« Avec mon père, nous avions un abonnement au dernier étage de la Tribune 3 à Sclessin »

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Oui peut-être. Ensuite, son arrivée a été importante pour l’équipe, tout autant que son apport lors de cette seconde partie de saison. Elle n’a jamais été un problème pour moi. Islam est un grand joueur et il a eu une très bonne carrière. Je le respecte et j’ai beaucoup à apprendre aussi, sans parler de compétition car je ne vois pas des choses comme ça. Tant qu’on n’a pas le même profil, on pourrait être compatibles.

Cette blessure, qui a été un petit revers, est un peu à l’image de votre parcours, un peu compliqué, chaotique en tout cas ?

Je n’ai jamais eu ça facile. Mais c’est ce qui fait de moi la personne et le joueur que je suis aujourd’hui. Quand ils me voient sur le terrain, beaucoup disent que je suis un chien, un combattant, mais c’est normal. J’ai toujours dû travailler pour obtenir ce que j’ai et je vais continuer à le faire. La vie est ainsi : si vous travaillez, vous êtes toujours récompensé. J’ai aussi le sentiment d’avoir grandi plus vite que les autres, de devoir quitter la maison très tôt, à 11 ans pour aller en internat à Charleroi, puis à Eupen et à 15 ans pour finir à Caen, à 600 kilomètres de chez moi. Cela m’a renforcé mentalement. A chacun son propre parcours !

Vous venez de parler de Charleroi, où vous avez joué après une première expérience à Virton. Qu’est-ce qui a fait que ça n’a pas fonctionné ?

Comment détermine-t-on, à 11 ans, si un joueur va devenir professionnel ou non ? Le football est si complexe que pour atteindre le sommet, il faut un peu de chance et beaucoup de travail. La force mentale aussi. Je me souviens que papa avait une exemption pour terminer son travail plus tôt, car il devait me transporter au Pays Noir. Être expulsé de Charleroi sous prétexte que j’étais trop fragile, ça m’a fait mal au cœur, pour moi car je n’étais pas particulièrement en dessous, mais plus encore pour mes parents qui devaient se produire, trois fois par an. semaine, trajets entre Tintigny et Charleroi. Mais ce sont les aléas de la vie. Si je n’avais pas été expulsé de Charleroi, je ne serais peut-être pas à Malines aujourd’hui.

C’est à ce moment-là que vous revenez à Bertrix.

Pour un an. Je voulais arrêter le football parce que j’étais tellement dégoûté. Et puis, une question me trottait dans la tête : est-ce que je suis vraiment bon ? A 10 ou 11 ans, il était normal de me poser cette question, après avoir été expulsé coup sur coup de Virton et de Charleroi. Mes parents ont toujours accepté mes choix et ne m’ont jamais dicté les leurs. Alors j’ai tout arrêté pendant deux ou trois mois avant de me replonger. Bertrix, je ne savais pas, mais mon cousin y était entraîneur. Là, j’ai repris goût au football, en m’amusant beaucoup, en me faisant beaucoup d’amis et en marquant une cinquantaine de buts en U13 et U14. J’ai joué en interprovincial, avec des déplacements à Waremme, Elsautoise… J’étais la petite star de l’équipe. Franchement, c’est aussi grâce à Bertrix que je suis là. Ce club m’a permis d’être heureux et de m’épanouir.

Et ça se passe tellement bien que tu finis au Standard…

Un recruteur du Standard m’avait vu au travail à Bertrix et m’avait invité à passer un test de deux ou trois semaines à Liège. Pendant ce temps-là, j’ai fait de bons matchs et j’ai marqué, sans finalement me faire rattraper. Pour des considérations physiques : j’étais certes petit, mais rapide. Disons simplement qu’à leurs yeux, je ne me démarquais pas du lot. J’ai aussi pris un gros coup à la tête, car mon rêve avait toujours été de signer au Standard. Et puis, je pensais vraiment réussir ce test, car les retours étaient toujours positifs. Au retour, un recruteur d’Eupen, présent lors d’un match joué avec le Standard, a appelé mon père pour me proposer de rejoindre le club germanophone, sans même passer un test. Pour lequel j’ai joué deux saisons, avant qu’ils me disent qu’ils voulaient me garder mais qu’ils ne savaient pas si j’allais jouer. J’ai donc préféré partir et quitter l’internat où ça ne s’était pas bien passé de toute façon.

Une fois de plus. Une fois de trop ?

