attaque, cyberattaque, chute de stand… Comment les autorités ont simulé des scénarios catastrophe pour les éviter pendant les Jeux

attaque, cyberattaque, chute de stand… Comment les autorités ont simulé des scénarios catastrophe pour les éviter pendant les Jeux
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“Nous avons prévu l’inattendu.” La déclaration de Gérald Darmanin devant la commission des lois du Sénat, début mars, résume l’ampleur des enjeux sécuritaires autour des Jeux olympiques de Paris 2024, dont les préparatifs touchent à leur fin : il reste, jeudi 18 avril, moins de 100 jours avant leur ouverture le 26 juillet. La France, comme tous les pays hôtes, doit anticiper toutes les menaces qui pourraient gâcher la fête, y compris celles auxquelles personne n’avait pensé.

Les autorités craignent bien entendu des incidents survenant directement lors des compétitions ou de la cérémonie d’ouverture. Mais aussi des problèmes concomitants, a expliqué le ministre de l’Intérieur au Sénat, comme « une crise migratoire, des méga-incendies, des attaques terroristes » n’affectant pas directement les sites olympiques, mais qui mettrait la pression sur le vaste système mis en place pour sécuriser les Jeux. C’est pourquoi de nombreuses configurations ont été simulées au cours de la dernière année dans le cadre de événements de testexercices de crise.

Si ces scénarios ont déjà été pratiqués à d’autres occasions, le pays tout entier est passé en mode « gestion de crise » à l’approche des Jeux. Un événement d’une ampleur inédite, que Pierre Rabadan, l’homme JO de la Ville de Paris, résume ainsi : “Trente-deux championnats du monde en deux semaines dans la même zone géographique.” Au total, une centaine de tests ont été réalisés, allant du simple exercice sur table à une mise en scène grandeur nature, évalue le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), chargé de piloter la majorité de ces entraînements. .

Pour construire l’intrigue de ces exercices, il a fallu combiner la culture du risque française et celle importée par le Comité d’organisation olympique (CIO), qui arrive avec ses propres « diagramme de contingence » hérité des éditions précédentes, explique la Délégation interministérielle aux Jeux olympiques et paralympiques (Dijop). Attaques aux Jeux de Munich (1972) et d’Atlanta (1996), manifestations autour des Jeux de Pékin (2008), pandémie mondiale lors de la compétition de Tokyo (2021)… Les précédents ne manquent pas. La France n’est pas en reste, avec son contexte intérieur propre, marqué par une menace terroriste élevée, la possibilité de mouvements sociaux de grande ampleur et un risque croissant de cyberattaques. La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) explique avoir mis en place un Centre de renseignement olympique afin d’identifier et de cartographier tous les risques et menaces pesant sur les Jeux.

A partir de ces éléments, les différents partenaires (Paris 2024, le ministère de l’Intérieur, la préfecture de police de Paris, la Mairie de Paris, les préfectures, les parquets, mais aussi les secours et les transporteurs) se sont mis autour de la table pour « prétendre”. Des exercices de simulation de crises majeures ont été organisés sur plusieurs sites franciliens, où se dérouleront la plupart des événements. Début décembre, les acteurs ont simulé pendant 48 heures un scénario cauchemardesque censé se dérouler le jour de la cérémonie d’ouverture et le lendemain : une cyberattaque qui paralyse les transports en pleine canicule, tandis que des manifestations perturbent la circulation.

Le second tour doit avoir lieu les 15 et 16 mai, avec, là encore, « divers incidents pour tester toute la chaîne opérationnelle »dont « épidémies d’origine alimentaire », explique Didier Talbot, membre du bureau de préparation de l’État aux crises du SGDSN. Environ 600 “joueurs” participera. “Nous démarrons le chronomètre à 8 heures. Seuls les organisateurs connaissent le scénario.il explique.

« Nous essayons de nous préparer à toutes les éventualités et d’être efficaces dans la coordination et la circulation de l’information. Cela reflète le côté exceptionnel de l’événement, le plus grand que nous ayons jamais organisé.

