’est dur, parce que Jacques, c’était la vie, l’énergie, la passion. Il est désormais prisonnier de son propre corps. »
Jacques et sa famille trouvent un certain réconfort dans les initiatives de sensibilisation à l’aphasie, comme celles d’Aphasie Québec.
« Ces programmes brisent l’isolement et aident les familles à comprendre et à gérer la situation. Jacques est toujours là, avec nous. C’est ce qui compte », Debbie le souligne.
Patrick Roy, ancien gardien de Jacques, reste profondément ému par son état.
«Quand je l’ai revu, assis sur sa chaise, il m’a souri comme s’il voulait me dire qu’il allait bien. Mais je sais que ce sourire cache beaucoup de souffrance. »
Michel insiste sur le fait que, malgré son état, Jacques mérite qu’on se souvienne de lui tel qu’il était.
« Les gens qui ne connaissent pas sa situation médicale le voient bien habillé, assis sur une chaise, et pensent qu’il est en parfaite santé. Mais ils ne savent pas tout ce qu’il endure au quotidien. »
Debbie, avec une force incroyable, résume l’essence de Jacques :
« Il est toujours là, toujours prêt à donner le sourire, même si la vie ne l’a pas épargné. Mais il mérite bien plus qu’un sourire en retour. Il mérite un hommage. »
Jacques Demers, l’homme qui a fait vibrer des milliers de partisans, n’a jamais cessé de se battre. Aujourd’hui, ce combat est interne, silencieux, mais tout aussi héroïque.
Chaque sourire qu’il offre est une preuve de son courage, chaque regard est un rappel de l’homme qu’il était et reste au fond.
Le Temple de la renommée du hockey doit agir, et rapidement. Non pas pour célébrer un homme affaibli par la maladie, mais pour honorer un bâtisseur qui a dépassé les limites de son sport et de sa vie.
Jacques Demers mérite cet ultime hommage, et le temps presse. Que son sourire, sa force et son courage inspirent tout le Québec et qu’il trouve enfin la reconnaissance qu’il mérite.
Car, parfois, rendre hommage n’est pas une option : c’est un devoir.
Sa fidèle famille et ses proches veillent sur lui et son sourire qui continue d’illuminer ceux qui passent devant lui.
Jacques Demers n’a pas besoin d’un hommage posthume. Il mérite de voir, d’entendre et de ressentir la reconnaissance de tout un sport pour lequel il a tant donné.
Il ne faut pas oublier ses larmes, son sourire et son courage.
Alors que les témoignages affluent, que les anecdotes de joueurs comme Patrick Roy rappellent l’impact de Demers sur leur vie, il est impératif que le Temple de la renommée agisse. Parce qu’attendre n’est plus une option.
Jacques Demers est bien plus qu’un entraîneur. C’est une Source d’inspiration. Un homme dont la vie a touché les cœurs bien au-delà de la glace.
Et c’est pourquoi il est temps, maintenant, de lui rendre l’honneur ultime qu’il mérite tant.
Pas demain. Pas après-demain. Aujourd’hui. Avant qu’il ne soit trop tard.