Tous les Noirs. “Il faut savoir se réinventer”, estime Louis Bielle-Biarrey, l’ailier supersonique de l’UBB

Tous les Noirs. “Il faut savoir se réinventer”, estime Louis Bielle-Biarrey, l’ailier supersonique de l’UBB
Tous les Noirs. “Il faut savoir se réinventer”, estime Louis Bielle-Biarrey, l’ailier supersonique de l’UBB

Vous êtes souvent présenté comme un phénomène. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

J’ai commencé assez jeune, c’est peut-être pour ça qu’on dit ça (sourire). Tout s’est passé très vite pour moi. Mais je n’accorde pas beaucoup d’importance à ce mot.

Malgré tout, n’avez-vous pas franchi un cap cette saison ?

Nous sommes bien dans le début de saison à l’UBB. Individuellement et collectivement, puisque nous sommes en haut du tableau. J’ai marqué, mais j’ai surtout pris beaucoup de plaisir. Je ne pense pas avoir révolutionné un domaine particulier de mon jeu depuis le redémarrage. Mais en mettant le tout ensemble, ça semble de mieux en mieux.

“Je pense que je serai meilleur comme ailier : au niveau international, c’est là que je serai le plus performant”

Vous êtes installé sur l’aile, mais vous pouvez jouer à l’arrière et c’est à l’ouverture que vous avez été formé. Que vous apporte cette palette ?

Les positions d’ailier et de latéral sont similaires dans le jeu actuel à Bordeaux : on a beaucoup de liberté, on a le droit de prendre des initiatives. C’est dans les phases statiques que cela évolue par rapport au placement. En tant qu’arrière latéral, vous avez davantage de responsabilités dans la gestion du jeu et l’organisation du champ arrière. Je pense que c’est un poste où il faut être plus managérial. Les deux postes sont complémentaires.

Dans quel poste vous sentez-vous le mieux ?

Je pense que je suis meilleur en tant qu’ailier. Au niveau international, c’est en tout cas là que je réussirai le plus. Pour jouer en défense, avec les responsabilités que cela demande, j’ai besoin d’acquérir de l’expérience. De ce côté-là, jouer sur l’aile dans des matches de très haut niveau va m’aider à être performant en défense. Il me faut un peu de temps pour être un meilleur gardien.

Qu’est-ce qui vous plaît dans le poste d’ailier ?

Terminez les clichés. On touche moins de ballons, mais ils sont très bons. C’est avec grand plaisir que je récompense le travail de l’équipe.

Est-ce une obsession du score ?

Franchement non. Je pense que je fais partie des ailiers altruistes. En tout cas, je ne me fixe aucun objectif en termes de tests. Ce n’est pas ce qui me motive. Je sais que je peux faire un très bon match sans marquer. Et à l’inverse, je peux être catastrophique et marquer deux essais parce que quelqu’un m’a fait les deux bonnes passes.

N’avons-nous pas besoin d’une détermination supplémentaire pour marquer ?

Oui. C’est vrai qu’on a besoin de ça sur l’aile. Quand je suis passé de l’arrière à l’aile, vers 18 ou 19 ans, je n’avais pas cette mentalité de finir les tirs à 100 %.

En équipe de comme à Bordeaux, on vous pousse à rezoner. Qu’est-ce que ça vous demande ?

C’est une question de lecture. Le raisonnement est assez simple. Quand il n’y a pas d’espace devant nous, c’est qu’il est ailleurs. Il faut donc aller le chercher. Cela demande de lire les défenses, de faire des efforts. Parce que courir d’une aile à l’autre demande de courir un peu (sourire)… On nous laisse beaucoup de liberté dans les plans de jeu. Si nous restons sur notre aile, nous ne sommes pas à notre place.


Louis Bielle-Biarrey a inscrit deux nouveaux essais contre le Japon.

ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

“Je m’assure de m’imprégner de tout ce que je vois et de l’utiliser pour l’avenir”

Yannick Bru, votre manager à l’UBB, explique que si le poste d’ailier est votre priorité, c’est en prévision de l’équipe de France. L’abordez-vous de cette façon ?

Oui. J’ai des objectifs à moyen et court terme. Si je joue plus en défense à Bordeaux, je serai moins bon sur l’aile. Mais je ne pense pas non plus qu’en équipe de France je sois une priorité derrière. Pour moi, c’est important de travailler sur ce poste. Mais je travaille aussi beaucoup au poste d’arrière puisqu’il y a désormais beaucoup de 6-2 (sur le banc, NDLR). Il est important de pouvoir occuper deux postes.

Noel McNamara, responsable de l’attaque de l’UBB, affirme que vous avez progressé au contact de Damian Penaud. En quoi ?

Damian a cette capacité à être dans le bon espace. Il lit très bien les défenses et l’équilibre des pouvoirs. Je regarde beaucoup ses mouvements sur le terrain. Ce n’est pas pour rien qu’il marque beaucoup d’essais, il est souvent au bon endroit au bon moment. Il marque aussi beaucoup. Ce qui montre qu’il est toujours dans la bonne zone et pas forcément juste sur son aile. C’est fort, j’essaie de m’en inspirer.

