«J’avais des glaçons dans la bouche»

«J’avais des glaçons dans la bouche»
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Lorsque le soleil s’est levé dans la dernière heure de course, les spectateurs rassemblés le long des barrières au sommet du Mur de Huy ont poussé une clameur générale. Ils étaient trempés jusqu’aux os. La pluie et surtout le froid avaient déjà fait leur œuvre. Dès le départ de Charleroi, les coureurs ont dû composer avec des conditions apocalyptiques. Le thermomètre indiquait un douloureux 6-7 degrés et, comme l’expliquait Philippe Gilbert sur Eurosport : «En roulant, la sensation est encore plus froide. Sur la moto, les gars ont dû avoir l’impression que la température était presque négative.

Toute la souffrance se lit sur le visage de Maxim Van Gils. ©JDM
mouette

J’ai un peu foiré mes engrenages car mes doigts étaient gelés.

Certes, certains, comme le Français Vauquelin, 2ème de cette Flèche Wallonne, ont bien géré ces conditions. “Durant le sprint, j’ai un peu raté mes vitesses car mes doigts étaient gelés» dira le coureur d’Arkéa-B&B Hotels. Nous savions à quelles conditions nous attendre. Je m’attendais à ce que ce soit exigeant. J’avais très froid, comme tout le peloton, mais je me suis bien couvert dès le départ.

Seulement 44 coureurs à l’arrivée !

Reste qu’à voir leurs visages fracassés, la plupart des 44 combattants allés au bout de la course faisaient presque peur à voir. Leurs traits étaient tirés et leurs visages portaient les marques de la souffrance. Ils étaient gris, comme si le froid avait eu un impact sur la pigmentation de leur peau. Stephen Williams, le vainqueur inattendu, était si froid qu’il avait du mal à lever les bras pour franchir la ligne d’arrivée.

« C’était tellement difficile ! J’ai juste essayé de répéter les gestes que je fais habituellement en mangeant bien et en restant couvert. En fait, vous faites de votre mieux pour vous échauffer, mais parfois vous n’y parvenez pas.lancera le Britannique.

Ce n’est qu’une demi-heure plus tard qu’il retrouve le sourire et une certaine constance. Il ne sera certainement pas le seul à se souvenir longtemps de cette journée. “C’était épiqueBenoît Cosnefroy (4e) a juste eu la force de dire. Les 80 derniers kilomètres, j’étais gelé. Je ne pensais pas y arriver. Cela faisait longtemps que je n’étais pas dans cet état. J’ai vraiment très froid. C’était l’un des pires jours à vélo, la pluie était très froide, avec parfois de la neige. Une journée que j’ai envie d’oublier vite… »

Le grand favori Tom Pidcock n’a jamais réussi à s’échauffer. ©VKA

Ceux qui étaient là à l’époque se souviendront qu’en 1999, Michele Bartoli avait gagné dans des conditions similaires. Maxim Van Gils n’était pas encore né. Son excellent résultat (3ème) l’a rassuré sur son bon pilotage sous la pluie. Mais ce n’est pas pour ça qu’il aime ça. “Aujourd’hui, nous devions vraiment survivreil l’avouera même au pied du podium. À un moment donné, j’avais l’impression d’avoir des glaçons dans la bouche et le froid me faisait mal aux jambes. Soudain, il y eut de la grêle et même de la neige. C’était terrible.”

“J’ai trop froid, je vais dans un endroit chaud, appelle-moi après la douche”, parviendra à se glisser chez le jeune Romain Grégoire, ancien vainqueur des espoirs de Liège-Bastogne-Liège ou de la Flèche ardennaise. A quelques mètres du Français, le regard hagard alors que son entraîneur tentait de l’échauffer en lui donnant des vêtements secs, Guillaume Martin semblait marquer le coup. “C’était complètement fou, cette fois-làdit le grimpeur de Cofidis. Je crois que ce fut l’une des éditions de la Flèche wallonne les plus dures de l’histoire. Je pensais que ma course allait s’arrêter au premier passage du Mur, car je voulais m’habiller chaudement. Je me suis retrouvé loin, mais j’ai réussi à revenir dans le match, mentalement.

Luca Van Boven l’avait aussi mentalement. Le jeune Belge était bien présent dans le groupe des hommes forts. « J’étais content d’être là, mais, même si d’habitude je résiste bien au froid, j’étais vraiment en mode survie avec ce froid, la tempête et même les grêles !

Johan Meens, son coéquipier de Bingoal WB, est soudainement passé du chaud au froid. De la chaleur des applaudissements de la fuite à la vague de froid qui s’est abattue sur les survivants. « Nous savions qu’il allait pleuvoir, mais pas qu’il ferait si froid » Il murmura. Les commissaires moto se souviendront également de cette journée. « Pour la première fois, après une course, je ne vais pas prendre un Orval mais un bon chocolat chaud »a commenté l’un d’eux…

Mattias Skjelmose porté par un mécanicien

Mattias Skjelmose a vécu un enfer. Le Danois a dû abandonner assez tôt. Les muscles paralysés par le froid, il a même dû être transporté par un mécanicien jusqu’à une voiture. Cette image illustrera pleinement les conditions apocalyptiques d’une Flèche wallonne dantesque.

 
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