P.Environ cinq mois après l’incarcération de David Dauphars, l’assassin présumé du couple Muller à Izon, l’information judiciaire avance à grands pas. Le juge d’instruction a déjà entendu à plusieurs reprises l’ex-voisin qui a avoué le double assassinat survenu dans la nuit du 14 au 15 décembre 2019. Au fil des interrogatoires et des investigations menées par les gendarmes de la Section de Recherches (SR) de Bordeaux, le profil de David Dauphars, aujourd’hui âgé de 54 ans, se dévoile.
Il explique en novembre 2023, devant le juge d’instruction, avoir eu une liaison amoureuse avec Sylviane Muller. «Des petits bisous sur les joues et sur la bouche depuis septembre 2019», raconte-t-il. « En discutant, en se voyant dans la rue, nous nous sommes rapprochés. » Ce qui n’est absolument pas démontré et relève clairement d’un scénario imaginaire. En revanche, il semblerait désormais qu’il soit obsédé par sa voisine et ses filles Margaux et Natacha. C’est ce qui ressort de l’exploitation par les gendarmes du disque dur et des fichiers de son ordinateur ainsi que de son téléphone portable.
“David Daouphars recherchait des images pouvant correspondre à Sylviane Muller ou à ses filles”, indiquent les enquêteurs dans le procès-verbal, précisant également que l’accusé “est un gros consommateur de contenus pornographiques”.
Fantasmes
Dès 2009, David Daouphars semblait fantasmer sur la mère, alors âgée de 40 ans, et ses filles âgées de 13 et 18 ans. Il aurait surfé sur Internet, tapant dans les moteurs de recherche les termes « plan sexe », « femmes mariées sur Izon », jusqu’à « femme dont le pénis est détruit » y compris « voir seins de 14 ans ». Les enquêteurs ont retenu une vingtaine d’occurrences qui oscillent entre le voyeurisme et le sordide, toutes contenant des images qui permettraient désormais d’établir un lien avec l’introduction d’un babyphone dans le vagin de Madame Muller la nuit des meurtres. . L’expertise psychologique et psychiatrique très attendue dans cette affaire devrait permettre d’éclairer davantage la personnalité complexe du tueur présumé qui a agi avec une violence incroyable.
Jean-Claude et Sylviane Muller.
RD
Cette nuit du 14 au 15 décembre 2019, Jean-Claude Muller, 58 ans, et son épouse Sylviane, 50 ans, ont été assassinés de plusieurs coups de couteau. L’examen médico-légal réalisé sur Jean-Claude Muller révèle qu’il a été tué par une vingtaine de coups de lame, dont une dizaine au niveau du cœur. Son épouse a également été poignardée, notamment à la gorge. Des signes d’un réel acharnement. Les victimes portent des marques sur les bras et les mains, révélant des gestes de légitime défense. Ce couple apparemment sans incident se préparait à fêter Noël en famille. C’est Margaux, la plus jeune fille qui découvrira ses parents baignant dans une mare de sang dimanche 15 décembre.
Plusieurs pistes
Il faudra alors attendre près de quatre ans pour que les enquêteurs mettent un nom sur l’ADN prélevé lors de l’autopsie sous les ongles de Sylviane Muller. Le résultat de l’analyse réalisée par le laboratoire d’hématologie médico-légale de Bordeaux est sans équivoque : l’ADN correspond à celui de l’ex-voisin, David Daouphars, inconnu jusqu’alors de la police et de la justice et par conséquent du Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (FNAEG).
Les enquêteurs avaient jusque-là exploité des pistes multiples, un environnement professionnel et convivial ; a retracé tous les appels téléphoniques du couple Muller pendant plusieurs années et réalisé de nombreux échantillons de salive. Une quinzaine de personnes ont été placées en garde à vue et plus de 550 entendues. En vain.
« Un personnage complexe sur lequel tout semble glisser, sans émotion »
David Daouphars est passé entre les mailles du filet, revenant à une vie normale après avoir accompli l’indicible. Il travaillait beaucoup de nuit, comme préparateur logistique de transport et entretenait de bonnes relations dans le quartier. “Quand nous le croisions, il nous faisait toujours un signe de la main”, raconte un voisin, abasourdi par la nouvelle de son arrestation.
Aucune justification
David Daouphars, qui a passé plusieurs heures dans la maison des époux Muller après les avoir tués de sang-froid, est revenu chez lui à une vingtaine de mètres de là, de l’autre côté de la route. En cours de divorce, il avait une chambre séparée et se couchait vers 5 heures du matin, discrètement.
Personnage complexe, « sur qui tout semble glisser, sans émotion », observe un enquêteur, il n’a pas encore donné de justification à sa folie meurtrière.
