Grand de Québec et Montréal

Peu nombreux mais bien visibles dans les plus grandes courses européennes, les meilleurs cyclistes québécois rêvent de pouvoir enfin rouler à domicile dans des épreuves de niveau WorldTour, tout comme leurs confrères masculins, qui participent aux Grands cyclistes de Québec et de Montréal depuis 2010.


Publié à 2h05

Mis à jour à 6h00

Contrairement à la majorité des classiques de la même catégorie en Europe, les courses canadiennes n’ont pas de version féminine, si bien qu’Olivia Baril, Simone Boilard et autres Clara Émond n’ont jamais l’occasion de courir chez elles.

Ce serait incroyable d’avoir cette chance. J’adorerais ça et ce serait une grande motivation pour les jeunes cyclistes.

Simone Boilard, membre de l’équipe norvégienne Uno-X Mobility

« Ce serait magique », ajoute Magdeleine Vallières Mill, représentante de la nouvelle formation américaine EF Education-Cannondale. Pour sa coéquipière Clara Émond, la présentation de tels événements au Québec ne serait qu’une évolution logique : « Il y en a pour les hommes, je ne vois pas pourquoi il n’y en aurait pas aussi pour les femmes. »

Olivia Baril, meilleure cycliste canadienne depuis le début de la saison, tire le même constat. “Il serait temps”, estime l’un des principaux dirigeants de l’équipe espagnole Movistar.

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PHOTO FOURNIE PAR MOVISTAR

Olivia Baril

Dimanche, les quatre Québécois ont pris part à Liège-Bastogne-Liège, l’une des plus anciennes courses masculines – ce qui lui vaut le surnom de « Doyenne » -, qui a son homologue féminine depuis 2017. Ils ont ainsi conclu la campagne des classiques ardennaises après la Flèche. Brabançonne, l’Amstel Gold Race et la Flèche Wallonne, en Belgique et aux Pays-Bas, exactement le même enchaînement que leurs confrères masculins.

Baril, Émond et Vallières Mill tournent désormais leur attention vers la Vuelta, en Espagne, le premier des trois grands tours qui seront suivis du Giro, en Italie, et du Tour de . Le cyclisme international se féminise, tant dans les courses que dans les équipes. Cette tendance trouve peu d’écho au Canada et aux États-Unis.

« La motivation sera là » en 2025

L’automne dernier, le maire de Québec, Bruno Marchand, a profité de la présence de Marion Rousse, directrice du Tour de France Femmes, au Grand Prix Cycliste de Québec pour livrer un plaidoyer fort sur le cyclisme féminin lors de la conférence de presse d’ouverture.

«Merci de faire ce travail vers l’égalité, vers la parité, vers cette capacité de dire à nos filles qu’il y a de la place pour elles aussi», a déclaré l’édile à celui qui a analysé les courses pour TVA Sports.

Les principaux acteurs attendent toujours le signal de départ. «Je n’ai pas envie d’avoir 35 ans, de voir les courses se dérouler et de me dire : j’aurais tellement aimé ça», souligne Boilard, 26 ans.e à Liège-Bastogne-Liège et 14e de l’Amstel. « Ce serait incroyable de pouvoir les faire au cours de ma carrière. »

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PHOTO FOURNIE PAR UNO-X MOBILITY

Simone Boilard

La tenue des Championnats du monde de cyclisme sur route à Montréal en 2026 représente une occasion idéale pour lancer les éditions féminines du Grand Prix cyclistes (GPCQM) au Québec, fait valoir l’athlète de 23 ans : « Les équipes féminines voudront venir tester le itinéraires l’année prochaine. La motivation sera là. »

Soucieuse de ne pas « se mettre en avant », Boilard a uni ses collègues canadiens derrière sa démarche. Comme elle, ils ont tous assisté à plusieurs éditions de classiques canadiens en tant que spectateurs. Magdeleine Vallières Moulin raconte avoir échappé à l’attention de son père, qui travaillait dans un kiosque de vente, pour se mêler à la foule du mont Royal.

