« Vous vouliez gagner plus d’argent, n’est-ce pas ? » » : la défense de Donald Trump a tenté jeudi de discréditer la star du porno Stormy Daniels lors de la deuxième journée de témoignage crucial et rempli de tensions au procès de l’ancien président des Etats-Unis à New York.
Déjà entendue pendant cinq heures mardi, l’actrice et réalisatrice avait livré un récit sans filtre de sa rencontre et de la relation sexuelle qu’elle affirme avoir eue en 2006 avec l’actuel candidat républicain à la présidentielle, en marge d’un tournoi de golf des célébrités du Nevada.
Une relation sexuelle démentie par Donald Trump mais au cœur du problème, car c’est pour garder le silence dix ans plus tard sur cet épisode que l’actrice a reçu 130 000 $ de la part de l’ex-avocat de Donald Trump, Michael Cohen, au titre d’un accord de confidentialité dûment signé.
L’ancien président des Etats-Unis, le premier de l’histoire à comparaître devant une procédure pénale, est jugé pour la dissimulation, dans les comptes de sa holding, la Trump Organization, du remboursement de sommes à son avocat. Il est jugé pour 34 délits de falsification comptable, ce qui pourrait lui valoir une condamnation et en théorie jusqu’à une peine de prison.
Donald Trump, 77 ans, a dénoncé jeudi dès son arrivée au tribunal, une affaire « Frankenstein » que « personne ne comprend ».
« Du faux sexe »
Puis, à l’intérieur de la salle d’audience au look désuet, avec ses meubles en bois démodés et ses lustres au néon blanc, l’une de ses avocates, Susan Necheles, a poursuivi son contre-interrogatoire commencé mardi, cherchant à pousser Stormy Daniels dans ses retranchements et à la présenter comme une femme avide d’argent.
« Tu voulais gagner de l’argent ? », « Vous vouliez gagner plus d’argent, n’est-ce pas ? », a répété l’avocate, sur les raisons qui l’avaient poussée à négocier un accord de confidentialité avec Donald Trump. « Vous avez menacé de nuire politiquement au président Trump s’il ne vous donnait pas d’argent pour cette histoire ? », a-t-elle insisté.
«J’ai choisi la sécurité», a répondu Stormy Daniels. « La meilleure solution était de protéger mon histoire par une trace écrite, afin que ma famille ne soit pas en danger », a-t-elle ajouté.
Susan Necheles a continué. « Vous avez également joué et réalisé plus de 150 films pornographiques […] vous avez donc beaucoup d’expérience pour concrétiser le faux sexe », a-t-elle déclaré. « Je n’avais pas besoin d’écrire celui-là », rétorqua-t-elle.
L’avocate a rappelé mardi que Stormy Daniels devait toujours 600 000 dollars de frais juridiques à l’ancien président, après un procès en diffamation perdu contre lui, et affirmé qu’elle avait tout intérêt à le voir condamné. Depuis le 15 avril, Donald Trump doit s’asseoir presque tous les jours dans la salle d’audience de Manhattan et écouter en silence les débats, une obligation qui l’empêche de faire campagne à sa guise.
“J’ai senti le sang s’écouler de mes mains”
Mardi, Stormy Daniels n’a rien caché de sa rencontre en 2006 avec le magnat de l’immobilier : du « pyjama en soie ou en satin » qu’il portait dans sa suite d’hôtel, aux secrets de sa femme – « nous ne dormons pas dans la même chambre ». – jusqu’au fait qu’il n’a pas utilisé de préservatif.
Stormy Daniels a décrit sa réaction lorsqu’elle est sortie de la salle de bain pour trouver le milliardaire de 60 ans qui l’attendait déshabillé sur son lit. «J’ai senti le sang quitter mes mains», a-t-elle déclaré. Si elle ne s’est pas sentie menacée, elle assure que l’intention de l’homme d’affaires “était assez claire” et que “le rapport de force était déséquilibré”.
La défense a dénoncé un éclat indigne et « extrêmement dommageable » pour le candidat républicain, six mois avant son nouveau duel contre Joe Biden, le 5 novembre. Le juge Juan Merchan a reconnu que certains passages du témoignage auraient pu « rester silencieux ». Signe de la tension qui régnait, il a également demandé aux avocats de Donald Trump de préserver leur client, qui a “juré de manière audible” lors du récit de Stormy Daniels, de réactions de nature à “intimider le témoin”.
