l’essentiel
Originaire de Saint-Côme, l’ancien nageur reconverti au water-polo fut capitaine de l’équipe de France lors de son sacre olympique à Paris en 1924, soit 100 ans seulement avant ceux prévus cet été dans la capitale. Il devient ainsi le premier médaillé d’or aveyronnais.
Avec le sacre des joueurs de polo français, c’est un petit bout d’Aveyron qui s’est hissé au sommet de l’Olympe. En 1924, lors des Jeux de Paris, l’équipe de France de water-polo remporte la médaille d’or en battant, à la surprise générale, la Belgique, grande favorite. Son capitaine Georges Rigal, originaire de Saint-Côme, devient le premier champion olympique aveyronnais. Tel un symbole, ce pionnier incarne à lui seul une partie de l’histoire du département. Le nageur est en réalité issu de la diaspora parisienne, étant né dans la capitale en 1890 d’un père saint-comois. Même si l’on ignore les raisons de l’exode de ce dernier, il n’en reste pas moins qu’il fut l’un des nombreux Aveyronnais à s’installer à Paris à la fin du XIXème siècle.
Selon l’historien Jean-Michel Cosson, dans son ouvrage Ces Aveyronnais qui ont marqué l’HistoireGeorges Rigal fréquentait la piscine de Château-Landon étant enfant. “Je ne me souviens pas à quel âge je suis tombé amoureux de la natation”» a-t-il déclaré au journal Match le 29 mai 1928. «Je pense que dès que j’ai pu comprendre quelque chose, j’ai voulu devenir nageur. Les hommes de la mer avaient une telle influence sur moi ! Pouvoir battre les chiens qui courent si vite sur terre ! Quelle vengeance ! Dès que j’ai été capable d’avoir un testament, j’ai mis mon projet à exécution… »
L’un des meilleurs nageurs français d’avant-guerre
Membre du club de La Libellule, il commence à bâtir sa réputation en devenant l’un des nageurs français les plus marquants du début du XXe siècle. A son actif, le natif de l’Aveyron cumule plusieurs titres et records nationaux. Sa distance de prédilection était le 100 mètres nage libre, dont il fut le premier champion de France, en 1911, et détenteur du meilleur temps français de 1908 à 1917.
Il fut également un précurseur de la technique du crawl en France. Ses performances lui valent l’opportunité de participer aux Jeux Olympiques de Londres (1908), Stockholm (1912) et Anvers (1920). Mais si le nom de Georges Rigal est passé à la postérité, c’est avant tout grâce à ses performances en water-polo. Et particulièrement ceux de 1924. Sacré champion de France avec La Libellule cette année-là, il est alors sélectionné en équipe de France pour participer aux Jeux de Paris.
Dans la piscine des Tourelles (20e), construite pour l’événement, les Tricolores ont réussi l’exploit en décrochant une médaille d’or inattendue. Le seul du water-polo français à ce jour.
Les rois du polo de la piscine avec Johnny Weissmuller
Vainqueurs des Etats-Unis (3-1), des Pays-Bas (6-3) puis de la Suède (4-2), Georges Rigal et ses partenaires battent ensuite la Belgique en finale (3-0), devant 9 000 spectateurs enthousiastes, selon les chroniques de l’époque. De quoi en faire les rois de la piscine, au même titre que Johnny Weissmuller, triple champion olympique des épreuves de natation. L’Américain, qui incarna Tarzan au cinéma quelques années plus tard, fut l’une des personnalités marquantes de cette Olympiade. Tout comme l’escrimeur français Roger Ducret, médaillé dans les trois armes, et l’athlète Paavo Nurmi, le plus illustre des « Finlandais volants », qui a remporté cinq fois l’or, dont un doublé inédit 1 500 mètres-5 000 mètres le même jour. .
Ces exploits d’une autre époque permettent de mesurer le temps écoulé depuis le premier titre olympique de l’Aveyron. A ce jour, seul le Villefranchois Guy Lacombe, sacré chez les footballeurs en 1984, à Los Angeles, a réussi à se hisser à la hauteur de cet illustre aîné sur le toit de l’Olympe.
Publié pour la première fois le 22/07/2023.