“Je pensais que c’était tellement cool! se souvient celui qui devait avoir 10 ou 11 ans à l’époque. Ça me faisait un peu rêver, mais dans ma tête, ce n’était pas possible car c’était pour les hommes. S’il y avait eu une course pour les femmes, cela m’aurait tellement motivé. Ça m’aurait fait dire : ah, c’est vrai que c’est un boulot possible et ça vaut le coup de continuer à pousser [dans ce sport]. »

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PHOTO PRISE DU COMPTE INSTAGRAM DU MOULIN MAGDELEINE VALLIÈRES

Moulin Magdeleine Vallières

La renaissance d’un Tour de France féminin aura cet effet galvanisant sur une nouvelle génération de cyclistes, estime la Sherbrookoise de 22 ans, qui a participé aux deux premières présentations, en 2022 et 2023.

Meilleur Canadien du dernier tour, avec un 23e Au classement général, on « demande souvent » à Clara Émond quand Québec et Montréal accueilleront les épreuves féminines du WorldTour. « Ce sont des courses très appréciées du public et des coureurs », raconte l’ancien skieur alpin de Saint-Ferréol-les-Neiges, converti sur le tard au cyclisme.

La grimpeuse de 27 ans s’estime chanceuse d’avoir atteint si rapidement le plus haut niveau. L’avocate de formation met en avant l’apport précieux de sa première équipe, Emotional.fr-Tornatech-GSC Blagnac VS31, sans laquelle elle ne se serait jamais fait connaître en Europe. Tenue à distance par son directeur Gérard Penarroya, la structure canadienne a cessé ses activités l’an dernier après une quinzaine d’années d’existence.

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PHOTO FOURNIE PAR L’ÉQUIPE ARKÉA PRO CYCLISME

Clara Émond

« Une grande course comme celle-ci pourrait peut-être encourager de plus gros commanditaires à financer des équipes féminines et augmenter le nombre de Canadiennes qui participent à des compétitions internationales », soutient Clara Émond. Parce que nous ne sommes vraiment pas nombreux dans le peloton. »

Volonté politique pour une version féminine ?

Une version féminine des Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal est un souhait partagé par les organisateurs. «C’est plus qu’un projet, c’est un rêve», affirme Sébastien Arsenault, PDG de GPCQM. Il note que le mois de septembre est ouvert dans le calendrier féminin du WorldTour, à peu près aux mêmes dates que les compétitions masculines.

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PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Sébastien Arsenault, PDG des Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal

Comme l’automne dernier, le promoteur répète d’emblée qu’il ne veut pas « arriver avec une qualité d’organisation moindre » que pour les épreuves masculines. Autrement dit, les coûts seraient équivalents et il ne voit pas d’économies d’échelle significatives. Les GPCQM, qui couvrent la quasi-totalité des frais de transport, d’hébergement et de repas, disposent d’un budget total de près de 7 millions de dollars, dont la majorité provient des trois paliers de gouvernement. Une ou plusieurs courses féminines devraient être présentées à des jours différents en raison de l’ensoleillement à cette période de l’année au Québec.

« Ces équipes ont-elles les moyens de venir ici à leurs frais et de payer tous les frais d’hôtel, comme c’est le cas en Europe, où elles ne disposent que d’une allocation ? Je ne le pense pas, explique Arsenault. Il faudrait donc une solide volonté politique pour pouvoir réaliser quelque chose de grandiose, y compris la télédiffusion. »

Le public serait probablement plus restreint que celui des hommes, ajoute-t-il en enfilant « des gants blancs » : « Le retour sur investissement ne peut pas être vu de la même manière que pour le sport masculin. Il faut comprendre que c’est un investissement que nous faisons pour développer le sport chez les jeunes femmes et c’est sur cela que nous devons vraiment nous concentrer. »

Selon l’organisateur, un engagement des pouvoirs publics sur trois ans serait nécessaire. Il indique avoir eu « quelques discussions informelles » à ce sujet avec le maire Bruno Marchand, qui aurait fait preuve d’une ouverture à accueillir les deux événements dans la région de Québec.

Il n’y a pas eu de réunion sérieuse ou officielle. Je dirais que c’est une volonté commune que nous partageons avec le maire. On regarde tous les deux nos Québécois jouer et on se dit : mon Dieu, ce serait intéressant. […] Eh bien, il faut consulter d’autres pouvoirs publics pour voir si cela correspond à leurs objectifs.

