“Je ne dors plus”, un an après l’explosion de la rue Saint-Jacques à Paris, la dure reconstruction des victimes

“Je ne dors plus”, un an après l’explosion de la rue Saint-Jacques à Paris, la dure reconstruction des victimes
“Je ne dors plus”, un an après l’explosion de la rue Saint-Jacques à Paris, la dure reconstruction des victimes

Il était presque 17 heures le 21 juin 2023 lorsqu’au 277 rue Saint-Jacques, le pavillon Nord du solennel Val de Grâce explose violemment. Le bâtiment appartenant au complexe militaire mais abritant une école de mode a été emporté par une explosion massive. Bilan du drame : trois morts, dont un enseignant retrouvé quelques jours plus tard sous les décombres, et deux grièvement blessés qui ont ensuite succombé à leurs blessures. L’explosion a également blessé une cinquantaine de personnes et endommagé quatre bâtiments voisins.

“Une souche ouverte”

Un an plus tard, le pavillon Nord reste vidé, à ciel ouvert et devant tout le monde. « Une souche ouverte », déplore Alain Polonsky, président du très soudé Collectif du Val de Grâce. A côté ou en face, les bâtiments endommagés sont toujours murés ou recouverts. Des cicatrices qui rappellent chaque jour les habitants et sinistrés qui passent par là plus ou moins régulièrement, la majorité étant des habitants du quartier qui y vivent encore. “sans-abri”organisé en famille ou entre amis.

Un an après l’explosion du 277 rue Saint-Jacques, les immeubles endommagés sont toujours en construction. © Radio-France
Faustine Mauerhan

“Un an, ce n’est rien, c’est comme si c’était hier,» résume l’un des survivants, assis sur un banc entre les fontaines de la place Laveran et le bruit des marteaux-piqueurs du chantier qui ne fait que commencer.

Mickael Gac, travaillait pour l’enseignement catholique dans la ruelle derrière le Val de Grâce. Il est l’une des victimes directes de cette explosion. Ce jour-là, il passait devant le bâtiment à vélo lorsque celui-ci a explosé. « Je venais de quitter les collègues il y a quelques instants. J’avais mon sac à dos en bandoulière et mon casque de vélo. Lorsque j’ai été projeté en arrière, je n’ai pas été directement écrasé par les pierres. Heureusement, nous étions à côté du Val de Grâce, donc les secours sont arrivés très vite”, il s’en souvient encore.

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« J’étais conscient, j’ai vu les cendres tomber autour de moi. J’ai pu lever la main, j’ai été extrait et mis de côté plus loin dans l’allée. Ensuite, j’ai été transféré à l’hôpital Percy. Il y restera trois semaines durant lesquelles Mickael subit 12 anesthésies générales pour les pansements quotidiens”. Brûlé sur 20% du corps : visage, mains, jambes, bras, des mitaines de contention bleues spécifiques aux brûlures graves dépassent de sa veste de costume assortie. “J’ai aussi des pantalons de compression”explique le survivant. « Jusqu’en mars, j’avais aussi des manchons de compression. Officiellement, je ne suis pas encore « stabilisé » sur le plan médical.

Un traumatisme profond pour tous

Voilà pour les blessures physiques. Pour les yeux bleus, c’est plus variable. “Les deux ou trois premières nuits se sont bien passées et puis petit à petit j’ai perdu le sommeil”explique par exemple Patrick Muller. « Moi qui n’avais aucune raison de me plaindre de la vie, j’avais une vie décente, c’était le début des problèmes »», raconte ce septuagénaire, propriétaire d’un appartement en rez-de-chaussée, sur la place, en face du 277. Il n’était pas chez lui au moment de l’explosion. Il a appris la tragédie grâce à un appel de sa sœur inquiète en apprenant la nouvelle. Chez Patrick les travaux seront bientôt terminés, “Il ne reste que le peintre, j’aurai les clés cet été.” Mais je ne suis pas sûr qu’il se précipite pour revenir… « Pour le moment, je ne vis plus ici mais je ne sais même pas si je pourrai à nouveau vivre chez moi. Je ne sais pas», soupire le septuagénaire alors que les larmes lui viennent aux yeux.

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A l’inverse, Nelly, sa voisine d’étage, n’attend que ça, lassée de vivre dans un petit appartement gentiment mis à disposition par des amis. « C’est très bien et dans le quartier mais ce n’est pas chez moi », sourit ce propriétaire de la rue Saint-Jacques depuis 30 ans. Mais son appartement au 4ème étage n’est pas non plus habitable pour le moment tant les dégâts ont été importants et la lutte avec les assurances a été longue. “Quand j’ai repris conscience”se souvient de Nelly qui lisait derrière une fenêtre ce jour-là, il y avait du verre brisé partout, la porte avait explosé, les placards étaient coupés en deux, il y avait un énorme trou dans une cloison. Ici, à la maison, les travaux ont commencé il y a environ deux semaines. Je prends courage car les choses commencent à avancer après qu’on ait attendu des mois que ça bouge, c’était une bataille constante avec les assurances et il n’y avait rien

Reconstruisez-vous et avancez

“Aujourd’hui, psychologiquement, je vais bien”, estime de son côté Mickael Gac. Je suis moins catégorique que je ne l’étais sur mon lit d’hôpital, lorsque j’ai dit que je ne passerais plus jamais sous le 277 de la rue Saint-Jacques. Mais dans quelques mois, nous retournerons travailler dans nos locaux voisins. Peut-être le jour où je recommencerai à gravir les quelques marches… »s’interrompt-il, emporté par l’émotion.

Malgré tout, Mickael Gac avance. « Chaque jour, je pense aux morts. J’ai eu la chance de m’en sortir « plutôt bien ». Cela fait désormais partie de moi, de mon identité car j’ai ces cicatrices, mais je souhaite continuer à avancer.

L’origine de l’explosion encore inconnue

Et cela passera par les réponses à l’enquête. Car si la fuite de gaz est quasiment certaine, tout le monde attend de connaître son origine. La plupart des victimes se sont constituées parties civiles pour suivre l’enquête de l’intérieur.

 
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