Euro 2024 | Angleterre | Le pragmatique Soutgathe fait « all-in »

Euro 2024 | Angleterre | Le pragmatique Soutgathe fait « all-in »
Euro 2024 | Angleterre | Le pragmatique Soutgathe fait « all-in »

Il serait tentant d’ajouter une ligne à la définition du Petit Robert : «cf. Southgate, Gareth ». Car c’est toujours une pratique à laquelle l’entraîneur a rendu hommage par le passé : en privilégiant le résultat, ce qui, dans le cadre d’une sélection, signifie minimiser les risques et s’appuyer sur le talent, certes, mais en prenant soin de le soutenir, Didier Deschamps ne serait pas d’un avis différent.

Cela a fonctionné pour Southgate. Avec lui, l’Angleterre a atteint une demi-finale de Coupe du monde et une finale d’Euro ; cela aurait pu, et sans doute dû, mettre un terme à la participation de la France à la Coupe du monde 2022 ; et que l’on ressente une certaine frustration malgré les progrès réalisés constitue en soi une autre preuve de réussite, quand on pense aux désillusions que nous avions connues auparavant. Ce n’est pas faute de mieux que Southgate s’apprête à diriger les Three Lions dans un quatrième tournoi majeur, ce qu’aucun autre entraîneur anglais n’a fait avant lui, hormis Sir Alf Ramsey, champion du monde 1966. C’est parce qu’il le méritait.

Pas de Maguire, pas de Rashford, pas de Sterling

Cela dit, ce tournoi, qui sera presque certainement son dernier à la tête de l’Angleterre, ne ressemblera à aucun des trois précédents pour lui. La raison est que son fameux « pragmatisme » a changé de sens, et il ne sera pas cette fois synonyme de « prudence ». On en avait déjà la preuve lorsqu’il communiquait ses listes de 33, puis de 26, qui contenaient leur lot de surprises. Pas de Maguire, pas de Rashford, pas de Sterling ; Wharton, Mainoo, Eze et Palmer sont restés sous les projecteurs après une seule vraie saison. Alors, à quoi jouait Southgate ? A-t-il découvert le goût de l’aventure sur le tard, à l’approche de son dernier tournoi international ?

Marcus Rashford

Crédit : Getty Images

C’est le nombre de personnes qui l’ont lu. Le « gentil » Gareth, arrivé au terme de son parcours avec l’Angleterre, aurait décidé de jouer sa main à fond, comme un joueur de poker sachant que le prochain tour de table serait sa dernière chance de remporter le pot. Puisqu’il n’y a plus rien à perdre, pourquoi ne pas essayer de gagner tout ce temps ?

Mais dire cela serait ignorer à quel point le changement d’attitude de Southgate repose avant tout sur la réalité à laquelle il doit faire face. Harry Maguire, blessé, n’aurait pas pu disputer les trois matches de poule de l’Angleterre, moins faciles à négocier qu’ils ne le paraissaient sur le papier. L’entraîneur, plus ou moins obligé de miser sur la condition physique de Luke Shaw pour disposer d’un véritable spécialiste au poste d’arrière gauche, ne pouvait pas se permettre le luxe d’inclure un autre défenseur qui ne serait disponible que lors de la deuxième phase du tournoi.

Il ne vous manque qu’un seul environnement, et….

De même, l’idée d’aligner Trent Alexander-Arnold au milieu de terrain n’est pas illogique, compte tenu du manque de moyens dans ce secteur de jeu, où, en l’absence de Kalvin Phillips, absent depuis son transfert à Manchester City, il est difficile de voir qui aligner aux côtés de Declan Rice. Jordan Henderson, parti se perdre en Arabie Saoudite, revenu sur la pointe des pieds à l’Ajax, n’est plus le patron de 2018 et 2021. Faire descendre d’un cran Jude Bellingham serait certes possible, mais taillerait les ailes d’un joueur qui a fait ses preuves. avec le Real Madrid, il possède des qualités de buteur exceptionnelles. TAA a déjà joué à ce poste avec Liverpool. Il a fait une excellente impression lors de la victoire anglaise sur la Bosnie-Herzégovine. Il a soif de revanche après avoir été laissé de côté pour la Coupe du monde 2022. Optez pour TAA.

Trent Alexander-Arnold

Crédit : Getty Images

Être pragmatique, c’est savoir « s’adapter à l’action concrète », nous dit le dictionnaire. Southgate ne fait rien d’autre que continuer à l’être, en modulant son approche en fonction des atouts dont il dispose, et qui ne sont pas ou plus tout à fait ceux qu’il avait pour l’Euro 2020 et la Coupe du monde qatarie. En l’absence de Ben Chilwell, Reece James et Harry Maguire, il n’a d’autre choix que d’aligner un défenseur à quatre sans précédent, en priant pour que le virus qui a frappé John Stones ne se propage pas dans le vestiaire, et que le défenseur central de Manchester City récupère. à temps pour affronter la Serbie de Mitrović et Vlahović.

La force de l’Angleterre, c’est son attaque, tout le monde le sait et le répète encore et encore ; et s’il y a bien un reproche qui aurait pu être fait à Southgate par le passé, c’est de ne pas s’être encore plus appuyé sur elle. Pour lui, c’était une question d’équilibre, et les événements lui avaient donné raison la plupart du temps, même si son cœur s’était rarement emballé. Le problème est qu’en l’absence d’un deuxième milieu défensif qui mérite ce nom, et avec un retour cinq qui n’auront jamais joué un seul match compétitif ensemble avant ce tournoi, l’équilibre recherché lors des tournois précédents est désormais hors d’atteinte. Une vilaine défaite contre l’Islande la semaine dernière a montré comment l’Angleterre arrive à cet Euro sans aucune certitude qu’elle doit faire mieux, c’est-à-dire différemment.

Southgate n’a donc d’autre choix que d’embrasser une promesse jusqu’ici non tenue, celle d’une génération d’attaquants encore très jeunes, mais suffisamment expérimentés pour que l’on puisse dire qu’ils mûrissent. Ils peuvent encore compter sur l’irremplaçable Harry Kane pour terminer ce qu’ils ont commencé, pour l’une des dernières fois. Leur moment est venu, un moment que Southgate doit saisir avant de lui dire au revoir. Il n’aura rien à faire pour ce faire. Espérons qu’il soit « pragmatique » jusqu’au bout.

 
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