Le XV de France va retrouver les terrains. Quatre mois après son match contre l’Argentine à Buenos Aires lors de la tournée estivale, l’équipe de France de Rugby retrouve les terrains, samedi 9 novembre, contre le Japon au Stade de France. Ce sera le premier des trois matches de la tournée d’automne, qui les verra ensuite affronter la Nouvelle-Zélande (16 novembre) et l’Argentine (22 novembre), chaque fois à Saint-Denis.
L’occasion pour Fabien Galthié et ses joueurs, touchés par les affaires extra-sportives survenues cet été, de remettre le jeu au centre. L’occasion aussi de dessiner un nouveau cadre, un peu plus d’un an après le Mondial et sept mois après un Six Nations frustrant, terminé à la deuxième place.
« Parler du rugby autrement » après des déboires extra-sportifs
« Il y a eu un avant Mendoza et il y aura un après Mendoza ». En conférence de presse le 29 octobre, le sélectionneur Fabien Galthié a reconnu que l’affaire Jégou-Auradou avait laissé des conséquences au sein du rugby français. La suspension de Melvyn Jaminet après des propos racistes, ainsi que la tragique noyade de Medhi Narjissi, ont aggravé le climat qui pèse sur la FFR depuis plusieurs mois.
De ce fait, un nouveau « cadre de vie » a été présenté aux joueurs afin de prévenir de futurs excès. « C’est à nous d’être exemplaires. Si nous suivons cette ligne de conduite, il ne devrait y avoir aucun problèmea estimé le deuxième ligne toulousain, Thibaud Flament. J’y vois plutôt une opportunité de repartir sur un nouveau pied, de donner un nouvel élan.»
La FFR a annoncé vouloir également modifier son règlement intérieur pour pouvoir procéder à des contrôles d’alcool et de drogue. « Nous voulons parler du rugby autrement »avait pour objectif, en septembre, de vice-président de la Fédération française de rugby (FFR), Jean-Marc Lhermet. Avec le retour d’Antoine Dupont et des cadres, le XV de France a l’occasion de recentrer l’intérêt sur le terrain.
Réintégrer Antoine Dupont après son été de rêve
C’est le retour du demi de mêlée, star de l’été avec le rugby à sept, qui va focaliser l’attention. Le numéro 9 n’a plus porté le maillot bleu depuis… le quart de finale de la Coupe du monde, le 15 octobre 2023, perdu contre l’Afrique du Sud. Absent du Tournoi des Six Nations pour mieux préparer les JO, Antoine Dupont retrouvera ses costumes de titulaire et de capitaine qui manquaient aux Bleus depuis plus d’un an.
Il devrait reprendre là où il s’était arrêté : en tant que leader et dynamiteur du jeu, un segment où le XV de France a souffert en son absence. Sans Nolan Le Garrec, blessé à un genou et remplacé par Baptiste Serin alors qu’il semblait avoir endossé le rôle de numéro 2, c’est Maxime Lucu qui devrait servir de doublure à Toulouse, au moins pour ce match. Reste que derrière Dupont, ces trois matches pourraient servir à confirmer une nouvelle hiérarchie parmi les remplaçants.
Trois matches pour renouer avec la solidité
Après un Six Nations passable, où la France a terminé deuxième malgré une humiliation contre l’Irlande (17-38) et un heureux nul (13-13) contre l’Italie, et une tournée estivale conclue par une défaite à Buenos Aires contre l’Argentine (33-25) dans le cadre de l’affaire Jégou-Auradou, le XV de France doit retrouver ses fondamentaux. Dotés d’une solidité défensive à toute épreuve (ou presque) sous l’ère Galthié, les Français ont, en 2024, ouvert grand les portes. Avec 24,5 points encaissés par match en moyenne cette année (ils en ont encaissé 18,7 en 2023 et 18 en 2022), il s’agit de la pire moyenne depuis l’arrivée du sélectionneur en 2020.
Il faudra donc relever la barre face au Japon, qui avait échoué à cinq points des Français en 2022 (15-20), des Argentins, et des Néo-Zélandais. Les Kiwis sortent d’un championnat de Rugby médiocre (trois victoires et trois défaites) et restent sur deux revers conséquents face aux Français (la plus grosse défaite de leur histoire contre la France en 2021 et la désillusion du match d’ouverture de la Coupe du monde) . Deux victoires françaises acquises au Stade de France, que les coéquipiers d’Antoine Dupont retrouvent pour la première fois depuis le quart de finale du Mondial 2023 contre les Springboks.
Trouver une colonne vertébrale et intégrer des jeunes pour régénérer le groupe
Fabien Galthié devrait encore conserver le squelette de Mars. Parmi les avants, Peato Mauvaka, Thibaud Flament, Grégory Aldritt et François Cros sont incassables, tout comme Antoine Dupont, Thomas Ramos, Damian Penaud et Louis Bielle-Biarrey parmi les arrières.
Mais les absences de l’ancien capitaine Charles Ollivon, même pas dans le groupe contre le Japon, ou de Gaël Fickou, capitaine de la défense et placé sur le banc pour la première fois depuis février 2019, sont là pour rappeler que personne n’est installé. “Il n’y a pas de zone de confort en équipe de France”a rappelé l’entraîneur, jeudi, lors de l’annonce de son équipe contre les Japonais, s’exprimant « d’émulation et de continuité » : “Il y a des joueurs qui poussent la concurrence et entrent dans ce XV de France ou le 23.” Et fixez un cap : « Ce que nous voulons, c’est garder nos meilleurs joueurs qui ont vécu ces cinq années. Mais pour cela, il faut qu’ils puissent se régénérer, qu’ils soient capables de se préparer à continuer de progresser et de ne pas stagner parce qu’ils ont une charge de match, et une charge émotionnelle tellement lourde. »
Sans Fickou ni Jonathan Danty, titulaire au Mondial mais non convoqué, une nouvelle paire de centres officiera : Yoram Moefana et le jeune Emilien Gailleton (trois sélections). En amenant huit novices (pas de sélection en Bleu) parmi les 42 joueurs convoqués (le groupe a été réduit à 23 pour le match), Fabien Galthié procède à sa revue d’effectif.
Sans Ntamack, une charnière à (re)construire
Les difficultés de Romain Ntamack continuent. Le joueur du Stade toulousain, qui n’a plus joué en équipe de France depuis sa blessure en préparation du Mondial 2023, s’est blessé à un mollet mi-octobre, alors qu’il postulait pour reformer la charnière si efficace avec Antoine Dupont. “Nous avons décidé avec Romain de vraiment prendre le temps”, a apaisé Fabien Galthié, estimant qu’il n’y avait pas “pas d’urgence” pour le lui rappeler, sans toutefois le déclarer forfait pour les matches de novembre.
Comme lors de la Coupe du monde et du Tournoi des Six Nations, en son absence, Matthieu Jalibert et Thomas Ramos se disputent la place. Entre le numéro 10 professionnel bordelais et l’arrière polyvalent toulousain, qui occupe ce poste à la formation, Fabien Galthié a choisi le second. « Le niveau de cette charnière est primordialil a décidé. Mais bien sûr Matthieu Jalibert compte pour nous. Il est avec nous depuis cinq ans, il joue avec son club, avec nous.