Sébastien Arsenault, PDG de GPCQM

Après le démarchage réalisé pour financer l’organisation des Mondiaux sur route en 2026, Sébastien Arsenault n’est pas prêt « à reprendre le bâton de pèlerin » pour les compétitions féminines du WorldTour. « Il faut que ce soit une volonté politique qui part carrément d’en haut », insiste celui qui est également à la tête du marathon Beneva Montréal.

Ne sautez pas d’étapes

Montréal a déjà connu une sorte d’âge d’or du cyclisme féminin. De 1998 à 2009, une Coupe du monde a attiré des milliers de spectateurs à Mont-Royal, avant même le début de la rivalité entre Lyne Bessette et Geneviève Jeanson. Karol-Ann Canuel a participé aux trois dernières éditions — ainsi qu’aux Tours du Grand Montréal et de l’Île-du-Prince-Édouard, qui se sont ajoutés. Cette expérience a servi de tremplin à une longue carrière internationale qui s’est conclue en 2021 par deux Jeux Olympiques et 11 participations aux Championnats du Monde.

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PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Geneviève Jeanson (en bleu) et Lyne Bessette lors de la Coupe du monde de cyclisme féminin à Montréal en 2002

Lorsque les organisateurs du Tour de Gatineau, où elle a aussi vécu de grands moments, ont jeté l’éponge en 2022 après trois annulations en raison de la pandémie, elle a levé la main pour prendre la relève à titre de directrice générale.

«Je n’avais aucune expérience, mais pour moi, c’était trop important de le faire revenir pour donner cette opportunité aux jeunes athlètes de pouvoir courir au niveau international, chez moi», raconte Canuel, qui vient de mener un projet avec des coureurs juniors. pour Cyclisme Canada en Europe.

Présenté pour la première fois en septembre dernier, l’événement est composé de deux courses distinctes sanctionnées UCI 1.1 (deuxième catégorie) : le Chrono féminin de Gatineau et le Tour de Gatineau, en plus d’un critérium de niveau provincial. Une équipe WorldTour a confirmé sa participation à l’automne prochain.

Canuel rêve que la compétition obtienne une licence WorldTour d’ici trois à cinq ans, mais elle ne veut pas « sauter des étapes ».

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PHOTO TIM DE WAELE, ARCHIVES PRESSE ASSOCIÉES

Karol-Ann Canuel aux Jeux olympiques de Tokyo 2021

« L’avantage d’avoir un 1.1, c’est qu’on a droit à sept équipes WorldTour, des équipes continentales, mais aussi des clubs. [non licenciés par l’Union cycliste internationale]. Cela a beaucoup de valeur pour ceux qui débutent, qui veulent toucher le peloton international, sans forcément avoir la chance de venir en Europe. Cela ouvre ces possibilités. »

Karol-Ann Canuel soutient « à 100 % » l’idée de Grands Prix de cyclisme féminin à Québec ou à Montréal, d’autant que les équipes auraient intérêt à prolonger leur séjour pour s’aligner à Gatineau. En même temps, une réplique exacte du calendrier masculin n’est pas indispensable à ses yeux. « Nous avons cet événement unique pour les femmes que nous pouvons également contribuer à développer. »

Olivia Baril estime aussi que l’existence de compétitions exclusivement féminines – comme le Trofeo Alfredo Binda, où elle a terminé septième à la mi-mars en Italie – reste quelque chose de « cool ». Elle croit néanmoins qu’il est grand temps que les classiques québécois s’enrichissent d’une section destinée aux femmes.

Le cyclisme féminin évolue très rapidement. De plus en plus d’équipes ont une équipe masculine et une équipe féminine. Et de plus en plus de courses proposent une version masculine et féminine. C’est le bon moment pour Québec et Montréal d’avoir aussi une édition pour les femmes.

Olivia Baril, de l’équipe espagnole Movista

En attendant, le cycliste de 26 ans « pense presque tous les jours aux Championnats du monde de Montréal »…

 
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