vivre du rugby, pour les femmes ce n’est pas encore gagné

vivre du rugby, pour les femmes ce n’est pas encore gagné
Descriptive text here

Aattirant les foules, le XV de France féminin commence à s’y habituer. Mais si les Bleus s’apprêtent à recevoir l’Angleterre devant plus de 25 000 spectateurs pour déterminer le vainqueur du Tournoi des Six Nations 2024, ils restent des exceptions dans le monde du rugby féminin et sont encore loin des standards de l’équipe de France masculine.

Malgré leurs bonnes performances sur la scène internationale, l’histoire entre le rugby français et féminin met du temps à décoller. Déjà au niveau amateur, avec seulement 13% de licenciées sur tout le territoire, mais aussi au plus haut niveau national avec un championnat de France à deux vitesses qui se structure sans sauter d’étapes.

Pilier des Lionnes du Stade Bordelais et titulaire du poste en équipe de France, Assia Khalfaoui abonde dans le même sens : « Il y a beaucoup de joueuses qui travaillent à côté ou même qui étudient encore. Il n’y a aucun professionnalisme dans le club, c’est la grande différence avec les hommes. » A 23 ans, elle poursuit ses études en économie sociale et familiale, mais est avant tout internationale et bénéficie donc d’avantages dont ne disposent pas la majorité des acteurs.

Un championnat à deux vitesses

« Nous sommes professionnels à 75 % grâce à un contrat fédéral avec la FFR (avec un salaire de 3 500 € en moyenne, NDLR). Il nous reste 25% des termes restants du contrat pour travailler à côté et poursuivre nos études. » Mais pour la plupart des joueurs, le quotidien n’est pas simple et pour beaucoup d’entre eux, le rugby, même au plus haut niveau français, reste juste un hobby.

Alors les clubs s’adaptent : « On a la chance de s’entraîner assez tard le soir donc il n’y a pas de problèmes. Mais parfois, on en fait dans la journée et puis on sait que toutes les filles ne seront pas là. » Ces différences de rythme de vie se reflètent une fois sur le terrain : « On sent parfois la différence sur le terrain, avec certaines filles qui ont vécu des journées plus difficiles que d’autres. Les performances sont parfois impactées car ils sont fatigués physiquement mais aussi mentalement », assure le premier ligne.

Aujourd’hui, la première division française du rugby féminin, l’Élite 1, pourrait être comparée à la Nationale 2 ou à la Fédérale 1 chez les hommes. Hormis ceux sous contrat avec la FFR, les joueurs ne perçoivent pas de salaire mais uniquement des primes de match et doivent concilier la pratique du rugby avec la vie professionnelle. « Les filles qui sont encore étudiantes peuvent avoir du mal à joindre les deux bouts. C’est là que le club peut intervenir avec une aide au logement ou aux courses… »

Séduire le public

Car contrairement au championnat anglais, professionnel depuis 2017, l’Elite 1 reste 100% amateur. Avant de devenir un Top 10 l’an prochain, la première division française était composée de deux groupes de six clubs. Un format peu propice à la compétitivité, comme l’explique Assia Khalfaoui : « Notre modèle est encore en construction et nous devons parvenir à une stabilité pour permettre à certaines équipes de se développer. Elite 1 est encore beaucoup trop hétérogène. On ne trouve que quatre ou cinq équipes qui nous permettent d’avoir une forte opposition, mais cela ne fait qu’une poignée de matchs intéressants à jouer ou à regarder. »

Faute d’intérêt et de visibilité, le championnat peine à se développer économiquement et à attirer le public. Première avancée, TF1 a acquis les droits de la Coupe du monde 2025 après la diffusion de l’édition 2022. Si des discussions sont en cours entre la LNR et la FFR pour pallier le manque de visibilité du rugby féminin, Élite 1 n’est toujours pas accessible à la télévision, freinant son expansion.

Pourtant, avant la réception des Roses Rouges à Bordeaux, la billetterie du stade UBB est prise d’assaut. Près de 25 000 personnes sont attendues. Le précédent record de spectateurs pour un match de rugby féminin en France avait culminé à 18 604 visiteurs à Grenoble, pour un France – Pays de Galles l’année dernière. Petit à petit, le rugby féminin gagne du terrain et attire de plus en plus de curieux. Ce succès est certes moins remarquable que celui de nos homologues britanniques, mais il a le mérite de faire rougir les autres nations du circuit international.

Pour atteindre un nouveau niveau, réaliser le Grand Chelem et battre les invincibles Anglais “serait un vrai tremplin, un peu comme les garçons car quand on gagne des titres, forcément on parle de toi”, prédit Assia Khalfaoui.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Cardone intimide Jasmine et un nouveau professeur arrive à l’Institut (Résumé avancé de l’épisode 921 + Vidéo)
NEXT Résultats du repêchage de la LCF 2024 – Kevin Mital avec les Argonauts