Pas sûr qu’on aurait choisi ce nom pour un van de street food. Mais si les supporters de l’équipe de Suisse ont voulu faire le plein de frites samedi matin, c’est aux « Pommes Pervers » que ça s’est passé. La traduction fortuite n’a pas empêché une file massive de se former devant l’enseigne, comme devant tous les autres stands de la zone où s’étaient retrouvés les supporters suisses. «Nous aurons probablement besoin d’un peu plus de personnel pour servir les bières mercredi avant le match contre l’Ecosse», sourit Jérôme Lambert, le chef de la délégation suisse.
La mobilisation des supporters suisses en ce samedi du coup d’envoi de l’Euro est pour eux impressionnante. Avec les 10 000 détenteurs de billets pour le duel contre la Hongrie déjà répertoriés, il ne serait pas surprenant que plusieurs milliers s’ajoutent au décompte final. Une grande partie de ce beau monde s’était donc donné rendez-vous à 10 heures dans un coin du Stadtwald.
Ceux qui n’étaient pas complètement sûrs de son emplacement n’avaient qu’à suivre la musique. À près d’un kilomètre à la ronde résonnaient le tube qui a valu à Nemo la victoire au dernier Eurovision, mais évidemment aussi la chanson suisse, ainsi que nombre de morceaux plus ou moins connus et plus ou moins folkloriques du répertoire suisse alémanique. «Les Suisses allemands sont majoritaires. Si on veut mettre de l’ambiance, c’est normal de penser à eux en premier», explique Luca Bonnet, le DJ neuchâtelois chargé de faire chauffer la vague rouge.
Une vague rouge à forte consonance alémanique donc, mais qui n’a pas manqué de rappeler qu’il existait d’autres langues nationales en Suisse. Lorsque le cortège s’élança vers le stade dans un cortège particulièrement long, quelques « Tous ensemble ! et « Forza Svizzera » ont émergé de la foule. Ambiance chaleureuse, que les passants ont eu l’occasion d’immortaliser. Contrairement à ce qui se passe dans le football de club, personne n’était là pour crier après les badauds qui sortaient leur téléphone portable pour filmer la scène.
Il a fallu environ une heure au cortège pour atteindre le stade RheinEnergie, où la Suisse affronte la Hongrie à partir de 15 heures. Parmi les scènes particulièrement amusantes vues: un groupe de Bâlois visiblement très fiers de leur pancarte «La fondue vaut mieux que le goulasch»; un Shaqiri en carton buvant un Coca et armé d’une cape cousue d’un drapeau suisse ; et cette gigantesque palette de bières gratuites, venues d’on ne sait où, mais dont l’arrivée a été célébrée comme un but de l’équipe suisse. Enfin, pour être parfaitement sûr de la comparaison, on attendra jusqu’à 15 heures. Si la Suisse se hisse à la hauteur de ses supporters, elle ne devrait pas avoir trop de mal à trouver la faille.