Clairement oui. Là, le football était définitivement terminé pour moi. Je me suis dit que j’allais aller travailler comme tout le monde, gagner mon argent et me débrouiller seule. Je me suis inscrit dans une école de mécanique, à Izel près de Florenville, près de chez moi. Je fais partie d’une famille itinérante et comme mes cousins, j’avais une réelle passion pour tout ce qui touche à l’automobile et à la mécanique. Alors je me suis rendu là-bas.

Sans aller au bout…

Via Instagram, un de mes cousins, qui se sentait mal pour moi, a pris contact avec un joueur de D4 anglais, qui l’a lui-même mis en contact avec un ancien joueur caennais, qui lançait sa carrière d’agent. Parce qu’il connaissait le coach en place à Caen, il m’a fait passer un test là-bas, ce que j’ai fait en me disant que c’était ma toute dernière chance. Je n’ai jamais été aussi énervé. Pendant les séances de jogging, les gens se demandaient pourquoi je poussais les autres à avancer. J’étais un chien sur le terrain, où tout s’est tellement bien passé que Caen a décidé de me proposer un contrat. J’étais loin de chez moi mais ce n’était que du bonheur. Nous avons vécu une belle épopée en Coupe Gambardella, où j’ai terminé meilleur buteur, avant de pouvoir faire mes premiers pas professionnels à l’âge de 16 ans.

Vous vous retrouvez à Caen, c’était peut-être aussi une manière de rompre avec le football belge qui ne vous faisait pas confiance…

Ce qui est sûr, c’est que sans Caen, personne ne serait venu me chercher. Cependant, mes luttes ont continué. Quand j’ai signé en Normandie, après deux mois d’essais, on m’a dit que je n’y arriverais pas, sous prétexte que je n’avais pas encore 16 ans ; On m’a donc gentiment demandé de revenir en janvier. Mais qu’allais-je faire pendant six mois ? Je me suis entraîné avec Longlier, en Provinciale 1 et j’ai joué quelques matchs amicaux, contre Bercheux, une équipe luxembourgeoise P2, notamment. Pendant six mois, je ne suis pas allé à l’école, j’ai suivi des cours à distance depuis la France. C’est fou, c’était il y a seulement trois ans et demi, quatre ans…

Si cette aventure a été la plus importante pour vous, est-ce parce que vous avez eu le sentiment de bénéficier d’une reconnaissance dont vous aviez besoin et que vous n’aviez pas obtenue ailleurs ?

En arrivant en France, j’ai réussi à me faire un nom auprès des jeunes, grâce à mes objectifs. J’étais quelqu’un d’important et je me sentais important. J’en ai toujours eu besoin pour bien fonctionner, et c’est encore le cas aujourd’hui. Je n’ai pas besoin qu’on dise que je suis aimé, mais que je suis important pour l’équipe et le club. C’est ce qu’a fait Besnik Hasi, que je ne remercierai jamais assez, en me disant qu’il croyait en moi.

Pourquoi avoir quitté Caen et la Ligue 2 l’été dernier ?

J’étais dans une situation délicate. J’ai joué, mais je n’étais plus titulaire. J’avais besoin de recharger mes batteries. Le FC Bruges m’a proposé de rejoindre sa deuxième équipe professionnelle, mais Malines était l’option la plus concrète. J’ai directement ressenti, à travers les propos de Tim Matthijs, son directeur sportif, une réelle envie de la KaVé de m’avoir. Alors je n’ai pas hésité une seule seconde. Si un jour je vais loin, ce que j’espère, ce sera grâce à Malines.

Vous êtes prêté à Malines. Et après ?

Je n’en ai jamais parlé jusqu’à présent, mais voilà : j’espère vraiment que Malines lèvera l’option d’achat. Je sais que l’entraîneur veut que je reste. C’est aussi mon désir. J’ai trouvé un club qui me convient bien, avec un douzième homme extraordinaire. J’en ai besoin, car je joue beaucoup avec. Mon autre envie est de gagner le plus de matches possible avec Malines et de marquer beaucoup de buts car c’est tout ce à quoi je pense.

Vous en avez inscrit quatre depuis votre arrivée à Malines. Lequel avez-vous le plus aimé ?

Celui qui a le goût le plus particulier est celui signé contre le Standard, car c’était mon premier à domicile et c’était contre le Standard, le club que j’ai toujours regardé à la télévision et dont j’étais supporter. Quand on vient de la province de Luxembourg, le Standard est le club le plus proche géographiquement. Il y a de nombreux bus qui partent pour Sclessin toutes les deux semaines. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à aimer le football. J’allais voir les matchs au stade avec mon père. Nous avions un abonnement au dernier étage de la Tribune 3. C’était à l’époque de Roland Duchâtelet. Mais aujourd’hui, je suis supporter de Malines et pleinement derrière mon club.

 
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