Le jeu de société de ces collégiens, c’est la Résistance [Vidéo] – .

Un plateau inspiré du jeu de l’Oie. Sept pions aux visages de fortes personnalités de la Résistance, comme Ginette Kolinka, Jean Moulin ou bien sûr le général de Gaulle. Des cartes « armes » ou « faux papier » pour échapper aux pièges des « trains » ou des « camps ». Devant les pièces très professionnelles de leur jeu de société 100% fait maison, ce ne sont pas des indépendants mais des collégiens timides qui présentent leur création, au collège Jean-Marie Le Bris de Douarnenez, ce jeudi mai 2024.

Luka, 15 ans, explique cette « Nuit et Brouillard », construite et conçue autour du programme d’histoire sur la Seconde Guerre mondiale : « On ne joue pas les uns contre les autres mais les uns avec les autres. Il s’agit de traverser la guerre sans se retrouver pris au piège. Si vous êtes envoyé dans une case de train, un autre joueur devra répondre correctement à un quiz pour tenter de vous sortir de là.

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Le général de Gaulle, Anne Franck et le couple Aubrac font partie des six personnages historiques choisis pour le jeu de société “Nuit et Brouillard”, candidat au concours national de la Résistance. Les 3ème Segpa du collège Le Bris de Douarnenez en sont les designers. (Le Télégramme/Sophie Prévost)

« Un moteur incroyable »

La guerre de 39-45, ces étudiants de 3e année de Segpa adaptés n’en connaissaient jusqu’alors que le minimum : « L’Allemagne contre la France, Adolf Hitler, et un peu les camps de concentration », énumère le groupe des neuf. A la rentrée, leur enseignante Sandrine Ascoët cherchait une autre manière d’intéresser « ces oiseaux aux ailes un peu cassées » à un sujet pas facile à rendre lisible sans le support de l’écriture. « Nous nous sommes assis autour de la table. L’idée de créer un jeu est venue naturellement », raconte l’institutrice spécialisée dans la pédagogie adaptée.

A condition de se lancer un défi, autant le faire avec panache : « Le collège Jean-Marie Le Bris n’a jamais participé au concours national annuel Résistance et Déportation. Ce jeu et l’engouement suscité par Sandrine Ascoët ont été un formidable moteur pour amener les élèves en difficulté scolaire vers les apprentissages », poursuit Michèle Gillot, directrice adjointe en charge de la Segpa.

L’ennemi, c’est le plateau et le timer, volontairement court, quinze minutes. Pour avancer, il faut s’entraider

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On dit qu’ils sont en colère contre l’école. Les élèves de 3e Segpa du collège Le Bris de Douarnenez ont néanmoins rédigé 50 questions sur la Résistance. Ils font partie du jeu de société « Nuit et Brouillard » qu’ils ont entièrement conçu et réalisé début 2024. « Une grande fierté ». (Le Télégramme/Sophie Prévost)

“Sans Pétain ni Hitler”

De septembre à décembre 2023, le petit comité exécutif s’est partagé les travaux. Noa est responsable de la création de la couverture et des visuels du décor sur le logiciel Canvas. A Nathan, Ewan, Ethan ou encore Lola la rédaction des six cartes d’identité sur Anne Frank, le couple Aubrac ou encore Germaine Tillion. « Il y avait un parti pris très fort et non négociable chez les étudiants de ne mettre en avant que des personnalités positives », relate Sandrine Ascoët. Nous n’avons volontairement pas inclus le maréchal Pétain ni Adolf Hitler. »

Le groupe a également divisé la réponse à 50 questions à choix multiples, dans le style Trivial Pursuit. Dix fiches sur le camp de concentration d’Auschwitz, la rafle des enfants Izieu et le procès de Nuremberg ont également été formatées à la une des journaux d’époque. La fabrication des pions en bois a dû être recommencée à deux reprises en atelier « pour qu’ils tiennent mieux sur le plateau ». En parallèle, Kaélan et le professeur ont joué et rejoué afin d’améliorer les règles et l’esprit d’équipe. « L’ennemi, c’est le plateau et le timer, volontairement court, quinze minutes. Pour avancer, nous devons nous entraider.

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Un jeu de société sur la guerre 39-45, conçu de A à Z par des élèves de 3e Segpa : c’est le défi relevé par la professeure d’histoire-géographie Sandrine Ascoët, au collège Jean-Marie Le Bris de Douarnenez. A la fin de l’année scolaire 2024, il ne manque plus qu’un éditeur. (Le Télégramme/Sophie Prévost)

« Très fier d’eux ! »

Sandrine Ascoët en est encore émue aujourd’hui. « Comme tous les adolescents, mes élèves passent plus de temps sur leur téléphone portable qu’à jouer au Monopoly. Pour ce projet, ils ont fait des sorties le week-end et m’ont même écrit pendant les vacances scolaires. Je suis très fier d’eux et du travail qu’ils ont accompli ! »

Un sentiment partagé par l’inspecteur départemental de l’Éducation nationale, Emmanuel Brault, « bluffé par le résultat » et qui trouve « très beau d’avoir aidé des jeunes vulnérables à appréhender le devoir de mémoire ».

Si la belle histoire n’a malheureusement pas été lauréate du concours national, Sandrine Ascoët a contacté plusieurs éditeurs de jeux : « Ce seront sans doute les meilleurs juges. Pour nous tous, la plus grande récompense serait de voir d’autres personnes y jouer. »

 
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