Comment est-ce possible ?
L’OM et Roberto De Zerbi n’étaient pas censés se croiser. Le club phocéen, en quête d’un entraîneur, semblait définitivement tourné vers Sergio Conceiçao après l’échec de la piste menant à Paulo Fonseca, parti à Milan. L’Italien ne semblait pas dans les cordes pour l’OM. Après son départ de Brighton, il était susceptible de prendre la tête d’une équipe d’une autre catégorie. Son nom a été évoqué au Bayern Munich, à Manchester United et à Chelsea notamment. Le voir sur le point d’atterrir sur la Canebière est d’autant plus improbable. Mais ce scénario s’est néanmoins imposé ces derniers jours.
Lassé des atermoiements de Conceiçao, Marseille a tâté le terrain du côté de De Zerbi, sans forcément trop y croire. Mais l’ancien coach des Seagulls a répondu positivement à l’appel de Pablo Longoria et Mehdi Benatia. Déjà parce qu’il apprécie le contexte marseillais, comme il l’a dit lors du déplacement de Brighton au Vélodrome en Ligue Europa cette saison. Aussi parce que ses destinations potentielles se sont bloquées au fil du temps. Le Bayern a misé sur Vincent Kompany, Chelsea sur Enzo Marseca et Manchester United a choisi de conserver Eric ten Hag. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la piste marseillaise est presque devenue une évidence pour l’Italien.
Pourquoi est-ce si important ?
Au vu de son palmarès en tant qu’entraîneur, il n’y a pas forcément de quoi s’enthousiasmer. Jusqu’à présent, De Zerbi n’a remporté qu’une seule Super Coupe d’Ukraine en tant qu’entraîneur. Le technicien de 45 ans s’est taillé une solide réputation autrement, à travers un style de jeu qui a été unanimement apprécié partout où il est passé, notamment à Sassuolo, au Shakhtar et surtout à Brighton, dans un championnat surexposé comme la Premier League. . Considéré par Josep Guardiola comme «l’un des managers les plus influents des 20 dernières années», l’Italien a réalisé un petit exploit en qualifiant les Seagulls pour la Ligue Europa la saison dernière.
Josep Guardiola et Roberto De Zerbi
Crédit : Getty Images
Marseille est sur le point d’attirer l’un des entraîneurs les plus prisés du moment, même si Brighton a dû se contenter de la 11e place du championnat la saison dernière. Le coup est d’autant plus retentissant que l’OM ne semblait pas avoir les arguments sportifs pour le convaincre de venir. Seulement 8ème de Ligue 1, le club phocéen ne disputera aucune Coupe d’Europe la saison prochaine, contrairement aux clubs auxquels le nom de De Zerbi était associé jusqu’à présent. Mais cela n’a visiblement pas atténué l’attrait de l’Italien pour Marseille.
Pourquoi cela reste-t-il un pari financier…
Une basket à la mode a un prix élevé. Il y a déjà l’indemnité que devra verser l’OM à Brighton, où De Zerbi reste contractuellement lié jusqu’en 2026 même si son départ est confirmé. Sa clause libératoire a été réduite de 16 à 6 millions d’euros, et les dirigeants olympiens seraient en train de négocier pour parvenir à un accord sur un montant final de 5 millions d’euros. Il y a avant tout le salaire. De Zerbi a revu à la baisse ses exigences, mais Marseille aurait accepté de lui proposer 6 millions d’euros bruts par saison avec un contrat de trois ans.
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Une somme très conséquente pour un entraîneur de l’OM, surtout compte tenu des finances marseillaises. L’Equipe annonce cette semaine un déficit de 70 millions d’euros pour le club phocéen, dont la priorité cet été serait de réduire sa masse salariale de 30%. Marseille ne pourra pas non plus compter sur la manne financière de la qualification en Ligue des champions pour renflouer ses caisses. Dans ce contexte économique, il y a un côté paradoxal à recruter un entraîneur comme De Zerbi. Et en ce sens, c’est un pari financier.
…et sportif ?
Il y a déjà le paramètre technique. De Zerbi a une philosophie de jeu atypique, basée sur des sorties de balle courtes depuis la base arrière et un élan d’énergie physique important. Marseille n’a pas forcément un effectif adapté au style de l’Italien et son arrivée impliquerait probablement quelques renforts estivaux. Sur sa réputation, l’ancien entraîneur de Sassuolo peut convaincre des gros calibres, mais la capacité des dirigeants marseillais à soutenir financièrement ce type de recrue reste un gros point d’interrogation.
Dans tous les cas, ce sera aussi une question de patience. Mettre en place le style de jeu de De Zerbi demande du temps et la direction marseillaise sort d’une saison où elle a eu pas moins de trois entraîneurs, de Marcelino à Jean-Louis Gasset en passant par Gennaro Gattuso, sans oublier l’éphémère Jacques Abardonado. En un peu plus de trois ans sous la présidence de Longoria, Marseille a vu huit entraîneurs différents. Trop pour permettre à un projet de se réaliser. Mais c’est tout l’intérêt de confier le banc olympien à De Zerbi.
