Roland Ratzenberger, injustement oublié

Roland Ratzenberger, injustement oublié
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Lorsque Roland Ratzenberger s’est finalement installé en F1, on l’avait presque oublié. On pensait qu’il était exilé à vie au Japon. Mais le garçon de Salzbourg persiste. Pour lui, une arrivée dans la discipline, aussi tardive soit-elle à presque 34 ans, est une suite naturelle de son parcours qui a emprunté de multiples chemins.

Pilote plus travailleur que naturellement doué, il fait ses débuts en F1 en 1994. Il convainc (horizontalement) la mystérieuse milliardaire Barbara Behlau de payer personnellement sa place au sein de la modeste écurie Simtek jusqu’au Grand Prix. depuis l’Espagne, voire même jusqu’au Canada si tout va bien. Pour Roland, il faudra cependant mordre à sa chique : le Simtek S941 est rustique et propulsé par un ancestral V8 Cosworth. Par ailleurs, l’effectif de l’équipe Banbury est constitué d’un commando de 35 personnes. Un chiffre dérisoire quand on sait que Ferrari comptait à l’époque dix fois plus de personnes dans ses rangs.

Roland Ratzenberger pose devant les photographes lors de la présentation des pilotes du plateau 1994 au Brésil. ©DR

Comme prévu, le premier Grand Prix disputé au Brésil s’annonce difficile pour l’équipe violette qui doit affronter les tours éliminatoires des qualifications. A l’époque, il n’y avait que vingt-six places disponibles sur la grille du dimanche pour vingt-huit candidats. Malheureusement, Ratzenberger, dont la voiture a été achevée à la dernière minute, n’a pas été qualifié. Dommage, ses grands débuts sont reportés au prochain Grand Prix du Pacifique à Aida. Ça tombe bien, le néophyte connaît par cœur ce nouveau circuit de F1 grâce à son expérience acquise au Japon. Qualifié, il profite des nombreux abandons pour franchir la ligne d’arrivée à la onzième place, à cinq tours de Michael Schumacher. Lorsqu’il est reconnu à l’aéroport pour avoir participé au Grand Prix, il est rempli de bonheur : non seulement il court en Formule 1 mais il est aussi considéré comme un véritable pilote de F1 aux yeux du public.

mouette

Roland voulait ardemment conduire une voiture de F1. On pouvait voir qu’il avait travaillé dur pour en arriver là.

Roland arrive à Imola galvanisé par sa performance japonaise. Pour sa troisième tentative, son premier objectif est d’assurer sa qualification pour la course. La chute de Rubens Barrichello lors des essais du vendredi l’aide quelque peu puisqu’il lui suffit de battre une voiture pour obtenir son ticket du dimanche. Mais samedi, Bertrand Gachot a réussi à hisser son Pacifique devant le Simtek n°32 et Paul Belmondo menacé sur l’autre Pacifique. Hors de question pour le vaillant Autrichien de se laisser faire, il revient au charbon. Il confie également à son ingénieur Humphrey Corbett : « Je fais vraiment des choses que je ne devrais pas faire avec cette voiture. J’ai besoin de me calmer…”

Une des dernières photos de Roland Ratzenberger vivant… ©DR

Roland reprend la piste. Utilisant la violence, il a escaladé un trottoir à Acque Minerali, endommageant ainsi son aileron avant. Mais plutôt que de retourner aux stands pour faire vérifier sa machine, il repart le couteau entre les dents pour un deuxième tour rapide. Ce qui se passe ensuite est terrible. A pleine charge sur la longue ligne droite du circuit italien, l’appendice se brise et Roland, passager d’une voiture folle, s’écrase contre le rail du virage de Villeneuve à plus de 300 km/h. La violence du choc est impressionnante, la structure en carbone Kevlar éclate littéralement sous l’impact. Les médecins interviennent sur la piste mais il est trop tard. Le malheureux Roland Ratzenberger fut tué sur le coup. Dans les tribunes, tout le monde reste sans voix : la mort, qui n’avait plus frappé depuis le Grand Prix de Montréal 1982 et l’accident de Riccardo Paletti, fait de nouveau son apparition en F1.

La mort du rookie a été un coup terrible pour le microcosme de la F1. Il y a eu tellement de miracles dans la discipline qu’on a fini par penser qu’on ne pouvait plus se suicider. Bertrand Gachot, qui fut son équipier en Formule Ford et en Formule 3, disait de lui juste après l’annonce de son décès : «C’était quelqu’un qui avait vraiment la volonté de réussir. A l’époque, il dormait au-dessus de son atelier ou dans une toute petite caravane. Il préparait lui-même ses voitures, il était toujours plein de graisse. Et c’était quelqu’un qui voulait vraiment conduire une F1, on pouvait dire qu’il avait travaillé dur pour y arriver, cela n’était pas venu sur un plateau..

Ayrton Senna a très mal pris le choc, hésitant même à ne pas prendre part à la course le lendemain. Quant à l’équipe Simtek, terriblement ébranlée, elle poursuit l’aventure tant bien que mal jusqu’à l’asphyxie financière au soir du GP de Monaco 1995. Avec une inscription spéciale sur les boîtes à air : “Pour Roland”.

Rudolf Ratzenberger, le père de Roland, continue d’entretenir la flamme. ©DR
 
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