Même si le but était refusé, vous resterez le seul Brestois à avoir envoyé le ballon au fond des filets barcelonais… Est-ce que ça compte encore ?
Sur les stats, non (sourire). Après, dans ma tête, c’est sûr que oui. J’ai bien fini l’action. J’en ai parlé avec Bruno (Grougi) un peu après le match, qui m’a dit : « Je pense que tu as déjà bien fini, c’est une bonne chose. Gardez cela pour plus tard. » Le match qui a suivi (contre Strasbourg) a encore été une réussite pour moi. Cet objectif me fait du bien aussi.
Ce match à Barcelone restera encore un moment dont vous vous souviendrez…
Cela dépendra aussi de la suite de ma carrière. Peut-être qu’un jour j’aurai la chance de jouer en Espagne, voire de rejouer la Ligue des Champions, on ne sait jamais. Mais évidemment, cette saison restera l’une des plus mémorables, car c’était la première année que je jouais en Europe. Il y a déjà eu des buts, de belles choses…
Vous vous êtes également illustré contre Strasbourg avant votre bon départ contre le PSV. Un pic de forme qui arrive à point nommé, alors que les blessures s’accumulent ?
Ces derniers -, c’est vrai que, par rapport à ce que je fais à l’entraînement, je retrouve plus de confiance en moi et devant le but surtout. Mais il n’y a pas que moi, c’est tout le collectif qui retrouve son ADN, cette intensité qui nous avait manqué ces derniers -, et que nous apportent les matches de Ligue des Champions, je pense. Ça reste peut-être un peu plus faible parfois en championnat mais, ce qui compte c’est que derrière ça, on a un collectif qui marche, qui ne boude pas.
Nous nous soutenons également pour les remplacements. Le lendemain d’un match, cela signifie souvent pouvoir se mettre de bonne humeur en arrivant. C’est un peu ce à quoi nous, les remplaçants, nous reconnaissons. Et cela signifie que chaque fois que nous avons besoin de nous, nous sommes là aussi.
On a le sentiment que quoi qu’il arrive, on ne « boude » jamais pour reprendre votre expression…
On sait que certains méritent peut-être plus de jouer que d’autres, et même quand j’ai eu une période de quatre matches sans jouer, même si je me sentais en forme, ça ne veut pas dire que j’ai boudé. Ensuite, nous nous soutenons également pour les remplacements. Le lendemain d’un match, cela signifie souvent pouvoir se mettre de bonne humeur en arrivant. C’est un peu ce à quoi nous, les remplaçants, nous reconnaissons. Et cela signifie que chaque fois que nous avons besoin de nous, nous sommes là aussi.
Diriez-vous que votre état d’esprit est l’une de vos plus grandes forces ?
Je n’ai jamais été une « petite merde ». Je n’ai pas ça en moi. Parfois, peut-être que j’en ai besoin sur certains points, je pense, ou certains moments (sourire). Mais c’est vrai que j’ai toujours été de bonne humeur, dans la joie de vivre. Si je n’ai pas cela, il y a un problème dans ma vie. Cela se reflète sur le terrain, même si la confiance passe aussi par le - de jeu et la stabilité. Et que souvent, en formation, je suis positionné sur plusieurs postes, ce qui ne me permet pas de créer des liens avec certaines personnes… Je m’adapte peut-être un peu trop souvent (sourire)…
On revient sur cette polyvalence qui finit par vous manquer…
C’est l’image que j’ai depuis le Covid, que ce soit à Angers ou à Brest. J’avais regardé avec Michel (Der Zakarian) : j’avais joué dix matches d’affilée en tant que titulaire, mais à six postes différents. Après, j’ai évolué, je me sentais bien physiquement. Ce qui peut être difficile, c’est qu’une fois que vous jouez, la suivante vous êtes remplaçant. Parfois on joue deux à la suite, l’autre on est remplaçant. Alors que passer à autre chose, ça fait du bien.
Avez-vous ce genre de discussions avec Éric Roy?
On en avait parlé en début d’année, lors de la prépa. Il m’a dit qu’il était heureux d’avoir un joueur comme moi qui est toujours de bonne humeur, qui a de belles qualités et qui sait s’adapter à beaucoup de postes. Cela lui permet d’avoir plusieurs labels et de pouvoir m’utiliser à plusieurs reprises. Mais comme je l’ai dit, je sais que j’ai cet instinct de compétition qui fait qu’à partir d’un moment donné, j’aimerais avoir de la compétition et vraiment entrer dans cette compétition.
Nous comprenons que nous sommes vraiment dans une situation très confortable dans notre vie. Vous ne pouvez pas vous lever et dire : « Je ne joue pas assez. » »
Comment éviter de se laisser submerger par la frustration ?
Je peux encore être en colère après un match, mais le lendemain, ce n’est plus le cas. Nous devons revenir au travail. Nous avons beaucoup de matches cette année. L’année sera longue. Là, on commence à voir que ça commence à tirer un peu sur certains organismes. Nous savons que nous aurons tous notre - de jeu, quoi qu’il arrive, à un moment donné. Au moins jusqu’en février. Après, nous verrons ce qui se passe. Nous devons tous tirer dans la même direction pour ne pas créer de problèmes au sein du groupe. Pour avancer et être le plus efficace, que ce soit en championnat ou en Ligue des Champions.
Avez-vous toujours eu cette perspective, cette sagesse, ou est-elle apparue en mesurant la chance d’être là où vous êtes ?
Depuis que j’ai signé pro, je réalise certainement la chance que j’ai. J’ai un frère qui n’a pas pu signer pro, qui a eu des problèmes de santé l’année dernière. Alors, à chaque fois, nous pensons différemment. Parfois, on prend un petit coup derrière la tête, mais ça nous fait grandir. Nous comprenons que nous sommes vraiment dans une situation très confortable dans notre vie. Vous ne pouvez pas vous lever et dire : « Je ne joue pas assez. » » Non, va à l’entraînement, travaille, montre que tu peux être décisif comme les autres. Et quand vous en avez l’occasion, saisissez-la.