Pierre Rabadan, adjoint à la Ville de Paris chargé des Jeux

sur franceinfo

Selon nos informations, la Direction générale des étrangers a imaginé, lors d’un exercice de simulation, l’arrivée d’un bateau de migrants dans une zone où passe la flamme. Début avril, une attaque aérienne a été simulée du centre de commandement de la préfecture de police de Paris. Ce dernier a également mis en scène, au printemps dernier, un accident au Parc des Princes lors d’un match de football des Jeux. A la même période, un attentat terroriste était simulé au Stade de France, et un effondrement des tribunes était reproduit dans la Paris La Défense Arena, à Nanterre (Hauts-de-Seine), qui accueillera la piscine olympique. A l’automne, Roland-Garros a été le théâtre d’une fausse attaque chimique.

Comme les Jeux se déroulent dans tout le pays, les entraînements se déroulent également loin de Paris. La SNCF a ainsi orchestré le faux déraillement d’un train en pleine nuit à Nantes, fin mars, avec près de 400 participants et figurants. Dans le Rhône, la police et les secours ont mimé une intervention lors d’une tuerie de masse au stade Décines-Charpieu, près de Lyon, qui accueillera onze matches de football cet été. “C’est toute la chaîne qui est testée, depuis l’arrestation des auteurs jusqu’à l’information du public”détaille la préfecture du département, précisant que les riverains ont reçu une alerte sur leur téléphone afin de les impliquer. « Nous avons beaucoup appris depuis les attentats de 2015note Didier Talbot, du SGDSN. Nous avons développé beaucoup de doctrines d’intervention.

Malgré le sérieux des scénarios, l’expérience peut rester “espiègle” pour “dédramatiser”, confient plusieurs participants. L’objectif est de mettre chaque acteur à l’épreuve en introduisant des détails déstabilisants : circulation de fausses informations, procureur bloqué sur l’autoroute alors qu’il est censé se rendre sur place, accident d’ambulance… Comme le rapporte à l’AFP un participant à l’effondrement simulé d’un camion. stand à la Paris La Défense Arena, “C’est un exercice qui nous met dans des conditions les plus proches possibles de la réalité, qui nous permettent de nous dépasser pour être prêts le jour J, même si on espère que ce jour n’arrive jamais”. A la Délégation Interministérielle aux Jeux, nous vous invitons à ne pas tomber dans la psychose : “Nous ne devons pas imaginer que les douze plaies d’Egypte vont s’abattre sur nous parce que ce sont les Jeux.”

Ces exercices visent avant tout à tester la coordination et la communication entre les nombreux acteurs impliqués, une spécificité française. « Il y a un côté mille-feuille, mais une ingénierie qui n’existe nulle part ailleurs. C’était un défi pour le comité d’organisation [du CIO], ils n’avaient jamais travaillé aussi étroitement avec un État », glisse une Source à Matignon. Après chaque exercice, des feedbacks sont organisés à chaud comme à froid, et chaque participant repart avec ses leçons apprises. « Pour le parquet, c’est l’occasion de rappeler que l’information judiciaire ne suit pas la crise, mais lui est concomitante »illustre une Source judiciaire. « Cela permet d’identifier les trous dans la raquette pour gagner du temps dans la réalité, pour qu’il n’y ait plus qu’à dérouler le plan., explique la porte-parole du ministère de l’Intérieur, Camille Chaize. Et pour qualifier : « Il faut toujours rester flexible. Dans la gestion de crise, on dit qu’il y a ‘le plan, et comment on adapte le plan’.»

« Aujourd’hui, les gros pièges sont dans l’angle mort », convient Patrick Lagadec, directeur de recherche honoraire à Polytechnique, spécialiste de la gestion de crise. Selon lui, la France doit encore développer une « grammaire de la surprise » dans ce domaine. « Il faut se demander : ‘Qu’est-ce qui pourrait être totalement époustouflant ? Cela ne veut pas dire le pire, mais le plus surprenant.il développe, invitant « sortir de la rationalité ».

« La crise, c’est la destruction des références. Sinon, c’est la gestion des urgences.

Patrick Lagadec, spécialiste de la gestion de crise

sur franceinfo

Dans un rapport (Fichier PDF) publiés en avril 2023, l’Institut des hautes études de défense nationale estime que les Jeux peuvent « offrir une opportunité de développer la culture de gestion de crise en France ». « Les connaissances que le pays stockera sont assez monumentales, c’est peu dire cela au vu de tout ce qui a été entrepris », observe-t-on à Matignon. Au sommet de l’Etat, certains espèrent néanmoins que tous ces exercices s’avéreront superflus : « Le professionnel de la gestion de crise est quelqu’un qui travaille beaucoup en espérant que son travail ne lui sera jamais utile. »

 
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