La libération des écrivains
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L’écrivain Vincent Almendros, également enseignant, s’adresse au jeune chef du gouvernement, porteur de réformes éducatives d’une époque révolue.
A l’occasion de la Fête du livre de Paris les 12, 13 et 14 avril, nos journalistes cèdent la place aux auteurs pour un numéro exceptionnel et un supplément spécial Québec de 8 pages. Hervé Le Tellier et Dany Laferrière sont les rédacteurs en chef de cette 17e édition du Libé des écrivains. Retrouvez tous les articles ici.
Depuis janvier, j’ai l’impression de remonter vingt ans en arrière. A cette époque, étant jeune professeur, je me rendais à chaque récréation dans la petite salle attenante à la salle des professeurs, où se réunissait le « club des fumeurs de pipe ». C’était un groupe de professeurs gris proches de la retraite, pour la plupart barbus et rougis, qui bavardaient et répétaient, tout en tirant sur leurs doudounes, que “c’était mieux avant”. Contrairement à d’autres collègues en fin de carrière toujours enthousiastes, les membres du club des fumeurs de pipe se plaignaient de la paresse des étudiants, du « collège à taille unique » et rêvaient, Dieu sait pourquoi, d’étudiants en uniforme.
J’avais l’impression que je n’étais pas le bienvenu. Je ne fumais pas la pipe et je viens d’être diplômé de l’IUFM. Si j’osais avouer à l’un d’eux que, pour ma part, redoubler pour un élève en difficulté ne me paraissait pas être une solution efficace, ou que l’hétérogénéité d’une classe me paraissait être une force, II a été confronté à un rire nourri, immédiatement suivi d’une toux rauque. Les voir cracher le