F1 2008 Singapour | La stratégie Briatore qui amènera Piquet chez Renault

F1 2008 Singapour | La stratégie Briatore qui amènera Piquet chez Renault
F1 2008 Singapour | La stratégie Briatore qui amènera Piquet chez Renault

La saison 2008 fut sans doute l’une des plus spectaculaires de l’histoire de la Formule 1. Champion du monde à un virage de l’arrivée, Felipe Massa voit enfin Lewis Hamilton sacré à sa place, seul. atterrir au Brésil. Au-delà de cette défaite teintée de samba, cette année-là fut aussi l’occasion d’assister au 800e Grand Prix de la catégorie reine du sport automobile à Singapour. Et quelle course.

Annoncée comme la première course de F1 à se dérouler en nocturne, cette quinzième manche de la saison a surtout été le théâtre d’un incroyable tour de force : le suicide de Renault en Formule 1. Ou plus connu sous le nom de Crashgate. Retour sur ce légendaire hara-kiri du motoriste français.

Une année de perte qui commence sous les meilleurs auspices

Après une année 2007 en demi-teinte, Renault voit grand pour l’année suivante. En effet, l’équipe de France organise le retour de Fernando Alonso. Récent champion du monde en 2005 et 2006 avec l’équipe du Losange, l’Espagnol doit permettre à Renault de redevenir une équipe de pointe et de se battre à nouveau pour la victoire. Le constructeur français se remet une nouvelle fois à rêver d’un âge d’or en Formule 1. Sur le papier, il y a de l’espoir.

Mais son coéquipier Nelsinho Piquet ne le voit pas de cet oeil. Fils de la légende Nelson Piquet – triple champion du monde de F1 – Nelsinho se croit doué comme son père. Tout comme Bruno Senna pensait avoir le don d’Ayrton. Une spécialité brésilienne, assurément. Pour sa première saison dans la catégorie reine du sport automobile, Piquet Jr réalise des débuts tonitruants : cinq abandons sur les sept premières courses. Ou comment lancer idéalement sa carrière en Formule 1.

Tout va bien chez Renault. La bataille pour le titre fait rage. Oui, mais sans Renault. Alonso est septième, à 50 points de Massa. Un gouffre quand on sait que la victoire ne rapporte que dix points à l’époque. Il n’est donc officiellement plus dans la course au titre alors qu’il reste encore quatre grands prix à disputer. Pari gagnant de l’avoir ramené. Habituée de la crise, l’équipe d’Enstone se voit aussi reculée au classement des constructeurs.

La leçon de qualification continue : Alonso 14 – 0 Piquet

Renault arrive donc la tête dans le pot d’échappement au Grand Prix de Singapour. Mais ce week-end s’avère vite bien différent des autres. En effet, Alonso réalise les meilleurs temps lors des essais libres 2 et 3. Six dixièmes plus vite que la concurrence ! Nous commençons à devenir optimistes. La Q1 commence, Alonso se qualifie sans problème en 5ème position. Fidèle à lui-même, Piquet a préféré se placer à la 16e place, et faire 0-14 aux qualifications. Jouer à la bonite.

Mais soyons honnêtes, tout le monde dans le clan Renault s’en fiche. Tous les regards sont tournés vers Alonso. On se met alors à rêver… Inconscience totale, vite punie. Problème d’alimentation en carburant sur sa voiture. Il reste en tribunes. Relégué à la 15ème position de la course. Juste devant Piquet, ironiquement.

28 septembre 2008 : Renault 1 – 0 Fair-play

Dès le tour de formation, alors que la course n’a toujours pas démarré, Nelson Piquet Junior teste ses appuis en tête-à-queue. Cette fois, il s’y essaie au virage 23. Certains y voient une énième maladresse, mais il s’agit simplement d’un entraînement pour l’avenir.

Le départ de la course est donné. A la fin du douzième tour, Alonso s’arrête aux stands. Étrange stratégie alors qu’il n’est qu’en onzième position, et qu’il part dernier. Mais l’avantage quand on est en fond de grille, c’est que peu importe ce que l’on fait, personne ne le remarque vraiment. A peine deux tours plus tard, l’as du volant Nelsinho fracasse sa voiture au virage 17. Virage où il n’y a pas de grue, nécessitant donc le déploiement de la voiture de sécurité. Comme par hasard, « Don » Flavio Briatore.

Notez la jolie figure artistique. Toujours classe, même chez le perdant.

Alonso se retrouve quatrième. Mais Rosberg, Trulli et Fisichella doivent tous arrêter. Par le plus grand des hasards (oui oui), Alonso se retrouve en tête de la course au 34ème tour. Sur un circuit urbain, où il est difficile de doubler. L’Espagnol conserve facilement sa première place et remporte une course qui sauve indéniablement la saison de Renault. Le premier depuis 2006.

Été 2009 : Piqué dans son orgueil, le Brésilien pose ses valises à la FIA

Après une première année désastreuse au volant de sa Renault (neuf abandons en dix-huit courses tout de même), Nelsinho a néanmoins trouvé les ressources pour faire encore mieux la saison suivante. Un début de saison 2009 tout simplement lunaire : 10 grands prix, tous terminés hors des points. Et la dixième place comme meilleur résultat. Le Brésilien a été aimablement remercié pendant les vacances d’été par Flavio Briatore. Il n’en fallait pas beaucoup pour qu’il se détache.

Digne d’un western spaghetti, Nelsinho commence alors à régler ses comptes avec la marque au Diamant. Et tel un repenti, Piquet Jr dénonce un à un les sponsors de la supercherie de Singapour auprès de la FIA : le directeur général Flavio Briatore et celui de l’ingénierie Pat Symonds.

« M. Symonds, en présence de M. Briatore, m’a demandé si j’étais prêt à sacrifier ma course pour l’équipe en provoquant une voiture de sécurité. M. Symonds m’a pris à part et, à l’aide d’une carte, m’a montré l’endroit exact où j’aurais dû avoir l’accident » (Nelson Piquet Jr, FIA)

6ix9ine ferait mieux de faire attention.

16 septembre 2009 : Renault définitivement dans la légende

Ce qui suit dépasse l’entendement. Nous rapportons souvent des pertes amusantes. Mais celui-ci restera pour l’éternité. Une séquence en trois actes digne des plus belles comédies de Molière.

  • Le 11 septembre. Juste après les aveux de Nelson Piquet Jr, Renault F1 a décidé de le poursuivre en justice pour diffamation. Toujours aussi sereine, l’équipe avance même, évoquant un chantage pour prolonger le contrat du pilote brésilien.
  • 16 septembre. Cinq jours plus tard seulement, on assiste à un renversement digne de Koh-Lanta. Renault licencie Briatore et Symonds. Change de stratégie devant le tribunal et plaide désormais coupable. Le conseiller juridique était tout de même un peu maussade.
  • 21 septembre. Les sanctions tombent. Briatore a été banni à vie de la F1 par la FIA (avant d’être réhabilité par la justice française), Symonds suspendu cinq ans, Renault suspendu deux ans. Tout va bien qui finit bien, ou presque. Les deux principaux sponsors, ING et Mutua Madrileña, se perdent. La boucle est enfin bouclée.

L’un des slogans historiques de Renault résume parfaitement la situation : « Touche française « . L’originalité du talent français. A l’état pur. Et le meilleur dans cette histoire, c’est que 15 ans plus tard, Alpine va à nouveau solliciter Briatore pour l’aider dans sa quête. Comme s’ils avaient besoin d’aide pour se recracher.

 
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