Vos coachs disent généralement que vous vous fixez des objectifs très élevés. Quelle place cela prend-il dans votre quotidien ?

Cela demande d’être exigeant envers soi-même. Sur et en dehors du terrain. Cela nécessite évidemment d’avoir une bonne hygiène de vie, sinon, on le paie forcément tôt ou tard. Sur le terrain, cela signifie faire des extras, rester plus longtemps. Mais c’est aussi être à l’écoute de son corps. Si vous ne vous entraînez pas assez intelligemment, vous ne pourrez pas être bon le week-end.

Vous avez joué une Coupe du , un Tournoi des Six Nations et maintenant une tournée. Cela a-t-il agi comme un accélérateur de maturité ?

Tout est allé très très vite depuis mes débuts en tant que professionnel. J’entretiens une certaine forme d’insouciance. Mais j’essaie de m’assurer d’absorber tout ce que je vis pour l’utiliser pour l’avenir. J’ai joué plusieurs tournois avec les moins de 20 ans, un tournoi et une Coupe du monde avec le XV de France, des phases finales avec l’UBB. Tout cela permet d’acquérir de l’expérience.

« Il faut savoir travailler autre chose. On ne peut pas être le même joueur à 18 et 35 ans.

Vous sentez-vous scruté maintenant ?

L’élément de surprise entre en jeu dès le début. Mais c’est sûr qu’au bout d’un moment, les gens nous connaissent. Il faut savoir se réinventer, travailler sur autre chose. On ne peut pas être le même joueur à 18 et 35 ans. C’est pour ça que je réfléchis à développer le poste d’arrière ou mon leadership.

Noel McNamara dit à juste titre que vous progressez en matière de leadership. Est-ce que vous avez le goût de ça ?

C’est une demande du staff, je suis d’accord avec elle. Mais j’aime prendre mon temps, ne pas m’imposer. Ce n’est pas parce que j’ai disputé une Coupe du Monde et un Tournoi que je dois donner mon avis sans discernement. Je ne me mets pas trop de pression à ce sujet. Mais je dois donner ma vision du jeu quand elle est légitime. Pour motiver les gars, il y a des gens mieux adaptés que moi.

Alors vous voulez influencer les choix de jeu ?

A Bordeaux, il y a un groupe d’attaque et un autre de défense. Je suis dans la seconde. Max (Lucu), Matthieu (Jalibert) et Romain Buros parlent pour l’attaque. Mais j’ai la même vision qu’eux : je ne vais donc pas les paraphraser. Comme je suis dans le groupe de défense, on me demande également de prendre la parole. Je le fais à mon rythme, je veux rester fidèle à moi-même. Je ne suis pas quelqu’un qui crie et se laisse emporter par ses émotions.

Votre nom évoque l’attaque. Avez-vous un goût particulier pour la défense ?

Le grand public ne le voit pas forcément, mais les ailiers doivent organiser la ligne défensive, remplacer les gars… J’aime ça. De plus, dans le groupe de défense, nous analysons en profondeur les équipes que nous allons affronter. Cela m’aide dans les matchs à comprendre leur système de jeu. Compte tenu de ma taille, je dois penser les choses différemment.

Responsable de la défense de Bordeaux, Christophe Laussucq dit de vous : « Avec son gabarit de 12 ans un peu frêle, il s’y colle. »

Depuis que je suis petite, j’ai cette image. Mais je m’en fiche (sourire) : j’ai mes qualités. Cela ne m’empêche pas de savoir tacler et faire tomber les gars. Maxime Lucu n’est pas le plus fort du monde. Et pourtant, il réalise 15 à 20 plaquages ​​par match en se jetant.

Affronter les Blacks, c’est la promesse de se retrouver face à de redoutables ailiers…

Depuis que je suis petit, les Blacks sont la meilleure équipe du monde. Même l’histoire. Une France – All Blacks, c’est un rêve. (Will) Jordan, (Caleb) Clarke, (Mark) Telea, ils ont de bons clients. Mais jouer (Chelsin) Kolbe ou (Kurt-Lee) Arendse (les ailiers des Springboks, NDLR), c’est pas mal non plus.

Supersonic Bielle-Biarrey

Éclair. Louis Bielle-Biarrey est l’un des ailiers les plus rapides du Top 14 : le Bordelais a été « flashé » à 37,8 km/h. Plus révélateur encore, car plus en phase avec la réalité d’un sport qui privilégie l’explosivité, il a franchi les 10 mètres en seulement 1’54. Le fruit de dispositions naturelles, évidemment, mais aussi d’un travail soutenu. « Je me mets au défi sur mes chronos. Particulièrement au-delà de 10 mètres et, parfois, à ma vitesse maximale. Je ne veux pas en perdre. « Logique. Pour Louis Bielle-Biarrey, c’est une arme. Mais pas le seul. « Je pense que j’ai d’autres qualités que la vitesse. »

 
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