jeIl y a trois ans, leur destin allait être rasé. Début 2025, les halles de Pont-l’Abbé-d’Arnoult, construites en 1905, sont toujours debout et ont retrouvé leur aspect. Une renaissance qui n’aurait pas été possible sans la Mission Stéphane Bern et le Loto du Patrimoine qui les ont choisis en 2021 parmi la centaine de sites sélectionnés dans toute la France pour obtenir une levée de fonds. Le maire de la commune, Alexandre Schneider, est encore surpris. « Ce n’est ni un site enregistré ni classé. » La fortune sourit aux audacieux.
En trois jours, nous avons constitué un dossier de présélection. Et ça a marché !
C’est Amandine Decarli, architecte des bâtiments de France, qui a suggéré l’idée au conseil municipal. En 2020, venez voir l’église du XIIe sièclee siècle à proximité, elle découvre cette pépite patrimoniale en pierre de taille de Crazannes, conçue par l’architecte Georges Naud et à la charpente métallique réalisée par un élève de Gustave Eiffel. L’ancienne halle du marché est alors en danger, fermée depuis 2009 après une chute de pierre. « En trois jours, nous avons constitué un dossier de présélection », se souvient le maire. Et ça a marché ! »
Il n’oubliera certainement jamais ce coup de téléphone de la Fondation du Patrimoine pour lui annoncer la bonne nouvelle. « Nous sommes une petite ville, c’était incroyable. » Evidemment, le marché est un porte-bonheur. Calculé pour un montant de 500 000 euros, le projet de réfection de façade et de toiture coûte moins cher que prévu.
Au total, 384 000 euros auront été nécessaires. 35 % de ce montant a été financé par la Fondation du Patrimoine, un levier qui a incité l’État à son tour à participer à hauteur de 45 %. Les 20 % restants étaient pris en charge par le Département. Une action blanche pour Pont-l’Abbé-d’Arnoult qui comprend qu’elle a vraiment gagné au loto. « Nous n’avons rien payé. Sans tous ces apports, nous aurions dû contracter un emprunt sur plusieurs années. Nous étions heureux d’apposer la plaque avec tous les noms des bailleurs de fonds. »
Un suivi apprécié
Depuis la première édition du Loto du Patrimoine, en 2019, un site par département est sélectionné chaque année. En Charente-Maritime, la Maison de la Gaieté à Chérac, l’église Saint-Pierre de Cozes, les halles de Pont-l’Abbé-d’Arnoult, le château de Villeneuve-la-Comtesse, le château de Montguyon et, récemment, la Redoute de Rivedoux-Plage à l’Île de Ré a remporté la coupe (lire ci-dessous). Parallèlement, la Maison de Pierre Loti à Rochefort est choisie par Stéphane Bern lors du lancement de la Mission Patrimoine comme site majeur.
Inaugurée en grande pompe, l’opération Heritage Loto n’est pas qu’un effet d’annonce. À Pont-l’Abbé-d’Arnoult, on confirme que l’argent a été débloqué dans un délai d’un an et qu’un délégué départemental était présent à chaque réunion de chantier. «Nous avons été très bien accompagnés», se réjouissent Jean-François Douet, premier adjoint au maire, et Benoit Combaud, conseiller du patrimoine.
Transformé en salle communautaire
Les élus mesurent leur chance. Les mandats précédents avaient même frôlé la destruction des halles pour en faire un parking. « Nous sommes soulagés. Les Pontilabiens y sont attachés. » S’il reste encore quelques travaux d’étanchéité, d’électricité et de chauffage à réaliser, le marché redeviendra le cœur battant de la ville, même s’il n’y revient pas. « Les commerçants préfèrent rester sur le parking de la mairie. C’est plus facile pour eux. Nous avons gagné une nouvelle salle communautaire. » Concerts, expositions, manifestations culturelles, location… Sur ces 260 m² libérés des étals de pierre, tout devient possible.
Cerise sur le gâteau, Stéphane Bern lui-même a promis d’être présent lors de l’inauguration qui aura lieu avant l’été (la cérémonie marquant la fin de la première phase des travaux a eu lieu en septembre 2024). Le maire pourra témoigner du succès du Loto du Patrimoine. « J’ai joué, j’ai impliqué tout le monde. Je n’ai pas gagné le jackpot, mais j’ai gagné de nouvelles salles. »
La Maison de la Gaieté à Chérac
Sélectionnée lors de la première édition du Loto Héritage, elle a renoué avec son passé. Sauvée de la ruine, la Maison de la gaieté a rouvert ses portes le 12 septembre 2024 sur la commune de Chérac. Les efforts privés et publics se sont conjugués pour sauver ce café-cabaret. Le projet de restauration, entrepris en 2022, a coûté 1,60 million d’euros, dont 652’000 euros apportés par la Mission de Berne, le Département, la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) et la Communauté urbaine de Saintes. Il manque encore 200 000 à 300 000 euros pour rendre opérationnelle l’ancienne salle de bal. Un appel aux dons est lancé.
L’église Saint-Pierre de Cozes
-Sélectionnée en 2020, l’église Saint-Pierre de Cozes a été frappée par l’épidémie de Covid-19. Son travail est encore loin d’être terminé. Ils ont véritablement commencé en septembre 2024 avec l’arrachage de la végétation, le traitement des mousses et champignons, la purge des joints et le nettoyage des pierres. Cette phase de travaux s’est poursuivie jusqu’à fin décembre 2024. Pour la phase optionnelle (partie basse de l’église), la toiture de la nef sera partiellement remplacée à partir de mai prochain. De nombreux travaux resteront encore à réaliser courant 2025, notamment la reconstruction des vitraux de l’église qui devrait avoir lieu au cours du second semestre.
Le château de Villeneuve-la-Comtesse
Le château médiéval de Villeneuve-la-Comtesse a été sélectionné par la Mission Berne en 2022. Ses remparts, en péril, bénéficient d’un financement du Loto du Patrimoine. Malgré un entretien régulier, la végétation a pris le dessus. Le rempart oriental est particulièrement fragilisé. Deux ans plus tard, les travaux n’ont toujours pas commencé. La faute, non pas à la Fondation du Patrimoine, mais aux artisans avec lesquels les propriétaires ont connu des déboires. La lumière est au bout du tunnel. Les travaux de rénovation devraient débuter début 2025.
Château de Montguyon
Construit sur un éperon rocheux, le château protège la ville de Montguyon depuis près d’un millénaire. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’une ruine, mais il porte encore les traces de son prestigieux passé défensif. En septembre 2023, il est sélectionné par le Loto Héritage. La première phase des travaux de restauration concerne la sécurisation d’une partie des remparts côté sud, ce qui représente un risque de glissement de terrain. Parallèlement, il faudra renforcer la base du remblai de la tour ronde sur la partie nord. Les trois autres phases concerneront l’aménagement du château lui-même, depuis la consolidation et la rénovation des différentes salles jusqu’à l’aménagement d’un circuit touristique complet, intérieur et extérieur. Les travaux débuteront début 2025.
La redoute Rivedoux-Plage
Le fort du 17ème sièclee siècle, mesurant 45 mètres de côté, flanqué de deux ailes, fut construit en 1674 au sud de l’île de Ré pour faire face à la menace de la flotte anglaise. La redoute fait partie des 100 sites historiques français sélectionnés en 2024. Propriété de la commune de Rivedoux-Plage depuis 2005, elle a été malmenée par le temps. Un mur menace en effet de s’effondrer.