IA & datacenters : l’usine à gaz

IA & datacenters : l’usine à gaz
IA & datacenters : l’usine à gaz

Les bénéfices de l’intelligence artificielle sont encore difficiles à quantifier. En revanche, les coûts pourraient se matérialiser rapidement.

En 2025, près de 500 exaoctets de données seront créés chaque jour, soit 2 millions de disques durs de 500 gigaoctets chacun. Des chiffres qui suggèrent que d’ici 2030, la consommation énergétique des datacenters, tirée par les besoins de l’intelligence artificielle, pourrait représenter un bon tiers de l’augmentation incrémentale de la demande électrique dans le monde. Cela pourrait représenter près de 5 % des besoins énergétiques mondiaux, si l’on en croit les estimations de l’Agence internationale de l’énergie. L’équivalent d’un pays comme le Japon.

Les engagements environnementaux menacés par l’IA

Avec un tel appétit de pouvoir, la facture environnementale devient plus salée que l’eau de mer dans laquelle est immergé le projet Natick de Microsoft. Notre mix énergétique primaire n’est toujours pas descendu en dessous du seuil des 80 % d’origine fossile. Sur les 400 TWh consommés par les datacenters en 2023, seulement un peu plus de 50 proviennent de sources renouvelables. Ainsi, environ 200 millions de tonnes de CO2 en 2023, les émissions induites (au sens large) par les datacenters pourraient approcher les 600 millions en 2030. C’est près de 7 fois le bilan de la chaîne de valeur d’extraction et de raffinage du cuivre et la moitié de l’acier mondial.

La croissance d’abord, la gestion des externalités négatives ensuite.

Microsoft s’est engagé sur la voie de la neutralité carbone, mais le virage de l’IA pris par le groupe (qui a investi dans OpenAI) remet en question cette trajectoire. Cela nécessite de déployer des infrastructures d’acier, de ciment, de nombreux minéraux et métaux et de fibres optiques connectées à un réseau électrique déjà tendu. Et de tout alimenter (40 % de l’énergie est utilisée pour le calcul, 40 % pour le refroidissement) avec les sources d’énergie disponibles. Pas le temps d’attendre une couverture d’approvisionnement à 100 % grâce aux accords d’achat d’énergie verte ; il faut aller vite, très vite dans la compétition Cloud et IA. Les actionnaires n’attendent rien de moins qu’une hypercroissance.

Ainsi, à l’occasion de la publication mercredi dernier de son rapport de développement durable, où l’entreprise assume sa responsabilité tout au long de la chaîne d’approvisionnement, Microsoft n’a d’autre choix que d’annoncer une hausse de 30 % de ses émissions depuis 2020. En contrepartie, la firme de Seattle s’engage à cofinancer 10 milliards de dollars dans des projets de production d’électricité renouvelable avec Brookfield Asset Management. La croissance d’abord, la gestion des externalités négatives ensuite.

Les bénéfices sociétaux de l’IA sont encore difficiles à quantifier. Mais du point de vue énergétique, en revanche, les coûts pourraient se matérialiser rapidement. Les centres de données stimuleront à eux seuls la croissance de la demande d’électricité aux États-Unis et en Europe. Sam Altman prévient : « il n’y aura pas d’IA sans révolution énergétique ». Elon Musk prophétise : « Après les semi-conducteurs, les prochaines pénuries viendront de l’électricité et des transformateurs, qui permettent d’augmenter ou de baisser la tension. » On les retrouve sur tout le réseau, dans les chargeurs de nos ordinateurs, téléphones et bornes de recharge rapide pour véhicules électriques. Ils sont recouverts de cuivre. Le cuivre qui avoisine les 10 500 dollars la tonne sur les contrats glissants à 3 mois du London Metal Exchange. Et qui a fait face à une prime historique de 1.300 dollars sur les contrats de Chicago (moins liquides), due à un rachat de positions courtes.

 
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